Le simple fait que Bayrou ait été nommé, après un « caca nerveux » et un chantage odieux, qui en dit long sur l’état de la présidence Macron.
Il suffisait pourtant de lire les quelques lignes de Simone Veil ou de Michel Houellebecq (Soumission) sur ce personnage, fossoyeur de l’UDF de Servan Schreiber et de Giscard, présent sur la scène politique hexagonale depuis un demi-siècle pour surtout ne pas le choisir.
En 50 ans, plusieurs fois ministre, Commissaire au plan, Bayrou a marqué les esprits par ses mots, jamais par ses actes. Sauf peut-être lorsque ministre de l’Éducation il a favorisé l’enseignement privé au détriment du public. Quelqu’un d’ailleurs peut-il citer une idée phare qui caractérise les choix politiques du personnage ? Aucune !
Mais sa capacité à retourner sa veste au gré des élections, et trahir ses amis politiques, n’a jamais faibli. Et cela chacun s’en souvient…
Les Français ont trois attentes fortes : en premier, la sécurité, refaire Nation, une autre façon, plus positive, de dire lutte contre l’immigration, en second l’amélioration du pouvoir d’achat, et en troisième la baisse des dépenses publiques et la maîtrise de notre dette.
Gageons que sur ces trois chantiers les Français pourront n’être que déçus. Bayrou tentera de les endormir par de belles paroles et des propos soporifiques, mais, au final, il augmentera les impôts, les cotisations sociales et le coût du travail ; malgré les efforts importants de Bruno Retailleau, l’insécurité progressera, et notre économie continuera de sombrer dans ce long processus de déclassement.
Bien sûr, Bayrou trouvera des candidats pour accepter d’être ministre. Certains peuvent penser qu’être ministre, même quelques semaines, facilitera leur réélection lors de la prochaine dissolution, inévitable et souhaitable, ou à défaut leur permettra de « faire du fric » dans le privé. Mais la France dans tout cela ?
En cédant à la crise nerveuse de François Bayrou, Emmanuel Macron a montré la faiblesse de sa présidence. Sa seule carte politique, la dissolution, ne sera utilisable qu’à l’été prochain. D’ici là, il doit encaisser, avaler des couleuvres et se taire.
Se taire, c’est d’ailleurs ce qu’il a fait le 9 décembre, jour de célébration de la Loi de 1905, la loi sur la laïcité, pierre angulaire du modèle culturel français.
Se taire, c’est ce qu’il a fait devant le Pape quand celui-ci, à Ajaccio, s’est ingéré dans les affaires politiques françaises en cherchant, comme son prédécesseur, à relativiser la laïcité, en la complétant, inutilement, par des adjectifs, alors qu’il s’agit d’un principe fondateur de notre République, de notre modèle social et de notre culture. Que dirait-on si nos responsables politiques conseillaient l’Eglise en évoquant le célibat des prêtres ou le sacrement du mariage pour tous les types de couple ?
Le Pape, une fois de plus, a fait preuve de méconnaissance de l’histoire. Comme lorsqu’il a permis de placer Jésus sur un keffieh dans une crèche à Rome. Il avait oublié que Joseph, Marie, Jésus, Marie Madeleine et tous les apôtres étaient juifs, habitants du royaume d’Israël et non palestiniens. Le mot Palestine fut imposé par les Romains bien après la mort de Jésus, après les guerres judéo-romaines et la révolte de Bar Ko’hba, 100 ans après la mort de Jésus, pour éradiquer toute référence à Israel.
Pour les Apôtres et la Chrétienté, Jésus est descendant du roi David, pas ascendant de Mahmoud Abbas ou Yaya Sinwar…
Bien sûr, le Pape doit protéger les chrétiens d’Orient et d’Afrique de la barbarie islamiste et il fait des compromis, des concessions, mais attention aux compromissions…
Emmanuel Macron aurait pu choisir de laisser Michel Barnier gérer les affaires courantes et demander aux partis politiques raisonnables de se focaliser, non pas sur le choix d’un animal politique, mais sur l’élaboration de choix politiques forts, dans la réduction des dépenses publiques, dans la réduction des déficits, comme dans la redéfinition du faire Nation au XXIème siècle en France.
Prenons l’Ecole, où le nouveau locataire de Matignon est supposé avoir de l’expérience. Il y a tant à faire. Notre Ecole est devenu un enseignement segmenté, ghettoïsé, selon la classe sociale ou le lieu de résidence des élèves. Ce n’est plus acceptable, il faut recréer les conditions d’une réelle mixité sociale et culturelle.
Il faut bien sûr mieux former et mieux rémunérer nos enseignants (comme nos personnels soignants, et nos policiers, et tous les employés de la « première ligne »). When you give peanuts, you get monkeys…
Et il faut transformer nos écoles.
Le but de l’enseignement ne doit pas être l’accumulation de savoirs mais l’acquisition de la connaissance, la maîtrise de la pensée. L’école doit être le lieu où notre jeunesse apprend à penser et à réfléchir par elle-même, à l’abri des dogmes tant religieux que wokistes. La laïcité, c’est surtout cela, un bouclier pour apprendre la liberté absolue de conscience, et pour exercer cette liberté fondamentale, la liberté non pas d’être comme on naît, mais la liberté de pouvoir devenir.
S’ils cherchent vraiment, Bayrou et Macron trouveront ne serait-ce qu’au Comité des sages de la laïcité, ou à Vigilance collèges lycées, des personnes compétentes pour leur expliquer quoi faire aujourd’hui à l’école.
Plutôt que de garder le silence absolu le 9 décembre, après avoir fêté l’espérance des grands soirs, en grande pompe, à Notre Dame, Macron aurait pu instituer une semaine de la laïcité partout dans nos écoles, pour expliquer à notre jeunesse ce qu’est et n’est pas la laïcité, cette espérance des petits matins…
Alors espérons néanmoins, malgré tout, pour notre pays. Après tout, Bayrou n’étant pas partisan de la loi sur la fin de vie, la présidence Macron pourrait aussi éviter la sédation profonde…