La chronique de Patrick Pilcer
18H41 - dimanche 24 novembre 2024

Monsieur le Premier ministre, et si le bon choix pour le budget 2025 était d’accepter qu’il soit rejeté ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Les discussions sur la loi de finance 2025 et sur la loi de financement de la Sécurité Sociale vont bon train. Entre arbitrages en commission paritaire, chamailleries au sein des différents groupes parlementaires, utilisation ou non du 49.3, épées de Damoclès sur d’éventuelles motions de censure… tout est réuni pour accroître l’incertitude politique si cela était encore possible et plonger encore plus la France dans un épais brouillard.

Il y a beaucoup d’ego, beaucoup de biais cognitifs, beaucoup de postures dans l’atmosphère actuelle.

 

Tout d’abord de la part du Premier ministre et de son gouvernement. Pourtant, le budget proposé n’est pas le produit de leur réflexion et de leurs choix politiques et économiques ; loin de là.

Michel Barnier et ses ministres ont trouvé ces propositions budgétaires sur leur bureau fin septembre. Concoctées par les différentes administrations, essentiellement par Bercy, le gouvernement n’avait ni le temps ni les moyens de préparer son propre choix budgétaire.

Beaucoup ont dû avaler des couleuvres en découvrant les différents articles de la loi de finance à défendre. Ils essaient depuis de les faire avaler à leurs troupes parlementaires.

 

Ajoutons que le cirque installé à l’Assemblée par les islamo-gauchistes empêche toute amélioration par voie d’amendements ; après avoir « bouffé du curé » pendant des décennies, cette partie de la Gauche a choisi de s’allier avec les réseaux fréristes, de prôner le port du voile, de remettre en cause la laïcité, la lutte contre les narcotrafics comme le délit d’apologie du terrorisme, de saper les fondements de la République et de ce qui nous fait Nation. Dans le silence et la soumission du reste de la Gauche républicaine, qui elle doit aussi avaler bien des couleuvres…

 

Certains ministres tentent déjà de sortir de ce piège de la loi de finance. Comme Bruno Retailleau qui met en œuvre ce qu’il prévoyait avant d’être ministre et qui martèle ce qu’il fait. Il prend du champ par rapport à la discussion budgétaire.

Ou comme la Ministre du travail qui devait assumer une hausse du coût du travail, à rebours complet de la politique de ces dernières années, une politique qui portait ses fruits. Elle a dû bien sentir qu’au moment où l’économie européenne dans son ensemble flanche, et où la dissolution présidentielle ratée détériore encore plus le climat économique, augmenter le coût du travail pouvait paraître hors sol.

Aussi, elle a commencé, avec finesse, à dire que ces mesures avaient été pensées il y a déjà quelques mois quand la situation économique permettait ces ajustements, mais que ce n’était plus forcément si judicieux à présent. Elle a parfaitement raison d’opérer ce revirement, car faire un choix budgétaire structurel, qui engage nos entreprises sur plusieurs années, en adoptant une mesure conjoncturelle, adaptée quelques semaines et néfaste le reste du temps, eut été une faute majeure.

 

D’autres s’enferment dans le dogme et défendent mordicus ce budget mal pensé. Ils défendent l’augmentation du coût des médicaments mais refusent purement et simplement, non pas de supprimer la fameuse AME, mais de modifier le panier de soins pris en charge par cette assistance médicale. Si notre situation financière impose d’augmenter le coût des médicaments pour tous nos concitoyens, en quoi est-ce justifié de financer par l’AME des soins comme, par exemple, le recollement des oreilles ? Est-ce prophylactique ? Pourquoi rogner sur tout, augmenter les cotisations et les impôts et continuer à fonctionner chéquier ouvert pour l’AME ! L’AME coûte près d’un milliard d’euros, constaté a posteriori et sans aucun plafond !

 

On comprend bien sûr l’ego meurtri du Premier ministre et de son équipe. En à peine deux mois, le Premier ministre et beaucoup de ministres paraissent visiblement déjà épuisés, exténués, par cet examen budgétaire. C’est toujours blessant et usant de devoir avaler des couleuvres, défendre une thèse à laquelle on ne croit pas, et se faire retoquer sèchement.

 

Mais ce budget n’est pas vraiment leur budget.

Plutôt que de tenter un hasardeux 49.3, plutôt que d’affronter une motion de censure des plus incertaines, autant laisser simplement ce budget aller au vote classique et le laisser se faire adopter ou rejeter. Il n’y a aucune honte à cela. Et il n’y aura aucun « shutdown ». Les Parlementaires voteront la prolongation des recettes façon 2024 pour 2025. Aucun groupe parlementaire ne prendra le risque de ne plus payer les fonctionnaires ou de ne plus verser les pensions de retraite. Et les dépenses seront celles préalablement votées pour 2024. Un gel budgétaire qui permettra aussi de réduire mécaniquement notre déficit.

Surtout, cela donnera six mois à l’équipe en place pour retrouver un second souffle et repenser chaque administration, chaque ministère, chaque dépense, pour adapter les différentes directions à la réalité économique du pays, pour optimiser, pour rendre plus efficace nos services publics, pour dégrossir au fil de l’eau le « mammouth ». Pas besoin d’Elon Musk et de X pour cela, le bon sens devrait suffire. Le courage aussi !

 

Un tel gouvernement ne sera pas un gouvernement technique, chargé de gérer simplement les affaires courantes. Au contraire, il s’agira là d’un gouvernement de réflexion stratégique, d’élaboration d’un véritable nouveau plan pour le pays.

La France a bien sûr besoin d’un budget, mais elle a avant tout besoin d’un plan !

Ce gouvernement pourra nous faire penser ensemble la France de demain, la France de 2050, nous faire adhérer à nouveau, nous permettre de refaire Nation. C’est cela dont nous avons besoin, et non d’un budget mal ficelé, qui ne fera qu’accélérer la récession et la crise économique et sociale !

 

Ce gouvernement disposera de 6 mois pour réfléchir avec tous nos parlementaires comme avec tous les corps intermédiaires à quel Etat, quels services publics, quelle protection sociale, quel modèle de société nous souhaitons et comment le financer demain, comment répartir le poids des financements nécessaires.

 

Cela évitera le grand défaut de ce budget : faire peser toujours plus le coût du système sur la France qui travaille et sur les entreprises qui investissent sur notre sol ! Et surtout, cela éclairera vraiment tous nos concitoyens sur les véritables choix devant nous pour demain, avant de voter à nouveau !

 

Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale

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