Quelques jours avant l’élection de Donald Trump, nous décrivions notre vision de la géopolitique mondiale contemporaine en ces termes :
« Au bal Empires qui règle le monde, Washington devrait continuer à mener la danse aux côtés de ses comparses de Pékin et de Moscou. Un bal des Empires où, avec plus ou moins de bonheur, tentent de participer quelques prétendants, du côté de New Dehli, de Pyong Yang ou de Téhéran, voire d’Ankara. Quant à la vieille Europe, elle semble plus que jamais devoir faire tapisserie ».
Le fracassant retour, programmé constitutionnellement le 20 Janvier, de Donald Trump à la Maison Blanche, nous semble loin de remettre en cause cette évocation, sinon la conforter.
Certes, au cours de ces deux prochains mois, Jo Biden ne devrait pas manquer de tenter de redorer un blason quelque peu terni et prendre quelques initiatives au plan international, de sa découverte un tantinet tardive des questions environnementales (cf. son séjour en Amazonie) à sa décision d’autoriser Kiev à utiliser, face à la Russie, les missiles à portée intermédiaire du Complexe militaro industriel américain.
Mais, à partir du 20 Janvier prochain, que peut-on attendre de la Maison Blanche au plan international ?
Comparer à la faiblesse de l’action de Trump à l’égard du monde latino-américain durant son premier mandat (à l‘exception de la question migratoire, qui sera vraisemblablement à nouveau au tout premier rang de ses préoccupations) et avec l’émergence en Amérique du Sud de quelques régimes populistes assez éloignés des grands principes démocratiques, telle l’Argentine de l’ineffable Javier Milei, El Loco de la Papa, Washington pourrait redécouvrir et actualiser les fondements de la vieille Doctrine Monroe.
Plus important sans doute : les liens « singuliers » et régulièrement affichés entre Trump et Poutine ne peuvent laisser Kiev insensible. A fortiori avec la nomination au gouvernement d’une Tusli Gabbard très connue pour ses prises de position systématiquement favorables au Kremlin. Ou celle d’un Mike Waltz à la Sécurité nationale, qui considère ouvertement qu’à court et moyen terme, « la priorité n’est pas le règlement du conflit russo-ukrainien, mais la nécessité absolue de mener une lutte existentielle (sic) sans merci contre Pékin ». A fortiori l’arrivée au Secrétariat d’Etat d’un Marco Rubio, lui aussi très pro-taiwanais et par ailleurs fervent soutien d‘Israël. On n’oubliera pas sur ce sujet que les premières félicitations, enthousiastes, quant à l’élection de Trump, sont venues de Tel Aviv et du Premier Ministre de l’Etat hébreu. Un Marco Rubio qui estime par ailleurs que le premier danger demeure, y compris à court terme, le régime de Téhéran…
Ceci étant, la cohérence ne semble pas être le trait de caractère majeur de la nouvelle équipe gouvernementale, quand on songe par exemple qu’Elon Musk, le « Conseiller Spécial », a de très gros intérêts économiques personnels dans la Chine…de Pékin !
Trois quasi (soyons prudents !) certitudes :
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la « démocratie impériale américaine », (avec l’empire chinois), loin de renoncer à son leadership, devrait continuer à mener une danse endiablée au « bal des vampires », et poursuivre notamment son exploitation des malheureux pays du Sud, un Tiers-monde plus que jamais « mal parti », pour reprendre la formule utilisée il y a trois quarts de siècle, par René Dumont.
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la vieille Europe apparaît plus que jamais affaiblie, face aux « carnivores » évoqués récemment par le Président de la République française. A fortiori au plan militaire, et même si, tout récemment, le vieux serpent de mer de la défense européenne semble s’être réveillé…
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l‘hypothèse de la mise en place réelle et efficace de la dite « défense européenne » nous laisse sceptique quand on compare les potentialités européennes en la matière au véritable chef d’orchestre du Bal des Empires… le complexe militaro industriel américain ! Nous en reparlerons…