L’auteur de ces lignes est obligé d’employer un pseudo car à Dakar la peur règne parmi les opposants au pouvoir en place…
Dans le contexte politique actuel, il est vital de rappeler le rôle fondamental que peut jouer une opposition forte et plurielle pour contrer les menaces que le pouvoir exécutif fait peser sur la démocratie sénégalaise. Face à l’autoritarisme croissant de l’actuel gouvernement d’Ousmane Sonko, leader de PASTEF devenu Premier ministre, et à l’instrumentalisation manifeste des institutions de l’État, une opposition expérimentée, déterminée et diversifiée peut seule être le rempart, – le dernier ? -, pour préserver la démocratie sénégalaise, restaurer l’État et faire respecter l’équilibre des pouvoirs, et enfin empêcher des décisions arbitraires et oppressives, comme on l’observe aujourd’hui.
L’importance d’une opposition institutionnelle pour protéger la démocratie
Depuis son accession au pouvoir, Ousmane Sonko a multiplié les actions pour museler toute dissidence, emprisonnant des militants de l’opposition pour des délits d’opinion et réprimant les voix qui osent s’opposer à son projet. Pour ne citer qu’un exemple, un candidat de la liste TWS est encore détenu pour avoir simplement exprimé des opinions politiques divergentes.
En huit mois seulement, le pouvoir a déstabilisé notre démocratie et ses valeurs cardinales comme jamais au cours de ces vingt dernières années.
Le gouvernement actuel a fait le choix de se muer dans une logique de vengeance politique. En multipliant les accusations de corruption et en initiant des audits partisans sans consultation des institutions compétentes comme la Cour des Comptes, le pouvoir ne cherche qu’à discréditer l’héritage du régime précédent, allant jusqu’à mettre en cause et en péril des centaines de fonctionnaires de l’administration publique. Cette chasse aux sorcières est l’illustration même de la dérive autocratique qui menace le Sénégal.
Avec la proposition d’Ousmane Sonko de créer une Haute Cour de Justice pour juger les responsables de l’ancien régime, l’objectif est clair : neutraliser les opposants politiques et s’assurer un monopole sur le paysage politique. Une telle instrumentalisation de la justice n’a pas sa place dans notre démocratie, et seule une opposition déterminée et expérimentée pourra y faire barrage.
La nécessité d’une opposition pour garantir la séparation des pouvoirs
Durant les huit premiers mois de Sonko et Faye les institutions ont également été grandement détournées de leur mission. La dissolution de l’Assemblée nationale dans des conditions obscures est une atteinte à l’équilibre institutionnel et témoigne notamment d’une inversion anticonstitutionnelle des rôles entre le Premier ministre et le Chef de l’État.
Dans le domaine judiciaire également, seule une opposition forte pourra desserrer l’étau imposé par le pouvoir exécutif autour de la justice pour empêcher les manipulations de l’appareil judiciaire à des fins de règlement de comptes.
L’opposition a un rôle crucial à jouer pour rappeler à l’exécutif ses limites et s’assurer que chaque institution respecte son domaine de compétence et son seul domaine de compétence.
Cette opposition permettra de représenter la diversité des opinions au Sénégal mais elle permettra également de faire rayonner à nouveau un principe clef de notre démocratie : la liberté d’expression.
Car sous l’actuel pouvoir, la liberté d’expression a été continuellement menacée ces derniers mois : des journalistes sont muselés, des responsables politiques sont emprisonnés, des quartiers généraux de partis politiques sont incendiés.
Pire, des discours de haine visent les figures religieuses musulmanes, l’Église catholique, les médias et les leaders politiques et minent le vivre-ensemble qui fait la force de notre pays.
Ce climat oppressif est incompatible avec le modèle démocratique sénégalais. Ce modèle admiré à travers l’Afrique pour sa stabilité et sa tolérance. Incompatible avec le projet de société appelé de leurs vœux par les Sénégalais. Incompatible avec un Sénégal apaisé, libre et prospère.
Une opposition responsable et respectueuse de l’Histoire de notre République est donc nécessaire pour défendre ces acquis démocratiques, une opposition mature pour permettre un débat politique sain et garantir que les voix dissidentes puissent s’exprimer sans crainte de représailles.
Sous le régime précédent, le Sénégal jouissait d’un prestige diplomatique reconnu, d’une économie en croissance, et d’une sécurité juridique propice aux investissements. Aujourd’hui, cet héritage est menacé par un pouvoir autoritaire, improvisé et irresponsable.
Après l’élection de Diomaye Faye en début d’année, et grâce à une opposition rassemblée dans le seul intérêt supérieur du pays, le peuple Sénégalais a l’occasion de régler la mire huit mois plus tard en rendant le parti du gouvernement minoritaire à l’Assemblée nationale.
OMS