La chronique de Patrick Pilcer
19H00 - dimanche 5 janvier 2025

Visite du ministre des Affaires étrangères à Damas : la poignée de main de la honte ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Les ministres français et allemand des Affaires étrangères ont eu raison d’aller à Damas rencontrer le nouveau pouvoir en place. Les Syriens ont droit à la paix et à la démocratie que la dictature du clan Assad leur refusait depuis des décennies.

S’il y a un espoir d’instaurer une vie démocratique émancipatrice et humaniste en Syrie, il est du devoir de la France et de l’Europe de répondre présents et d’y aider.

S’il y a un espoir de faire reculer la mollachie iranienne, sa volonté de déstabilisation régionale et mondiale et son obscurantisme, il faut en saisir l’occasion. Tout comme il est vital pour la région et le monde de ne pas laisser le président turc Erdogan tenter de relancer l’impérialisme ottoman et s’engouffrer dans la brèche avec comme vecteur idéologique l’islamisme des frères musulmans. La nature a toujours horreur du vide.

Stabiliser la région et instaurer la paix passe par une Syrie débarrassée tant des milices iraniennes que des troupes turques qui attaquent tous les jours les populations kurdes, nos alliés et amis. Une Syrie où les Kurdes, les Druzes, les Alaouites, les Sunnites, les Chiites, les Chrétiens, les Yazedis, les Athées (il n’y a plus de juifs depuis bien longtemps dans ce pays d’apartheid) peuvent vivre en paix, ensemble, en fédérant leurs intérêts ou en choisissant de se séparer et de redessiner les frontières, somme toute très récentes, de leurs territoires, mais sans la tutelle et l’influence d’un pseudo « grand frère » turc, iranien, irakien, ou qatari…

Mais comment Jean-Noël Barrot a-t-il toutefois pu accepter de serrer la main du nouveau chef syrien quand ce dernier refusait ostensiblement de serrer la main de Annalena Baerbock, parce que femme ? Honte à lui !

Au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes, notre ministre aurait dû refuser de serrer la main d’Ahmed el-Chareh. Faute de réflexion préalable et de simple intelligence comportementale, Barrot a permis une diffusion en boucle de cet événement si humiliant pour nos valeurs humanistes.

Que el-Chareh, dans le domaine privé, serre ou non les mains de la gente féminine, qu’il ne considère pas comme pleinement égale une femme avec un homme est son problème psychiatrique personnel.

Que Barrot laisse paraître, devant les caméras du monde entier, une asymétrie entre le respect que l’on doit à un ministre, selon qu’il soit homme ou femme, est une faute politique majeure, et Barrot ne peut s’en laver les mains en arguant de la coutume locale.

Surtout comment un ministre d’un pays humaniste qui prône la laïcité, c’est-à-dire bien sûr le droit de chacun de croire ou de ne pas croire, mais surtout la séparation entre la sphère politique et la sphère dogmatique, a-t-il pu laisser passer cet outrage ?

Le dogme reste dans la sphère privée et n’a pas à interférer avec la sphère publique.

Barrot, s’il se considère comme ministre d’une République laïque, devait afficher une égalité parfaite entre un ministre homme et un ministre femme.

Cela ne fut pas le cas. Il a permis aux télévisions du monde entier de transmettre une image d’inégalité entre les hommes et les femmes, une image d’une poignée de main de la honte !

 

Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers