Combien de Français comme Joseph Schweitzer à qui son petit-fils Régis Hector, auteur des Actu’Folies, rend hommage, ont été internés, déportés ou sont morts dans ce camp français du système concentrationnaire nazi ?
Aujourd’hui à Natzwiller – Struthof, dans le nord de l’Alsace, ce morceau de patrie française outragé, brisé, martyrisé, divisé au gré des tempêtes géopolitiques, mais finalement libéré par le rêve européen de paix et de développement, se souviendra !
En se rendant en ce 23 novembre 2024 à Strasbourg et au camp d’internement de Natzwiller – Struthof, le président de la République française poursuit le cheminement mémoriel que nous devons tous au souvenir de la fin de la Seconde guerre mondiale.
Les commémorations des 80 ans de la Libération ont commencé le 6 juin dernier en Normandie, puis en Provence à la mi-août et à Paris le 25 du même mois. Elles se poursuivront le 21 janvier 2025, avec le souvenir immémoriel de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, le 8 mai 2025, anniversaire de la capitulation nazie, jusqu’au 3 et 5 août avec les bombardements de Hiroshima et Nagasaki.
Mais en ces jours hivernaux de novembre, c’est une étape décisive de ces commémorations qui commence à Strasbourg et qui se poursuivra jusqu’à février à Colmar, dernier bastion du territoire français libéré du joug nazi après des mois de combat acharné dans la plaine d’Alsace.
L’Alsace est au cœur de l’Europe et sa libération a été un moment tragique de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Car Strasbourg est un point de convergence des mémoires des guerres mondiales : du serment de Koufra à la résistance alsacienne, de la vaine ligne Maginot suivant la ligne bleue des Vosges aux batailles sanglantes de la plaine d’Alsace dans les derniers jours de la guerre, sans oublier les héros de la division Leclerc, des incorporations de force aux multiples changements de nationalité subis par les Alsaciens entre 1870 et 1945, le chef de l’État rendra également hommage à des figures comme Marc Bloch, historien et résistant ayant enseigné à l’Université de Strasbourg. Université aujourd’hui en proie aux sirènes du wokisme et de l’antisémitisme.
Face à ces tragédies, la France s’est engagée, dans les pas du général de Gaulle, dans une résistance, puis une renaissance libératoire du pays, et enfin, en 1945, à la reconnaissance de la France comme une puissance à nouveau souveraine. C’est ce triple message que portera Emmanuel Macron à Strasbourg.
Lors d’une visite du chef de l’Etat inscrite sous le sceau du silence, du recueillement (et de l’isolement puisque la cérémonie n’est malheureusement pas ouverte au public, contrairement à la tradition) au camp du Struthof avec le ravivage de la flamme du déporté, puis lors d’une halte au mémorial d’Alsace-Moselle de Schirmeck, ces moments mêleront sobriété et célébration, avec la participation de jeunes, des vétérans, et des personnalités franco-allemandes.
En ces temps de retour de la guerre et du choc des nations, alors que l’Europe est face à son avenir devant la main tendue du peuple ukrainien, alors que nos amis baltes se préparent déjà à la guerre contre les attaques possibles de Poutine, s’il est un lieu d’histoire et de mémoire qui permet de rappeler ce que l’esprit de Munich annonce de pire, c’est bien l’Alsace.
Michel Taube