L’Allemagne, ce modèle de stabilité économique et politique en Europe, se trouve aujourd’hui plongée dans une crise inédite, conséquence de l’éclatement de la coalition d’Olaf Scholz.
Si l’on pensait que le chancelier allemand, au sommet de sa carrière après sa victoire en 2021, saurait maintenir l’unité gouvernementale dans un contexte international de plus en plus tendu, la réalité a prouvé le contraire. La semaine dernière, les fissures au sein de sa propre coalition ont révélé la fragilité de son pouvoir, ouvrant la voie à un bras de fer avec la CDU-CSU, le principal parti d’opposition.
Face à cette situation de paralysie politique, un accord a finalement été trouvé avec les conservateurs : les élections législatives auront lieu le 23 février 2025. Mais cette date, loin d’être une simple formalité, est avant tout un symbole. Elle marque l’officialisation d’une crise politique qui secoue la première économie européenne et qui, selon certains experts, pourrait avoir des répercussions sur l’adoption du budget fédéral pour 2025. Une crise qui fragilise encore davantage Olaf Scholz, dont la popularité a chuté à des niveaux jamais vus.
Ce calendrier électoral, validé par le président allemand Frank-Walter Steinmeier, s’accompagne d’une mesure symbolique : la dissolution du Bundestag, prévue pour la fin de l’année, après un vote de confiance qui se tiendra le 16 décembre. À travers cette décision, Scholz tente de reprendre le contrôle d’une situation de plus en plus incertaine. Mais est-il encore en position de dominer ce jeu politique ?
Les sondages, eux, ne lui sont pas favorables. Le SPD, son parti, se retrouve désormais distancé par la CDU, qui caracole en tête des intentions de vote. Une victoire des conservateurs en février 2025 semble de plus en plus probable, et cette dynamique met Scholz dans une posture inconfortable. L’homme qui a porté l’Allemagne pendant des années semble aujourd’hui en déclin, son pouvoir fragilisé par des scandales internes et des erreurs de gestion. Pourtant, malgré ce marasme, Olaf Scholz, fidèle à sa réputation de pragmatique, persiste et signe : il souhaite se représenter pour son parti. Une détermination qui, si elle témoigne d’un certain courage, soulève aussi la question de sa capacité à inverser la tendance.
La crise politique en Allemagne n’est pas qu’une simple affaire interne. Elle aura des répercussions sur l’ensemble de l’Union européenne. Dans un contexte de guerre en Ukraine, de tensions économiques mondiales, et de défis environnementaux majeurs, l’Allemagne, moteur de l’économie européenne, ne peut se permettre une instabilité politique prolongée. Le pays, qui avait longtemps été perçu comme un phare de stabilité, semble aujourd’hui vaciller sous le poids de ses divisions internes.
Il reste à savoir si Olaf Scholz, malgré ses revers, saura rebondir. Mais une chose est certaine : l’Allemagne s’apprête à vivre un des plus grands chocs politiques de son histoire récente. Le 23 février 2025, la date des élections, pourrait bien être celle de la fin d’une ère pour le chancelier, ou bien, paradoxalement, de la confirmation de son leadership dans un contexte où les incertitudes politiques et économiques n’ont jamais été aussi palpables.