La crise politique que nous vivons actuellement a au moins l’avantage de faire tomber les masques.
Comme souvent dans l’histoire, les extrêmes finissent toujours par s’allier, quitte à faire tomber la République ou plutôt comme condition-même de leur accès au pouvoir. La chienlit est leur moteur !
Les lignes rouges fixées par Marine Le Pen au gouvernement de Michel Barnier, notamment sa sempiternelle croyance à un retour à l’âge de la retraite à 62 ans alors que toutes les évolutions démographiques en Europe dictent le contraire, dévoile dans toute leur splendeur le caractère socialiste et nationaliste, – pour ne pas dire national-socialiste – du programme que porte Marine Le Pen depuis des années. Alors que s’il ne s’était fourvoyé dans une doctrine pro-Poutinienne et aux relents souvent racistes, Éric Zemmour portait un programme beaucoup plus libéral et sérieux en 2022 sur le plan économique. Mais ceci est maintenant de l’histoire définitivement enterrée.
Comme nous ne le craignons depuis des années, Marine Le Pen, qui a tenté de faire croire qu’elle n’était pas la fille de son père, dévoile depuis quelques jours son véritable tempérament. On dirait que les réquisitions de la justice dans le procès sur les rémunérations des collaborateurs du Rassemblement National au Parlement européen ont transformé Marine Le Pen de présidentiable fréquentable en animal enragé déterminé à en découdre avec la République.
Marine Le Pen entre elle aussi, comme Jean-Luc Mélenchon, dans une stratégie délibérée de pourrissement et de blocage politique du pays. En décidant de faire tomber Michel Barnier, Marine Le Pen change donc à 180° de stratégie politique après dix ans d’efforts incessants pour dédiaboliser le Rassemblement national et se doter d’une posture présidentielle et présidentiable.
On comprendrait mal l’intérêt de Marine Le Pen de précipiter aussi vite la chute du gouvernement Barnier dans la mesure où Emmanuel Macron ne peut pas constitutionnellement dissoudre l’Assemblée nationale avant juillet 2025. Le blocage institutionnel va donc perdurer dans les prochains mois et le Rassemblement national ne gagnera pas plus de pouvoir à court terme.
Si l’idée de Marine Le Pen et de précipiter la démission d’Emmanuel Macron, c’est ignorer la personnalité profonde du président de la République qui, plus il sera isolé, plus il sera convaincu qu’il a raison, seul contre les autres, et qu’il est le seul rempart de la République contre l’aventure et la démagogie des extrêmes.
Bref, Marine Le Pen fait paradoxalement le jeu d’Emmanuel Macron qui aura beau jeu d’incriminer la patronne du RN des blocages budgétaires qui mettront à terre agriculteurs, acteurs de l’immobilier, Martiniquais et Néo-Calédoniens et tous les Français au final.
L’auteur de ces lignes a refusé entre les 2 tours des élections législatives d’appeler à un front républicain contre le Rassemblement national : c’était faire le jeu de Jean-Luc Mélenchon. Ce qui s’est exactement passé au lendemain des législatives.
Et puis, la demande de droite liée au besoin d’autorité, de sécurité, de maîtrise des frontières, de réaffirmation des valeurs françaises de la laïcité, de respect du travail bien fait, de l’héritage judéo-chrétien de notre beau pays, toutes ces lames de fond plaident pour une recomposition profonde des droites autour du régalien et de la justice sociale.
Que la droite ou les droites sont orphelines d’un grand leader de droite qui refusera la démagogie socialiste des uns, le racisme rampant des autres ou l’incompétence à gouverner les Français pour les derniers.
Marine Le Pen serait-elle en train de sacrifier son destin national sur l’autel de petites tambouilles politiciennes sans lendemain ?