La première soirée martiniquaise du ministre Jean-Noël Buffet a été particulièrement mouvementée. Conscient du niveau de crise qui sidère l’île depuis plus de deux mois, il ne se doutait peut-être pas du niveau de toupet jusqu’auboutiste des dirigeants du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens) menés par le sulfureux Rodrigue Petitot.
En effet, « le R » s’est rendu à la résidence préfectorale, sans y être invité, et a sérieusement perturbé la soirée d’accueil du ministre. Le respect des traditions républicaines devant lui échapper.
Ce partisan d’une « autonomie totale » de l’île qui cache mal ses velléités indépendantistes, avait anticipé son voyage de retour en Martinique après dix jours de campagne laborieuse à Paris, n’ayant rencontré qu’Olivier Besancenot, des dirigeants de LFI et quelques journalistes passés de l’autre côté du Rubicon. Cela fait tout de même un peu court et confirme la cornérisation politique de l’homme.
Hier soir donc, avec une délégation enfiévrée de manifestants mobilisés sur TikTok et Telegram, Rodrigue Petitot a forcé les barrages pour pénétrer dans la résidence préfectorale. Son objectif était de contraindre le ministre à le recevoir. Il s’est retrouvé nez à nez avec le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier, avec lequel il a eu une sérieuse altercation.
De nombreuses injures ont été proférées avec véhémence, et un début de bousculade a failli dégénérer en pugilat. Rodrigue Petitot était accompagné de son acolyte Gwladis Roger et de Mario, son garde de corps. Ils ont été repoussés en dehors de la résidence tandis que les invités étaient exfiltrés par les forces de l’ordre.
Cet épisode montre, une fois de plus, la volonté déterminée du mouvement activiste d’humilier l’État et de le déstabiliser dans une optique séditieuse.
Doit-on rappeler, notamment à madame la Procureure de la République Clarisse Talon, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature, qui croule sous les plaintes de citoyens et de personnes morales victimes des exactions commises par Petitot et ses sbires depuis le 1er septembre (menaces de morts, violences physiques, destructions de biens publics et privés, intimidations, agressions sur les forces de l’ordre…), que, en application de l’article 226-4 du Code pénal, « l’introduction dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, hors les cas où la loi le permet, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende » ?
Et que, en vertu de l’Article 433-3-1de la loi du 24 août 2021, « est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende le fait d’user de menaces ou de violences ou de commettre tout autre acte d’intimidation à l’égard de toute personne participant à l’exécution d’une mission de service public, afin d’obtenir pour soi-même ou pour autrui une exemption totale ou partielle ou une application différenciée des règles qui régissent le fonctionnement dudit service. »
OUI à la lutte contre la vie chère, mais NON aux violences urbaines et à l’humiliation des symboles de la France auxquels les Martiniquais sont, dans une écrasante majorité, attachés… N’en déplaise à d’ultra-minoritaires factieux indépendantistes.
Plus tardive sera l’interpellation du chef de cette insurrection politique, plus douloureuse sera l’issue de cette crise sociale, politique et économique en Martinique.
Serge Letchimy et les décideurs locaux rencontrent le ministre
Hier, une heure avant ces exactions, Serge Letchimy, président de la Collectivité territoriale de Martinique, avait reçu le ministre Buffet pour un échange qualifié de « constructif ».
Et ce matin du mardi 12 novembre, la réunion prévue à l’agenda officiel du ministre, point d’étape sur la mise en œuvre du « protocole contre la vie chère » signé le 16 octobre, s’est tenue en présence des forces politiques et économiques du territoire, notamment des députés de Martinique.
Et ce en l’absence de Rodrigue Petitot qui a quitté les discussions entre personnes sérieuses et légitimes en refusant de signer ce protocole d’accord, semblant avoir d’autres préoccupations que celle de la vie chère des Martiniquais. Peut-être digérait-il son retour mouvementé et les plaisirs de la France qu’il honnit tant et qu’il a savourés à Paris pendant que ses partisans, probablement mal informés, se serrent la ceinture chaque jour ?
Michel Taube
Lors de la réunion avec le ministre sur le point d’étape sur la mise en œuvre du protocole contre la vie chère, et afin d’illustrer la largeur du périmètre de produits couverts par le protocole du 16 octobre 2024, les distributeurs signataires ont souhaité apporter en préfecture un échantillon des produits qui verront leurs prix baisser à partir du 1er janvier. Ainsi, pour chacune des 69 familles de produits visées par le protocole, trois produits emblématiques sont exposés.
Par exemple, pour la famille « produits et préparations destinés au soin de la peau », figurent du gel douche, de la crème hydratante et du savon liquide pour bébés. Une gondole présentant l’intégralité des pâtes alimentaires vendues dans le commerce, toutes inclues dans le protocole, a également été montée, pour montrer la profondeur de gamme des 69 familles de produits, qui couvrent chacune plusieurs dizaines voire centaines d’articles.