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12H10 - vendredi 20 décembre 2024

Jérémy Giroud, viticulteur dans le Beaujolais, se lance en politique aux côtés d’Édouard Philippe. L’Entretien de Sofiane Dahmani

 

Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le mouvement Horizons d’Édouard Philippe plutôt qu’un autre parti politique ?

J’ai trouvé chez Horizons un parti politique qui répond à mes valeurs. Étant gaulliste dans l’âme, je retrouve chez Horizons le pragmatisme, l’écoute et l’économie de marché. Mais au-delà de cette idée gaullienne, il y a une réelle prise en compte de l’échelle locale : l’idée de partir de la base pour construire un projet cohérent. Je dis souvent que la marmite ne bout jamais par le haut mais par le bas.

 

Votre engagement dans le parti Horizons reflète-t-il une sensibilité politique de droite ? Si oui, comment cela se traduit-il dans vos actions et vos idées ?

Je ne m’engage pas dans Horizons parce que je suis de droite, mais parce que je crois au projet et à l’idée de voir loin pour bien agir. Comme je vous l’ai évoqué, ma passion pour De Gaulle me confère une sensibilité de droite. Je suis attaché à l’idée de liberté, d’ordre, de tradition, ainsi qu’à la sécurité et au développement économique. Ce que j’apprécie chez Horizons, c’est le pragmatisme et l’idée de prendre les bonnes décisions, au-delà de toute idéologie.

Dans mes actions, je ne cherche pas à tout prix à être de droite. Je m’efforce avant tout d’être fidèle à moi-même et à mes valeurs. Pour illustrer les actions que je peux mener, j’ai coordonné en équipe la tradition du Beaujolais nouveau pendant près de 11 ans. Plus concrètement, je me suis engagé auprès des jeunes agriculteurs en 2012 et j’ai fait de mon mieux pour aider et accompagner la profession sur le plan politique.

Récemment, lorsque j’étais Vice-Président, j’ai œuvré à porter la proposition de loi PLOA. Celle-ci visait à promouvoir l’installation et la transmission des exploitations agricoles, tout en travaillant à la simplification normative pour la profession.

 

En tant que viticulteur, quelles mesures ou réformes espérez-vous voir émerger pour soutenir l’agriculture et la viticulture au sein du programme Horizons ?

Ce que j’ai toujours porté et défendu, c’est la nécessité de favoriser l’installation, de simplifier les normes, et surtout de valoriser les grandes valeurs de l’agriculture française. Cela inclut le lien essentiel entre les agriculteurs et la population, mais aussi les échanges commerciaux, car nous sommes autant importateurs qu’exportateurs. Je suis particulièrement attaché à la mise en place des clauses miroirs, qui sont indispensables pour protéger le secteur. Sans elles, nous subissons une concurrence déloyale qui pénalise nos producteurs.

Il est également crucial d’engager un véritable travail de réforme, filière par filière, pour les reconstruire et les réorienter dans le but de ramener de la valeur économique et de la souveraineté. Prenons l’exemple de la filière bovine : pour les jeunes bovins, nous n’avons presque pas de filière d’engraissement en France. Ce travail est réalisé en Italie, au Portugal ou en Espagne. Ces pays achètent nos bovins à bas prix (entre 50 et 100 euros par tête), les engraissent, puis nous les revendent entre 4 et 5 euros le kilo. Ce modèle est une perte de valeur pour nos agriculteurs, et nous devons le corriger.

En viticulture, un autre exemple concret concerne l’importation de vin et la distinction entre les produits « de France » et « en France ». La nuance est énorme et peut tromper le consommateur. Un vin « de France » est cultivé et élaboré en France, tandis qu’un produit « en France » peut inclure du vin élaboré à partir de raisins produits ailleurs dans l’Union européenne. Le cas des vins mousseux illustre bien cette confusion. Si nous faisions appliquer les clauses miroirs, nous résoudrions déjà 50 % du problème. Mais cela nécessite une véritable volonté politique.

Enfin, que ce soit pour les céréales, le vin, les bovins ou tout autre secteur agricole, il est impératif que toutes les productions respectent les standards français. Sinon, nous trompons le consommateur. Il est important de rappeler que l’agriculture française est l’une des plus durables au monde. Nos exigences écologiques nous donnent 15 à 20 ans d’avance sur de nombreuses agricultures étrangères. Acheter français, c’est acheter une forme d’excellence.

 

Comment conciliez-vous votre métier de viticulteur avec votre engagement politique et vos nouvelles responsabilités de délégué ?

L’engagement a toujours fait partie de ma vie. Mes parents se sont toujours engagés dans des activités associatives : mon père a été pompier volontaire pendant 40 ans, et ma mère s’impliquait activement dans la vie du village tout en épaulant mon père dans ses engagements. J’ai donc grandi dans une famille où concilier une double vie professionnelle et associative allait de soi.

Très jeune, je me suis moi-même engagé au niveau local, notamment avec le comité des fêtes du village. J’ai ensuite poursuivi cet engagement dans le cadre professionnel, à différents échelons : du département jusqu’au niveau national au sein des Jeunes Agriculteurs (JA).

Aujourd’hui, être à la fois viticulteur et délégué départemental du Nouveau Rhône est finalement une continuité logique. L’engagement est une composante essentielle de ma vie. Les nombreuses personnes que j’ai rencontrées au fil de mes engagements m’ont énormément apporté, et j’éprouve un réel plaisir à donner de mon temps pour la collectivité.

 

Quels sont les enjeux spécifiques du Nouveau Rhône que vous souhaitez porter au niveau national avec le soutien d’Horizons ?

Quand on assume une responsabilité nationale, je pense qu’on ne peut pas se limiter à un seul cheval de bataille, car tout est interconnecté. S’il fallait en choisir un, ce serait de maintenir un bassin de production agricole capable d’alimenter la métropole et les grandes villes. Mais il est impossible de penser uniquement à un secteur en isolant les autres.

Le territoire est riche de sa diversité. Dans le Nouveau Rhône, avec près de 2 millions d’habitants, les enjeux sont multiples et interdépendants. Parmi les plus importants, je citerais : l’emploi, le développement économique, la formation, le maintien et le renforcement du bassin agricole, le logement, les transports, et bien sûr, l’école, qui reste essentielle à mes yeux.

 

Quelles valeurs ou idées d’Édouard Philippe vous ont convaincu de rejoindre son mouvement ?

Ce qui m’a convaincu chez Édouard Philippe, c’est avant tout son parler vrai, son attachement à la vérité et son authenticité. J’apprécie également son profond respect pour l’échelon local, qui est pour moi essentiel.

Plus généralement, les valeurs qu’il porte m’inspirent : l’unité et la cohésion de la France, fondées sur son histoire et ses valeurs. La liberté, comme valeur fondamentale. Une ambition écologique et agricole forte. L’indépendance nationale, tout comme l’éducation, qu’il place en priorité absolue.

Enfin, son approche européenne est particulièrement pertinente : il prône non seulement « plus d’Europe », mais surtout une Europe mieux construite. Cela signifie des liens cohérents, pragmatiques et respectueux de nos projets nationaux. C’est cette vision ambitieuse et équilibrée qui me motive à construire, à ses côtés, une France plus juste, plus libre et plus durable.

 

Pensez-vous qu’Horizons peut réellement peser dans le paysage politique français face aux grands partis traditionnels ?

En politique, rien n’est impossible. On ne s’engage pas simplement parce qu’on pense qu’on va gagner, mais parce qu’on veut gagner et qu’on croit en nos idées.

Je suis convaincu que si nous nous donnons les moyens de proposer un projet ambitieux, concret et tourné vers le long terme, Horizons peut durablement s’inscrire dans le paysage politique français. Notre pays a besoin d’une alternative crédible et novatrice, et ce n’est pas en reproduisant les mêmes schémas qu’on obtiendra des résultats différents.

Horizons incarne cette volonté de renouveler la façon de faire de la politique, avec une vision pragmatique et audacieuse. C’est en sortant des sentiers battus que nous pourrons réellement peser face aux grands partis traditionnels.

 

Comment comptez-vous mobiliser les habitants du Nouveau Rhône pour qu’ils soutiennent le projet politique d’Horizons ?

Pour mobiliser les habitants du Nouveau Rhône, il faut d’abord inscrire durablement Horizons dans le paysage politique local. Comme vous l’avez souligné, Horizons est un mouvement très jeune. Bien que nous ayons réussi en seulement trois ans à rassembler 30 000 adhérents, nous devons poursuivre nos efforts sur le terrain pour convaincre qu’une alternative sérieuse est possible.

Cependant, la politique ne se résume pas à une simple conquête électorale ; c’est avant tout une aventure humaine. Mobiliser, c’est établir des liens authentiques avec toutes les générations, des jeunes aux aînés, et renforcer ce dialogue intergénérationnel unique que la politique permet. Je crois profondément que c’est en allant à la rencontre des habitants, en écoutant leurs préoccupations et en leur montrant que nos projets répondent concrètement à leurs attentes, que nous pourrons mobiliser leur soutien pour le projet d’Horizons.

 

Quels enseignements tirez-vous de votre expérience dans le domaine viticole que vous pouvez appliquer à votre engagement politique ?

Rester humble, rester soi-même et rester juste.

 

Sofiane Dahmani, Chroniqueur

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