Edito
11H50 - lundi 2 décembre 2024

La chienlit contre les Français. L’édito de Michel Taube

 

La France a besoin d’un budget, disait hier Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, dans une interview au JDD. La France ? Ce sont surtout les Français qui ont besoin d’un budget.

Que ce soient les agriculteurs, les Néo-Calédoniens ou les Martiniquais, les acteurs du bâtiment et de l’immobilier, pour ne citer que ces catégories de Français en souffrance de décisions urgentes de l’État français, la chute du gouvernement Barnier plongerait des pans entiers de la société française dans une impasse douloureuse.

Déjà la dissolution du 7 juin dernier a eu des conséquences économiques désastreuses : elle a stoppé net de nombreuses décisions d’investissement et cassé le moral des Français. La chute du gouvernement Barnier enfoncerait un petit peu plus la France dans la chienlit assurant que, jusqu’en juillet prochain au minimum, notre pays sera sans gouvernail pour avancer dans des décisions pourtant stratégiques.

Prenons les agriculteurs : ils attendent une loi de simplification drastique des procédures et des contrôles qui les étouffent ; et la consécration du caractère d’« intérêt général majeur » de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture.

Les Martiniquais attendent les 11 millions € d’engagements de l’Etat contre la vie chère promis d’ici le 1er janvier pour réduire de 20% en moyenne les prix sur les denrées alimentaires et les biens de première nécessité. De même, les Néo-calédoniens dont la moitié des municipalités ne peuvent plus financer le ramassage ni les cantines scolaires vivent sur un volcan social.

Dans l’immobilier, l’extension du prêt à taux 0 à tout le territoire, serait une très bonne mesure de relance d’un secteur aux abois. Mais elle doit être inscrite dans la loi de finances 2025 et ne rentrera pas en vigueur avant des calendes grecques que l’on peut rebaptiser des calendes françaises si le gouvernement tombe.

Pour David Charlet, président d’ANACOFI (Association Nationale des Conseillers Financiers), « si la loi de finances n’est pas votée, si une fois de plus depuis la dissolution, nous n’avons de visibilité sur la simplification et des mesures fiscales fortes, au mieux, on va arrêter d’avancer. Les Français vont se réfugier dans des placements prudents ou d’attente, comme les assurances-vie, au lieu d’investir dans l’avenir. Des fuites de capitaux sont possibles. Tout cela est irrationnel. »

Si Michel Barnier tombe, il est certain que tout nouveau Premier ministre nommé par Emmanuel Macron dans les prochaines semaines n’aurait aucune marge de manœuvre, comme cela aurait été au final le cas pour l’homme de la Savoie.

C’est pendant encore une année entière que la vie politique sera tétanisée, bloquée en cas d’élection législative anticipée convoquée à partir de juillet 2025, ou plutôt septembre 2025 en raison des vacances. Nous n’aurions pas un gouvernement constitué et doté, – ce n’est qu’une hypothèse – d’une majorité suffisante pour gouverner enfin la France.

Bref la chute de Barnier, ce sera la France sans gouvernail à sa tête pendant plus d’un an.

La partitocratie est de retour depuis les résultats des élections législatives du 7 juillet 2024 et sa principale particularité c’est que le personnel politique s’enfonce de jour en jour dans des querelles politiciennes déconnectées des réalités du pays.

La IVème République est de retour mais la différence avec les années 50, c’est qu’aujourd’hui la France vit dans un monde concurrentiel et ouvert où les puissances européennes et mondiales n’attendent pas sur notre pays pour avancer et conquérir des parts de marché.

Marine Le Pen veut-elle être la reine d’une pitre-basse-cour ou une prochaine cheffe d’Etat ?

Pour paraphraser la formule d’un ancien ministre de Chirac qui parlait de la droite, la France et les Français ont vraiment le personnel politique le plus bête du monde…

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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