Opinion
10H32 - vendredi 22 novembre 2024

Pour la sécurité et la dignité des élus : restaurer la confiance et défendre la démocratie locale. Tribune de Sonia Bakhti-Alout, Adjointe au Maire de Bondy

 

Sonia Bakhti-Alout, Adjointe au Maire de Bondy, Déléguée départementale Horizons

 

 

Le climat actuel est inquiétant. Le nombre d’agressions et de violences à l’encontre des élus de la République, qu’elles soient verbales, physiques ou matérielles, est en constante augmentation. En tant qu’élue à Bondy, j’ai été à plusieurs reprises la cible de menaces et d’intimidations c’est pourquoi je partage ce sentiment de solitude que peuvent ressentir mes collègues élus dans le reste de la France. Ce n’est pas un phénomène isolé mais bien une réalité qui touche de plus en plus de nos représentants locaux. Ce fléau, qui gangrène la relation entre les citoyens et leurs élus, menace notre démocratie et fragilise le lien de confiance sur lequel elle repose. Si nous laissons cette situation perdurer, c’est tout un système de valeurs qui vacille.

 

 

 

Aujourd’hui, il est urgent d’agir. Les élus, ces sentinelles de notre démocratie locale, doivent être protégés, soutenus et respectés. Mais au-delà de la simple question de leur sécurité physique, il s’agit aussi de rétablir une véritable relation de confiance entre les citoyens et leurs représentants.

Aussi, il me paraît indispensable de restaurer la dignité de nos élus et de renforcer la stabilité de notre démocratie locale car toucher un élu c’est toucher la République.

1. Protéger les élus : une priorité absolue

L’agression d’un élu n’est pas seulement un acte violent envers une personne, c’est un affront à la République elle-même. Face à l’intensification des menaces, il est impératif de renforcer la sécurité des élus :

  • Former aux situations de crise : Offrons aux élus locaux des formations spécifiques pour gérer les tensions et les conflits. La violence symbolique se transforme souvent en actes physiques lorsqu’il y a un manque de communication et de gestion des crises. Ces formations devraient être obligatoires pour tous les élus, afin de les préparer à désamorcer les situations conflictuelles.

  • Protection physique pour les élus en danger : Il est impératif d’assurer la sécurité des élus exposés. Ceux ayant reçu des menaces graves doivent bénéficier d’une protection accrue, que ce soit par un système de surveillance renforcé ou une escorte physique, selon le niveau de danger.

  • Faciliter l’accès aux procédures légales : Les élus victimes de violences doivent pouvoir porter plainte de manière simple et rapide. Nous proposons un soutien juridique gratuit et un accompagnement personnalisé pour les élus, afin qu’ils puissent engager des démarches sans obstacles.

2. Renforcer le dialogue avec les citoyens

Il est essentiel de rétablir la confiance entre les citoyens et leurs représentants. Le rôle de l’élu est de servir la population, mais aussi d’être à son écoute. Pour ce faire, il faut créer davantage de points de contact et renforcer la transparence dans la prise de décision :

  • Médiation locale : Mettons en place des comités de médiation pour résoudre les conflits locaux. Ces instances permettront de traiter les tensions de manière apaisée et de garantir un espace de dialogue direct entre les élus et les citoyens.

  • Consultations décentralisées : Les élus doivent se rendre dans les quartiers et les zones rurales pour échanger directement avec les citoyens. Ces permanences itinérantes permettront de tisser des liens solides, surtout dans les territoires souvent oubliés par les pouvoirs publics.

  • Plateformes numériques de consultation : Créons des espaces en ligne permettant aux citoyens de participer aux décisions locales. Ces plateformes favoriseront l’inclusivité et la transparence, en offrant à chacun la possibilité de s’exprimer, d’être entendu et d’avoir une place dans les décisions politiques.

3. Sensibiliser sur le rôle des élus et leur engagement

L’agression des élus est en partie due à une méconnaissance de leurs fonctions et de leurs responsabilités. Il est urgent de promouvoir une meilleure compréhension de leur travail et de la place qu’ils occupent dans la société :

  • Éducation civique renforcée : Nous devons intégrer dans les programmes scolaires des modules qui expliquent l’importance de la fonction d’élu et du rôle central des institutions dans la vie démocratique. Cette sensibilisation doit commencer dès le plus jeune âge.

  • Campagnes d’information : Les élus sont souvent perçus comme distants, voire déconnectés des préoccupations populaires. Il est nécessaire de lancer des campagnes pour expliquer la réalité du travail d’un élu local, ses contraintes, ses responsabilités, et les défis auxquels il fait face au quotidien.

4. Renforcer la réactivité judiciaire et les sanctions

Les agressions à l’encontre des élus ne peuvent pas rester impunies. Il faut instaurer une justice plus rapide et plus sévère :

  • Procédures accélérées : Créons des juridictions spécialisées qui traitent les agressions contre les élus en priorité. Cela garantirait une réponse rapide, adaptée et des sanctions exemplaires.

  • Sanctions renforcées : Nous devons renforcer les peines pour les auteurs d’agressions envers les élus. Cela doit être un message clair : toute violence ou intimidation à l’encontre d’un représentant de la République sera sévèrement réprimée.

5. Accompagner les élus psychologiquement

Les pressions auxquelles sont soumis les élus sont de plus en plus lourdes. Nous devons considérer l’impact psychologique de ces violences sur leur bien-être mental et leur capacité à exercer leur mandat :

  • Soutien psychologique : Mettons en place un dispositif d’assistance psychologique gratuit pour les élus confrontés à des menaces ou à des agressions. Ce soutien doit être accessible à tous, à tout moment de leur mandat.

  • Réseaux d’entraide : Développons des réseaux d’élus permettant le partage d’expériences et de bonnes pratiques, pour faire face aux difficultés quotidiennes et trouver un soutien mutuel face à la violence symbolique et physique.

6. Réguler les réseaux sociaux et les discours de haine

Les réseaux sociaux sont devenus des espaces où la violence verbale prolifère, avec des conséquences directes sur la sécurité des élus. Il est crucial de réguler ces plateformes pour garantir un climat de respect et de dialogue :

  • Signalement simplifié des menaces : Collaborons avec les plateformes numériques pour faciliter le signalement des menaces à l’encontre des élus. Ce système doit être rapide, efficace et aboutir à des actions concrètes.

  • Responsabilisation des plateformes : Exigeons des plateformes qu’elles prennent leurs responsabilités en matière de gestion des discours haineux. En cas de manquement grave, des amendes substantielles devraient être appliquées, pour contraindre les entreprises à agir.