En Martinique, nous n’avons pas de pétrole, mais nous avons bien mieux ! Nous avons la capacité d’offrir des expériences inoubliables à nos visiteurs. Avec nos plages, nos fonds marins, notre culture, notre histoire, notre rhum, notre biodiversité, nos talents et nos cœurs, nous avons tous les atouts pour faire rêver la plupart des pays du monde.
Des atouts exceptionnels qui nous permettraient de réveiller notre économie et de créer des emplois pour tous. Des atouts qui n’attendent qu’une seule chose : que la volonté politique s’en saisisse pleinement.
Mais nous avons deux faiblesses majeures comparées à nos concurrents voisins : le coût de la construction et le poids des salaires dans les comptes d’exploitation. Deux handicaps insurmontables en termes de compétitivité.
La mise en place d’une zone franche sociale permettrait aux activités touristiques de compenser leurs handicaps et de retrouver une rentabilité normale. C’est une condition essentielle au développement global de la Martinique, car c’est bien aussi à partir de son tourisme revigoré que la Martinique décollera et vaincra son chômage !
On peut ajouter une troisième faiblesse : notre propre capacité à dégrader notre image extérieure à travers un puissant esprit de bashing public dès lors que nous sommes confrontés à des difficultés : sargasse, dengue, chlordécone, vie chère, crises sociales… Bien que ces difficultés soient souvent réelles, on mesure pleinement les effets destructeurs de leur publicité mondiale colportée d’abord par… nous-mêmes !
Quelles que soient les difficultés, l’ambition touristique doit être au cœur de la stratégie de développement de la Martinique. Elle pourrait se matérialiser dans un plan en cinq axes :
-
Doubler le budget promotionnel de la destination Martinique, et intégrer des professionnels du tourisme au sein du conseil d’administration du CMT (Comité Martiniquais du Tourisme). La gouvernance du tourisme doit être conduite à parité entre élus et chefs d’entreprise.
-
Rétablir la compétitivité de l’hôtellerie par une aide spécifique sur les salaires (un CICE à 50%) permettant aux activités d’hébergement de diviser par deux leurs coûts d’exploitation. Ce dispositif doit être négocié avec l’Etat, afin de permettre au secteur exposé du tourisme de compenser ses handicaps structurels par rapport à la concurrence caribéenne. Dès lors que la compétitivité sera rétablie, les constructions d’hébergement et les investissements repartiront à la hausse, et la Martinique retrouvera le chemin du succès. L’hébergement touristique n’est pas que l’apanage des hôtels. C’est aussi et surtout l’affaire des Martiniquais qui adaptent leurs logements et ouvrent leurs portes aux visiteurs pour leur offrir le meilleur de l’accueil. L’hébergement saisonnier est complémentaire de l’offre hôtelière. Il doit être encouragé et labélisé.
-
Soutenir la réhabilitation du patrimoine public et privé, et le valoriser à des fins culturelles et touristiques. Parmi nos forces emblématiques, le rhum de Martinique, le meilleur du monde ! Un atout majeur qui exporte l’excellence martiniquaise aux quatre coins du monde, et qui donne à notre territoire un caractère unique et remarquable. Notre rhum peut faire de la Martinique ce que le whisky a su faire de l’Ecosse ou le vin de la ville de Bordeaux… la Martinique peut revendiquer sans complexe le titre de « capitale mondiale du rhum », à condition qu’elle y mette de l’ambition : création de la Cité Mondiale du Rhum, valorisation des chemins touristiques du rhum, développement du spiritourisme… Autre atout culturel majeur, la yole de Martinique qui vient d’être inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco !
-
Ouvrir la Martinique sur la mer en favorisant la création de deux nouveaux ports de plaisance et de 10 000 anneaux nautiques. Selon une étude de l’ONU de 2003, plus de 100 000 bateaux transitent chaque année dans notre zone. Un marché monumental à portée de main que nous devons conquérir en adaptant nos infrastructures.
-
Embellir notre île : entretenir nos plages et les préserver des flux de sargasses, refleurir nos routes et nos ronds-points, repeindre nos centres-villes (Fort-de-France et Saint-Pierre en priorité), planter un million d’arbres en cinq ans… pour redevenir demain l’île aux fleurs et aux couleurs. Des maisons multicolores au milieu des bougainvilliers, des coups de peinture et des coups de pioches donneront un coup de jeune à nos communes et un coup de fouet à notre économie.
Le tourisme ainsi redynamisé sera le premier levier de notre développement. Il entraînera tous les autres secteurs de l’île : BTP, agriculture, pêche, artisanat, restauration, culture, industrie, commerce… Il s’appuiera sur nos atouts naturels, humains et patrimoniaux, et visera une clientèle respectueuse de l’environnement, sensible aux vraies relations humaines. Il vaincra notre chômage !
La Martinique dispose de tous les atouts pour être une grande championne du tourisme. Alors, comme disent celles et ceux qui agissent : “Y a plus qu’à !
Emmanuel de Reynal