On méprise le peuple, c’est une convention,
On ne l’écoute pas, on lui nie raison et passions.
Il compte pour rien dans les affaires,
On a beau jeu de le faire taire.
On le maudit de très bon cœur,
À toute force, on lui fait peur.
On lui suppose de bas instincts,
On lui promet un beau destin.
Tout est brigue et mensonge, on le trompe à l’envi,
En espérant qu’il songe à ne jamais prendre parti.
On l’abreuve de faux discours,
On lui fait miroiter la Cour,
On l’impressionne sans détour,
Cela fut et sera toujours.
Mais l’opinion fait la vogue jusqu’à un certain point.
La Fortune se plaît à faire de ces coups ;
L’insolent souvent, trop sûr de ses poings,
À sa perte travaille, et son sort le rend fou.
Une lionne bien née, du nom de Kamala, se voyait au pouvoir ;
Se voir est un verbe qui suppose le miroir.
Elle flattait les communautés, soignait son élection,
La morale, comme on sait, est une consolation.
Mais on ne met pas le bon sens en prison.
Un taureau bondissant, un ancien président, un furieux concurrent,
Se promit de lui voler la place.
Devant le trône, il n’y a qu’une glace !
Donald, c’est son nom, avait déjà connu la Cour,
L’expérience fournit des tours.
Kamala divise ses électeurs, wokise tous les débats :
Drôle de championnat !
Donald propose un tout autre contrat, et avec grand fracas :
Son pays ne fait qu’un et c’est un grand jardin.
Par éloquence et quelques pas de danse, il réunit avec souplesse,
Son peuple dans un commun salut.
Les petits, les sans-grades se sont là reconnus.
On leur parla à hauteur d’homme.
C’est une leçon, en somme.
Vincent Roy
Ecrivain, critique littéraire et journaliste. Longtemps collaborateur au Monde, il est critique littéraire à Artpress, à Causeur, au JDD et éditorialiste à Cnews et Europe1. Dernier ouvrage paru : Retour à Kensington, roman (Cherche-midi, 2024).
Les Fables du Roy
Rien ne va plus, qu’on se le dise !
Ils osent donc attaquer nos valeurs, le respect, nos bonnes mœurs.
La langue française n’est plus ce qu’elle était.
Lisez Edith puis Aya et vous comprendrez !
Qu’on se le dise, nous ne nous en laisserons pas compter.
La langue est si belle qu’elle éveille un optimisme désespéré.
Au combat lecteurs !
Les Fables sont donc de retour, poésie de la vie et morale des bonnes gens,
Tombées en désuétude parce qu’elles parlaient trop au peuple.
Et tout Roy qu’en est l’auteur et cravaté orange son éditeur,
Ils rappelleront chaque dimanche que la langue de Molière est aussi celle de La Fontaine.
Décidément, nous ne nous en laisserons pas compter !
Michel Taube