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19H28 - lundi 13 janvier 2025

Mayotte : une tour de contrôle mobile pour gérer le trafic aérien. La chronique de Magali Rebeaud

 

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido dévastait Mayotte, détruisant en particulier l’aéroport et sa tour de contrôle. Afin d’assurer l’activité aérienne sur la plateforme, l’armée de l’Air et de l’Espace a rapidement mis en place une vigie mobile.

Un mois après le passage de Chido, l’archipel de Mayotte a été placé samedi en alerte rouge, à l’approche de la tempête tropicale Dikeledi. Le trafic aérien a été suspendu samedi à 16h (locale) jusqu’à cet après-midi de lundi. À l’approche déjà, un A400M que les populations connaissent bien désormais.

« Sur la piste, nous avons ramassé quelques débris, mais il n’y a pas de nouveau dommage. Rien à voir avec Chido ! Puis nous avons remonté la vigie que nous avions dû replier à cause des fortes rafales de vent. Et après cette interruption de deux jours et le retour au calme sur le plan météorologique, l’activité a pu être autorisée de nouveau », raconte le lieutenant-colonel Christophe, chef du détachement Air à Mayotte.

 

Une vigie opérationnelle en 24h

Depuis le 14 décembre, l’aéroport Marcel Henry a changé de visage. L’aérogare et la tour de contrôle ont totalement été anéantis. Mais afin d’acheminer l’aide humanitaire et des ressources nécessaires à la population, il était vital que l’activité aérienne puisse reprendre. Comme nous l’écrivions dans nos colonnes, très rapidement l’armée de l’Air et de l’Espace a mis en place un pont aérien entre l’hexagone et Mayotte, via le hub de La Réunion. Trois membres du 25e régiment du génie de l’air ont réussi en quelques heures à dégager la piste, les taxiways et les parkings. Pour assurer l’information de vol et faire poser les 1ers A400M en provenance de la métropole, ils ont en urgence improvisé une vigie sur un camion renversé ; ce qui leur permettait d’être un peu en hauteur. Ensuite, c’est à bord de VT4 (gros 4X4 militaires) arrivés dans le ventre d’un A400M, que des militaires ont assuré le contrôle aérien, avec du matériel un peu plus conséquent. « Puis nous avons déployé une vigie mobile, une sorte de tour de contrôle sur roues s’élevant de quelques mètres. Elle est arrivée, par blocs, le 20 décembre à bord d’un A400M et dès le lendemain, cette vigie mobile déployable du centre d’opération des services de la circulation aérienne (COSCA-D), était pleinement opérationnelle », explique le lieutenant-colonel Christophe.

 

L’armée de l’Air et de l’Espace a déployé une vigie mobile, une tour de contrôle sur roues s’élevant de quelques mètres
© État-major des armées

Pour gérer les allers-retours des A400M, des Casa, des hélicoptères, des appareils d’évacuations sanitaires, puis dès le 1er janvier le trafic commercial, le personnel de l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi a donc repris son service aux côtés des militaires. Au quotidien, un contrôleur civil, un contrôleur de l’armée de l’air, deux sous-officiers spécialistes des systèmes d’information et communication et deux mécaniciens assurent le contrôle aérien et coordonnent les activités civiles et militaires.

Bien que rudimentaire, la vigie mobile permet de gérer le trafic aérien civil et militaire. © État-major des armées

« Nous sommes en mesure de gérer les décollages, les atterrissages, les manœuvres sur les taxiways et sur les parkings. Pour ce faire, nous avons dans la vigie plusieurs radios VHF et UHF, des téléphones et une bulle internet via Starlink. Finalement, nous pouvons assurer quasiment les mêmes fonctions qu’avait la tour de Mayotte ». Habituellement en poste sur la Base aérienne 942 Lyon – Mont Verdun, le lieutenant-colonel Christophe a été envoyé sur le territoire le 28 décembre, avec la mission de prendre le commandement du contrôle aérien et de la gestion du transit du fret et des passagers.

 

Un ballet aérien quasi incessant

« Jusqu’à présent, nous avons chaque jour quatre ou cinq A400M qui atterrissent, avec à leur bord entre 10 et 30 tonnes de fret. Deux sont basés à la Réunion et font un aller-retour par jour. Les autres, en provenance de la base aérienne d’Orléans font escalade Djibouti pour refueler, puis se posent à Mayotte pour y décharger du matériel ».

Aux côtés des A400M, c’est un ballet aérien quasi incessant de Casa, de Dash 8 de la sécurité civile afin d’acheminer des passagers et du fret, d’avions commerciaux gros et moyens porteurs, d’hélicoptères de la gendarmerie ou du secours aérien. Et avec quatre hélicoptères, le groupe SAF (société d’hélicoptères implantée en Savoie) assure aussi du travail aérien et l’acheminement de charges vers des zones difficilement accessibles autrement. Côté civil, les compagnies aériennes Air Austral, Kenya Airways, Ewa Air, Air Corsica et Amelia ont en effet recommencé les liaisons. À tout cela s’ajoute un va-et-vient de drones, utilisés par les forces de sécurité intérieure ou les gendarmes, pour de la reconnaissance. Soit près de 120 mouvements par jour.

La nuit, le trafic aérien est plus calme car encore non autorisé aux vols civils. © État-major des armées

L’aéroport de Mayotte continue ainsi de jouer un rôle crucial dans l’acheminement de l’aide humanitaire et le soutien aux populations affectées par le cyclone. Grâce au pont aérien, un hôpital de campagne complet a par ailleurs pu être convoyé.

Le lieutenant-colonel Christophe ignore encore la date de son retour à la base de Lyon – Mont Verdun. Il gère sa mission au jour le jour. « Notre tour de contrôle mobile permet de gérer le trafic en attendant la reconstruction de la structure permanente. Nous n’avons évidemment pas vocation à rester ici. Mais nous continuerons à servir de lien jusqu’à ce que l’aéroport soit autonome ».

 

Magali Rebeaud,
Journaliste spécialisée Aéronautique, Spatial et Tourisme.

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