Photo de Jeanne Candelier

Voilà des années qu’on promet, loin, dans l’océan Indien,

Des subsides, des renforts, des vivres, de l’eau,

Hier, Jupiter certifiait d’adresser tous ces biens,

Avant-hier, d’activer tous ses réseaux.

Les dieux, à mentir aux mortels,

Sont parjures, ils embrasent le réel,

Ils ne sont à l’abri ni des colères du ciel,

Ni de celles des peuples de tout un archipel.

Sous le règne de Louis-Philippe Ier,

Adriantsoly, dernier sultan de Mayotte,

Vendit son île par ses voisins menacée,

À notre royaume, pour le prix d’une griotte. 

Songez, mille piastres par an, pour un protectorat,

C’est un bien curieux contrat !

Bref, notre île est devenue, 

Le département le plus pauvre de France,

C’est une vérité absolue,

Qu’on doit admettre comme évidence.

Un terrible cyclone vient de frapper cette terre, 

En quelques heures, la voici cimetière.

Depuis des lustres, elle est à l’arrière-plan,

Le cadet des soucis de nos gouvernements.

Voyez de quelle manière on traite ses habitants ! 

Sont-ils des sous-français, de sombres impétrants ? 

Mayotte est le miroir de toutes nos impuissances,

Celui de nos faiblesses, celui de nos complaisances,

De nos désobligeances et de nos indigences.

Mayotte est la honte de la France !

On a tant promis à toutes ces colonies.

Tenir parole oui, cessons la vilénie.

L’immigration est l’une des plaies de l’archipel,

Le phénomène est perpétuel,

Mais le courage n’est pas la vertu cardinale, 

De notre pouvoir central.

Aujourd’hui les Mahorais attendent des actes forts,

Pas des discours, pas des sentences, pas d’anaphores,

Foin de tant de traits de science,