Jour après jour, les actes antisémites se succèdent en Europe, au Canada, aux Etats-Unis. Étudiants attaqués à l’Université St Paul dans le Michigan, passant blessé à New York, véritables guets-apens organisés à Amsterdam façon pogrom et Nuit de Cristal, banderole appelant à la destruction d’Israël, à l’intifada et faisant l’apologie du terrorisme en plein Paris, au Parc des anciens Princes, rupture des liens universitaires entre Sciences Po Strasbourg et une université israélienne, tentative de rupture identique à la Sorbonne, volonté de boycotter les entreprises israéliennes comme tous les lieux de savoir et d’intelligence, tous les lieux d’échange et de transmission, insultes quotidiennes, graffitis ignobles…
Jour après jour, les faits se suivent, s’enchaînent, s’amplifient et nos gouvernements parlent beaucoup mais font si peu contre les voyous qui agissent devant nos yeux ébahis, voyous de moins en moins cagoulés, de plus en plus fiers de leur haine. Nos gouvernements parlent beaucoup mais font si peu contre les organisateurs de ce déchaînement de haine. Nous sommes pourtant encore dans des Etats de droit et il y a des lois contre ces actes, contre leurs auteurs, contre les mains et leurs cerveaux. Encore faut-il avoir le courage de les appliquer. En France comme en Europe.
Nous sommes un peu comme des homards
Lorsque le homard est jeté dans une casserole d’eau bouillonnante, il se débat et essaie de s’en sortir. Lorsqu’on le plonge dans une eau à température ambiante et que petit à petit on remonte la température de l’eau jusqu’à ébullition, il ne se rend compte de rien, jusqu’à ce qu’il soit trop tard…
Nous sommes des homards. La température de l’atmosphère monte petit à petit autour de nous.
Et les juifs ne sont pas les seuls en danger. Nous le sommes tous. Tous les Européens, tous les Occidentaux, et tous les Orientaux qui ne souhaitent pas vivre dans l’obscurantisme. Qui aide vraiment les Iraniens à se libérer de la Mollahchie ? Qui aide vraiment Femmes Vie Liberté ? Qui aide vraiment les habitants de l’Iran, de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie, de Gaza, de « l’Autorité Palestinienne », du Yemen, de la Libye, de la Tunisie, de l’Algérie à lutter contre la corruption, les pratiques antidémocratiques, le sexisme, l’homophobie, le racisme, l’apartheid d’état ?
« Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous », disait si bien Montesquieu.
Nous ne connaissons aussi que trop bien ces vers du poème du pasteur Martin Niemöller, popularisés aussi par Bertold Brecht : « quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif ; quand ils sont venus chercher les homosexuels, je n’ai rien dit, je n’étais pas homosexuel ; quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste ; et quand ils sont venus me chercher, il ne restait personne pour protester… ».
À nous tous de réagir avec force et vigueur et ne pas nous laisser ébouillanter jour après jour, acte après acte, sans nous rendre compte de ce qui se passe autour de nous. Ne fermons plus les yeux, crions contre ces semeurs de haine, contre ces terroristes et leurs penseurs. Arrêtons de voir la réalité comme nous aimerions qu’elle soit, mais simplement comme elle est ! Et si nous crions ensemble, la peur changera de camp et nous nous débarrasserons de cette vermine !
Aux gouvernements : arrêtez de parler avec de jolis mots. Agissez avec une main ferme, sur ce sujet comme sur tant d’autres, sur tous les autres. En France aussi, il incombe à chaque ministre de parler haut et fort, et d’agir avec vigueur, et en période de cohabitation, chaque ministre se doit d’ouvrir sa gueule !
À chaque parlementaire de parler et d’agir. À l’exemple de la Députée Caroline Yadan, chaque jour plus remarquable, n exemple quand d’autres se réfugient dans le silence ou dans la posture… Admiration. Et à nous tous aussi, selon nos moyens. Agissons sans trop attendre, tous, en nos grades et qualités…
Les Etats-Unis ont commencé à sortir de leur léthargie, et il y a sûrement beaucoup de l’exaspération du Peuple contre cette « atmosphère » dans la victoire de Trump. Les Américains ont ressenti que la température montait, et ils ont réagi avec leur bulletin, leur « ballot ».
Reprenons l’image du homard. Quand le homard se sent étouffé, écrasé, compressé, à l’étroit dans sa carapace, il en change. Il se défait de sa carapace, vit quelques moments difficiles, il est vulnérable, il est à découvert, il doit se méfier, se protéger, puis sa nouvelle carapace le protège à nouveau, dure et résistante, mais il bénéficie de bien plus de confort, de plus d’espace, de plus de liberté…
Les Américains ont réalisé leur mue, à nous Européens de retrouver la bonne carapace du moment !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale