Pathétique ! Y aurait-il un autre mot pour décrire la vie politique en France ces dernières semaines, et surtout depuis la dissolution ratée de juin 2024 ? Le retour aux politiques des cavernes ?
Pathétique de voir la gauche et l’extrême droite réunies pour faire tomber un gouvernement d’Union des Raisonnables ! Marine le Pen a montré son vrai visage. Au-delà de la stratégie de la « cravate », elle n’est qu’un Georges Marchais à cheveux longs. Le PC de Georges Marchais prétendait défendre les travailleurs, mais il empêchait toute création de richesse, tout progrès économique, par ses oukases, tout en détruisant au bulldozer un foyer d’immigrés maliens à Vitry et en jetant à la vindicte populaire un immigré marocain soupçonné de trafic de stupéfiants à Montigny les Cormeilles.
Pathétique de voir la cheffe de file du RN, un parti encore aujourd’hui au programme nationaliste et socialiste, se venger du lourd réquisitoire prononcé contre elle lors de son procès en faisant tomber le gouvernement et préférant l’incertitude et le chaos. Gageons qu’elle se trompe lourdement en pensant peser ainsi sur la décision judiciaire légitime attendue en mars. Les Français se rappelleront surtout longtemps de sa faute.
Pathétique de voir cette cheffe imposer à ses députés ce vote de censure, contre la volonté de beaucoup. Une manière pour elle de tenir encore quelques semaines les rênes de son parti, avant, qu’une fois condamnée, Bardella ne prenne le pouvoir, rompe avec l’idéologie préhistorique de la famille Le Pen et ses choix économiques gauchistes, promeuve, sincèrement, les hautes valeurs de la République, de l’Humanisme, des Lumières et de la Raison, et permette ainsi une union des droites et du centre, symétrique au NFP, mais, elle, républicaine, légitime et largement majoritaire dans les urnes. Il sent bien qu’avec cette faute majeure de Marine Le Pen, la Droite et le Centre pourraient aujourd’hui gagner les élections, même sans lui ; il essaiera de prendre le train en marche…
Pathétique de voir le Parti Socialiste s’enfermer dans son accord électoral contre-nature avec l’infâme LFI. Le Parti Socialiste doit rompre avec la stratégie de Faure, purement électoraliste, et retrouver sa dignité. Paris ne vaut ni une messe ni le chant d’un muezzin ! Si ce parti veut exister encore demain, et gouverner un jour, il lui faut retrouver la raison, porter haut ses valeurs et ne plus tenir la chandelle devant l’union des islamistes et collectivistes, qui n’éprouvent que la haine des juifs, le rejet de la Laïcité, et la détestation d’Israël et des démocraties en programme commun, une autre version des nationalistes socialistes.
Pathétique aussi de voir Attal et Macron pleurer sur la censure alors qu’ils ont multiplié ces dernières semaines les coups tordus et placé le plus possible de bâtons dans les roues du Premier ministre et de son gouvernement. Ce mauvais budget, si mal ficelé, nous le devons essentiellement à l’ancienne équipe Attal, et à l’administration Macron, à la fois dans l’ampleur du désastre budgétaire, dont nous attendons toujours les conclusions de la commission d’enquête, et dans les choix retenus dans la Loi de finance. Barnier, en deux semaines, n’a pas pu modifier la copie. Il n’a pu que rectifier quelques fautes d’orthographe, mais sans pouvoir toucher aux principales mesures.
Triste de voir partir ainsi Michel Barnier et son gouvernement. Cette équipe était bel et bien armée pour adresser les véritables préoccupations des Français : la sécurité, l’immigration et le pouvoir d’achat, avec en filigrane comment refaire Nation, quel modèle économique et social pour notre pays et comment le financer.
Bruno Retailleau est certainement le seul ministre que les Français ont découvert ces 91 derniers jours, le seul dont ils retiendront le nom. Logique, il est le seul à avoir directement traité les préoccupations de nos concitoyens.
Triste de constater que Michel Barnier n’a pas su imposer à Macron ses choix budgétaires et politiques. Michel Barnier aurait dû modifier en profondeur ce budget, ne pas augmenter le coût du travail, avec la baisse des exonérations de charges, une faute économique, ne pas rogner sur le pouvoir d’achat des apprentis, une faute sociale, remettre en cause le panier de soins de l’AME, repenser le dimensionnement de nos dépenses publiques, et donc réduire, enfin, ces dépenses, sans augmenter les impôts sur la France qui travaille.
Triste de constater que Michel Barnier n’a pas profité du désaveu massif envers le Président pour le cantonner à l’inauguration des chrysanthèmes, et éviter son pouvoir de nuisance, même dans les domaines de la Défense et de la Politique étrangère, les domaines pseudo-réservés. Cette censure est avant tout une censure contre Macron, pas contre Barnier !
Triste de constater que Michel Barnier et son équipe n’ont pas disposé de plus de temps. Macron n’est pas Mitterrand, il ne sait pas donner du temps au temps…
Espérons que la prochaine équipe puisse enfin s’atteler aux préoccupations des Français, nous montrer un horizon, tracer un cap, penser la France de demain… avant de voter l’été prochain…
Rejetons le retour aux politiques des cavernes, rejetons la préhistoire, nous ne voulons pas être le jour d’avant un affrontement entre Mélenchon et le Pen, nous ne voulons pas de cette histoire, les Français veulent continuer à écrire l’Histoire, celle des Lumières, celle de la Raison. Il y a encore une grande majorité de Raisonnables en France !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale