Le métier de renard n’est pas celui de Mars,
Plus dissimulé, davantage retors,
Notre animal cache bien ses trésors,
Il y a tant de façons de mener une chasse.
Les chiens-courants font mille bruits,
C’est leur talent, leur parti pris.
À l’affût, le goupil est taiseux,
Il attend son moment, il escompte sur les Cieux.
Sa méthode en vaut d’autres,
D’ailleurs, elle porte ses fruits,
À preuve, sans même deux apôtres,
Notre bête a trouvé des appuis.
Qui est ce vieux hôte des bois ?
Qui fut longtemps en Cour, curieux parcours,
Un commissaire au plan, ministre tour à tour,
Un goupil paysan, fort madré et matois.
Le Bayrou, c’est son nom,
Est bien organisé,
Il profite du désordre,
Pour imposer son bataillon,
Voilà qu’il est devenu le goupil de la situation,
Réputé habile en négociations.
Il oppose le pays des bourgs à celui des villes,
Est-il pour autant un animal subtil ?
Sa colonne vertébrale est bien élastique :
Il flatte l’un, moleste l’autre,
Son travail est acrobatique,
Direz-vous qu’il vaut bien le vôtre ?
Notre bête politique se veut au centre
Mais le centre est nulle part et la circonférence partout,
À droite, à gauche, sur tous ses tableaux il joue,
Dans cette posture il est le chantre.
Bref, il s’empare du gouvernement,
Il attend cela depuis longtemps.
Autant vous dire qu’il fut patient.
Henri IV est son modèle,
Le Bayrou n’a qu’une ambition,
Comme le roi, c’est une bonne nouvelle,
Il plaide pour la réconciliation !
L’entreprise est d’envergure,
Tant le pays est divisé,
Il faut se méfier des postures,
Ce n’est pas le tout d’avoir des idées.
Dans les bourgs, il n’y a pas de quartiers !
Henri de Bourbon est mort assassiné.
On n’impose pas la réconciliation,
Cet exemple peut servir de leçon.
Vincent Roy
Ecrivain, critique littéraire et journaliste. Longtemps collaborateur au Monde, il est critique littéraire à Artpress, à Causeur, au JDD et éditorialiste à Cnews et Europe1. Dernier ouvrage paru : Retour à Kensington, roman (Cherche-midi, 2024).