Avec de nombreux clins d’œil au « Petit Prince », on sent bien que le réalisateur, Pablo Agüero, est un fan du conte de notre écrivain-aviateur.
Parfois poétique, souvent naïf (trop ?), le film évoque avant tout l’épisode de la disparition d’Henri Guillaumet, dans la Cordillère des Andes, et les recherches entreprises par son ami et collègue, Antoine de Saint-Exupéry.
Nous sommes en 1930. La Compagnie Générale Aéropostale, dirigée par l’industriel français, Marcel Bouilloux-Lafont, a ouvert une ligne postale aérienne entre l’Europe et l’Amérique du Sud, puis en Argentine pour la poursuite de l’acheminement du courrier.
Le pilote Henri Guillaumet se voit confier le tronçon le plus dangereux, entre Buenos Aires et Santiago du Chili. Pour relier Mendoza à Santiago, il faut en effet traverser la périlleuse Cordillère des Andes.
Le 13 juin 1930, aux commandes de son Potez 25, Henri Guillaumet se retrouve piégé par une violente tempête de neige, au beau milieu de la Cordillère. Il se voit contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence, à quelque 3200 m d’altitude. Lorsqu’il est porté disparu, Antoine de Saint-Exupéry, alors en charge de la ligne Bahia Blanca – Río Gallegos, se lance à sa recherche. Vainement.
Tous avaient perdu le moindre espoir. « Les Andes, en hiver, ne rendent point les hommes ».
Pourtant, après 7 jours et 6 nuits d’un combat héroïque contre les éléments, Guillaumet est retrouvé, à bout de forces, à plus de 60 km de son avion.
Les images, tournées dans la Cordillère des Andes, sont belles et Guillaumet est joué par Vincent Cassel, dont se dégage (comme toujours) le charme, la force et le charisme qu’avaient très probablement l’aviateur.
Mais voilà, raconter de telles épopées, faire ressentir l’intrépidité de ces pilotes, réussir à
« emporter » les spectateurs et à transmettre la magie du vol n’est pas chose aisée…
Le réalisateur a-t-il souhaité faire un film « d’avions », réservés aux passionnés, aux fans du poète-aviateur ? Ou bien un film destiné au jeune public ? Ou bien encore rêvait-il de toucher petits et grands, comme l’illustre conte de St-Ex ? Mais un succès comme celui du « Petit Prince » tient du miracle. Et les miracles se reproduisent rarement.
Mais peut-être faut-il voir ce film avec ses enfants ou petits-enfants. Puisque comme le disait St-Ex : « Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules… », Le Petit Prince (1943).
Magali Rebeaud,
Journaliste spécialisée Aéronautique, Spatial et Tourisme.