Le couperet de la censure s’est abattu sur le gouvernement et avec lui l’instabilité sur l’économie.
Or, au-delà des fondamentaux économiques traditionnels, le dynamisme économique et la croissance dépendent également du niveau de confiance des acteurs économiques.
Il existe en effet un lien étroit entre la confiance des entreprises et la performance économique. Dans un climat de confiance, les entreprises sont plus enclines à investir, favorisant ainsi la croissance. À l’inverse, une baisse de la confiance a vocation à provoquer une diminution des investissements.
Pourtant, face aux enjeux actuels, aux défis de compétitivité portés par les États-Unis et la Chine, aux transformations écologiques et technologiques, le niveau d’investissements nécessaire est vital.
Nous n’avons pas les moyens d’être méfiants, nous n’avons plus les moyens de l’instabilité. Il y va de notre relance économique et des créations d’emplois.
Les métamorphoses liées à l’IA imposent notamment d’importants investissements en matière de formations, non seulement pour accompagner la maîtrise de cet outil, mais encore pour accompagner les transformations des tâches et missions portées par son déploiement.
À l’heure des mutations technologiques de l’économie et de ses effets disruptifs, le besoin d’accompagnement de l’évolution du contenu des métiers vers des compétences non automatisables est extrêmement fort.
Il est admis que ces compétences sont au nombre de 4 : interactions sociales, adaptabilité, flexibilité et capacité de résolution des problèmes.
Si, face à cette évolution, la réponse venant immédiatement est évidemment celle de l’investissement dans la formation, elle ne doit pas occulter l’investissement organisationnel. Le développement de la polyvalence, de la flexibilité et de l’autonomie (verticale et horizontale) est aussi une affaire de gouvernance d’entreprise. En ce sens, la digitalisation doit également conduire à interroger et investir dans de nouveaux modes d’organisation du travail qui influencent directement son déploiement. La politique sociale comme science d’organisation de l’entreprise est ainsi au centre de ces enjeux.
À ce titre, un investissement réel et sérieux dans un crédit d’heures au titre de l’exercice du droit d’expression direct et collectif apparaît comme fondamental pour développer l’autonomie des salariés et le retour d’expériences.
Par ailleurs, au-delà de ces compétences de « soft-skill » clefs, l’accès aux connaissances techniques liées aux fonctions étant facilité par l’IA, la maîtrise de ces fonctions passe par l’expérience de leur mise en pratique, de leur articulation face à la réalité des situations.
Face à ces enjeux, des investissements essentiels et importants dans les formations en situation de travail sont clefs.
Ces actions de formation – dont le matériau pédagogique principal est le travail – reposent sur 2 séquences pédagogiques distinctes mais articulées : réalisation d’une activité avec une intention pédagogique puis phase de réflexivité accompagnée par un formateur, pour tirer les enseignements de la mise en situation, analyser les écarts entre les attendus, les réalisations et les acquis, et ainsi consolider et expliciter les apprentissages.
Ces deux séquences sont répétées autant de fois que nécessaire pour permettre les apprentissages visés.
À l’air de l’IA ces actions de formation en situation de travail sont essentielles, et supposent là encore un investissement d’ordre organisationnel pour cadrer le projet et concevoir les actions de formation, via une analyse de l’activité de travail pour l’adapter à des fins pédagogiques et la désignation de formateurs avec une fonction tutorale.
À cet égard, la généralisation d’un tel dispositif de formation est de nature à réactualiser le tutorat d’entreprise et de le remettre au cœur des enjeux du travail. Elle permettrait également de réhabiliter le tutorat comme objectif de maintien et de retour en emploi des travailleurs expérimentés au service du transfert des savoir-faire.
Là encore, cette réhabilitation du tutorat comme dispositif clef de transfert des savoir-faire suppose un investissement en matière de formation d’une part, et d’attribution de temps spécifique à l’activité tutorale d’autre part.
Voilà de quoi donner corps dans l’entreprise au sursaut par la transmission porté par le chantier de Notre-Dame, pour retrouver l’exigence réelle des métiers.
Ainsi, pour engager les indispensables transformations sociales, un changement de mentalité s’impose pour permettre le retour de la confiance, en renouant avec l’intelligence collective, moteur d’innovation et de création de valeur.