Quand nos représentants élus se prennent pour des gladiateurs dans l’arène de l’Assemblée nationale, il est temps de s’interroger sur le naufrage de notre démocratie parlementaire. Nicolas Turquois, député MoDem, a quitté son siège pour venir apostropher violemment Mickaël Bouloux, député socialiste, dans une scène digne d’une cour de récréation. Face à ce comportement scandaleux, Bouloux a gardé son calme, se contentant de repousser l’agresseur d’un geste.
Voilà à quoi ressemble aujourd’hui le cœur battant de notre République : une cour des miracles où les députés jouent aux durs sous les caméras.
Il est difficile de ne pas rire jaune devant tant de grotesque, si ce n’était aussi tragique. Ces élus sont censés incarner la dignité républicaine, l’intelligence collective et la capacité à débattre dans l’intérêt général. Au lieu de cela, nous avons droit à des pugilats, des invectives et des comportements indignes. Mais, qu’on ne se méprenne pas : Turquois n’est pas une exception, il est le symptôme d’un mal bien plus profond.
Depuis l’arrivée de La France insoumise à l’Assemblée nationale, l’hystérie s’est installée comme mode opératoire. Le débat ? Oublié. Place aux invectives, aux interruptions incessantes et aux démonstrations théâtrales. Et si LFI a été l’un des premiers groupes à institutionnaliser ce cirque, la majorité présidentielle et ses alliés ne valent guère mieux. Les manœuvres procédurales, les obstructions systématiques et les provocations permanentes transforment l’hémicycle en une scène de vaudeville.
Et que dire des réactions de la classe politique ? Marine Le Pen joue les grandes dames en dénonçant un « spectacle indigne », comme si son parti était irréprochable. Elle compte des collègues qui ont déjà été sanctionnés et rappelés à l’ordre. Élisabeth Borne, elle, appelle à « l’apaisement ». Mais comment peut-elle être crédible quand son gouvernement n’a pas hésité à étouffer le débat en abusant de 49.3 ? Tous jouent leur rôle dans cette tragédie burlesque, où l’ego des uns écrase les responsabilités des autres.
Que peut encore attendre le peuple français de ces pitres, qui ne cessent de bafouer les institutions. Si le comportement de ces élus continue de sombrer dans la médiocrité, c’est toute la République qui sera bientôt décrédibilisée. Les députés veulent des caméras, des micros, des buzz sur les réseaux sociaux. Mais le respect de leur fonction, ils l’ont abandonné depuis longtemps.
Alors, messieurs-dames les députés, cessez de faire les clowns. Votre rôle n’est pas de faire rire – ou pleurer – les Français, mais de les représenter. À force de jouer avec le feu, vous finirez par transformer l’Assemblée nationale en un (mauvais) cirque. Mais peut-être est-ce là ce que vous voulez ?