En Martinique, Rodrigue Petitot ne semble plus quitter le banc des accusés. Multipliant les comparutions pour violences, intimidations, diffamations et menaces de mort, cet homme, qui s’érige en leader de l’insurrection, symbolise une question cruciale : la justice française saura-t-elle protéger la République et ses citoyens face à des appels explicites à la haine et à la division ?
Hier, lundi 2 décembre, Rodrigue Petitot a été condamné en comparution immédiate à une peine de 10 mois d’emprisonnement aménageable par le tribunal judiciaire de Fort-de-France pour des faits de « menaces sur personne détenteur d’un mandat ». Il a été reconnu coupable des faits reprochés. Le fameux « R » est retourné en prison le soir même, en attendant de connaître les termes de son aménagement de peine. Il avait menacé les maires de Martinique refusant de fermer leur municipalité, suscitant les plus vives condamnations, des élus locaux comme de l’Association des Maires de France.
Il y a dix jours, Rodrigue Petitot avait comparu une première fois devant la justice pour son intrusion dans la résidence du préfet le 11 novembre et pour les menaces physiques et verbales qu’il avait proférées contre Jean-Christophe Bouvier. Son procès devra se tenir le 21 janvier mais les termes de son contrôle judiciaire seront déjà reconsidérés par la justice dès le 6 décembre prochain.
Mais l’éparpillement des affaires qui s’accumulent dans son dossier pose une question majeure : pourquoi juger chaque fait isolément quand c’est l’ampleur et la continuité de son entreprise de déstabilisation qui doivent être considérées ? Les faits de récidive sont si nombreux que la récidive devrait elle aussi constituer un motif judiciaire pour fusionner toutes les affaires ou condamner lourdement l’auteur d’une réitération de faits délictuels voire criminels.
Doit-on le rappeler ? À l’instigation de Petitot, entre le 1er septembre et la mi-octobre, la Martinique a vécu au rythme d’incendies criminels visant des centaines de commerces, des agressions contre les forces de l’ordre qui comptent de nombreux blessés, et des menaces de mort proférées avec une désinvolture glaçante. Ces actes ne sont pas simplement des faits divers ; ils traduisent une stratégie de terreur et de désunion.
Petitot et ses affidés du RPPRAC sont directement responsables, au moins en termes d’incitations à la commission de faits délictuels, des dommages causés à la Martinique en 6 semaines de violences.
190 plaintes ont été déposées par des entreprises et des particuliers pour des dégâts évalués au bas mot à plus de 80 M€, sans parler des centaines de licenciements et faillites d’entreprises.
Pendant les événements de l’automne, Rodrigue Petitot a multiplié les propos injurieux sur les réseaux sociaux, menaçant les blancs, le préfet (le « R » a exigé qu’un préfet noir soit nommé en Martinique), les entreprises et les distributeurs, des pires menaces. Or ces faits multiples n’ont nullement été poursuivis par la justice de Fort-de-France, ce qui a contribué au sentiment d’impunité du fameux « R » et a contribué au sentiment de peur qui a régné un temps sur la Martinique.
Le manque de fermeté de la justice, trop longtemps aux abonnés absents, est d’autant plus dommageable que, derrière ce fauteur de troubles, ce n’est pas une foule désespérée qui le suit, mais une poignée infime de radicaux prêts à embraser l’île, en jouant sur les blessures d’un passé colonial que la République ne doit jamais oublier, mais qu’elle ne peut laisser devenir un alibi pour la violence et la haine.
Ainsi, on a pu constater hier que les manifestants pro-Petitot qui attendaient devant le palais de justice de Fort-de-France l’issue de son procès n’étaient que quelques dizaines voire 100 ou 200 personnes ; un groupuscule extrêmement minoritaire dans une population de 350 000 habitants.
Après avoir tardé trop longtemps à interpeller et juger Petitot (rappelons que le préfet Jean-Claude Bouvier a déjà déposé 4 plaintes contre le « R » dont une seule est en cours de jugement), la justice doit maintenant se montrer à la hauteur. Non pas pour faire taire cet homme, – car la liberté d’expression, pour autant qu’elle reste pacifique, reste un pilier fondamental de notre démocratie -, mais pour empêcher qu’il ne nuise davantage à une communauté qui aspire à la paix et au progrès. Ses actes doivent être jugés dans leur globalité, avec toute la gravité qu’impose leur portée.
Il serait fort dommageable que les différents procès intentés contre Petitot créent une sorte de feuilleton permanent lui permettant d’occuper le devant de la scène alors qu’il ne représente que lui-même et quelques extrémistes.
Il faut oser se poser la question : devant les lenteurs de la justice en Martinique, ne faudrait-il pas dépayser l’ensemble des affaires concernant Rodrigue Petitot et le renvoyer d’où il vient, c’est-à-dire dans l’Hexagone pour être jugé à la hauteur des faits reprochés. C’est ce que les autorités judiciaires française et néo-calédonienne ont osé faire avec les instigateurs des troubles en Nouvelle-Calédonie. Cette décision a permis de retrouver le calme en Nouvelle-Calédonie.
La Martinique, comme chaque territoire français, mérite mieux qu’un agitateur prônant le chaos. Elle mérite une République qui sache conjuguer fermeté et dialogue, solutions viables et justice sociale, mémoire et unité. Laisser proliférer l’insurrection, c’est trahir cette promesse d’égalité et de fraternité que la France doit à tous ses enfants, des rives de la Seine aux plages des Antilles.
Rodrigue Petitot ne cherche pas seulement à troubler l’ordre public. Son objectif, il l’assume : l’insurrection de la Martinique contre la France.
Rodrigue Petitot défie la République. À la justice de répondre, non par la dispersion ou la mollesse, mais par la force de la loi et de la raison. Car c’est tout l’honneur de la France que de défendre, partout et toujours, l’ordre républicain contre ceux qui voudraient le réduire en cendres.