Depuis longtemps, l’Europe a tâtonné, hésité, cherché un cap au gré des crises, des alliances, des injonctions venues d’outre-Atlantique. Mais l’Histoire est en marche.
Avec l’élection de Donald Trump, l’Europe a reçu un électrochoc. Ce signal d’alarme a sonné comme un rappel brutal que le continent devait cesser d’être un spectateur passif et se construire une véritable autonomie stratégique. Pour la première fois, nous sommes face à une évidence : l’Europe doit se prendre en main.
Dans un précédent édito, nous disions que l’élection de Donald Trump sonné comme un grand coup de pied dans le cul de l’Union européenne et de l’Europe tout entière pour qu’elle se réveille enfin et construise sa propre autonomie stratégique, en lien amical étroit avec les États-Unis mais sans avoir tous les cinq minutes à aller quémander des dollars et de l’influence auprès de notre concurrent et ami d’Outre-Atlantique.
Aujourd’hui, ce message trouve enfin un écho avec la prise de position claire de la nouvelle cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. Cette femme d’État, ancienne première ministre de l’Estonie, lucide et déterminée, n’est pas seulement une nouvelle figure de la Commission. Elle incarne une Europe qui se tient debout, consciente des menaces qui l’encerclent et qui ne cédera rien, ni à l’Est, ni à l’Ouest.
La bataille de l’Ukraine est bien plus qu’un conflit périphérique : c’est notre liberté et celle de tout le continent qui se jouent là-bas. « Nous devons soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire », a martelé Kaja Kallas devant les eurodéputés.
Ces mots résonnent comme un manifeste. Ne nous y trompons pas : il s’agit du destin même de l’Europe, de la Pologne, des pays baltes et, à terme, de chaque nation du continent.
Cette prise de position marque un tournant, un réveil. Kallas a insisté sur le besoin d’une aide militaire, financière et humanitaire quotidienne pour l’Ukraine. Elle sait que la guerre de demain commence par la solidarité d’aujourd’hui. L’Union européenne doit embrasser ce défi sans hésitation, en partenariat avec ses alliés, mais avec une détermination propre, souveraine et non subordonnée.
Avec son arrivée en décembre, une ère nouvelle pourrait s’ouvrir pour la diplomatie européenne. L’estonienne Kaja Kallas, 47 ans, ne cache pas l’ampleur de la tâche qui l’attend : face aux coalitions d’autocrates et aux bouleversements géopolitiques, l’Europe doit se doter de l’ambition et du courage nécessaires pour défendre ses valeurs et préserver sa souveraineté.
Kallas affirme vouloir coopérer avec Washington, mais ce partenariat ne sera pas une dépendance. L’Europe est plus forte quand elle marche aux côtés de ses alliés, non à la remorque de décisions venues d’ailleurs.
Ce n’est pas uniquement le sort de l’Ukraine qui est en jeu, mais bien celui de l’Europe tout entière. En refusant de plier face à la menace, l’Union européenne pourrait bien montrer au monde qu’elle n’est plus ce géant hésitant.
Pour l’heure, Kaja Kallas ne fait que répondre à des interrogations du Parlement européen.
C’est aux chefs d’Etats européens de prendre les choses en main et d’affirmer leur souveraineté pleine et entière en prenant les bonnes décisions dans les prochaines semaines.
C’est le destin de l’Europe qui se joue et non celui uniquement de l’Ukraine.
Michel Taube