Jupiter est le dieu qui gouverne le ciel et la terre,
Du moins le croit-il.
Il pense sa parole fulgurante, somptuaire,
Au fait, qu’en est-il ?
Écoutons donc le pédant Jupin,
S’adressant à nous au soir du trente et un !
Il regrette d’abord d’avoir jeté la foudre sur son assemblée,
D’avoir semé le trouble sur toute sa société,
Au point qu’elle en est divisée.
Il prônait la constance, l’équilibre et la stabilité,
Il n’en a rien été ; encore une fois il s’est trompé !
La fracture est consommée,
C’est son fait, sa responsabilité.
Jupin est le dieu de l’orage, à n’en pas douter,
Nombre d’épiclèses l’identifient au tonnerre,
À ceci près, faut-il l’avouer,
Qu’il est loin de briller comme l’éclair ?
Il parle souvent, beaucoup, trop,
Pas assez pour nous rassurer,
Si bien que son message est démonétisé, brouillé,
Il a perdu toute crédibilité.
Il se veut le garant de nos institutions,
Il parle de haut, tout en surplomb,
Les mortels lui reprochent son aplomb,
Certains plaident pour son abdication,
Bref, tous sont lassés de ses chansons.
Que propose-t-il, dans la plus grande confusion ?
Des réunions, des concertations,
Il faudra bientôt trancher ses questions.
Sous quelles formes, selon quelles modalités ?
Un référendum nous sera-t-il proposé ?
Rien n’est moins sûr et tout est supposé !
Qui peut croire Jupin, il s’est tant désavoué ?
Veut-il vraiment nous consulter ?
Sur quels thèmes et selon quelles visées ?
Rendre la parole au peuple, voici la grande idée,
Elle surgit dans toute époque troublée.
Si nous détenons la vérité,
Nous le ferons savoir à tous les députés !
À trop parler, on gâche sa parole,
On ne ménage plus ses effets.
À trop promettre, à ne jamais tenir,
On croit tromper sans coup férir,
Mais on n’est plus que sa propre dupe,
Et l’on provoque, tous azimuts, la dispute !
Vincent Roy
Ecrivain, critique littéraire et journaliste. Longtemps collaborateur au Monde, il est critique littéraire à Artpress, à Causeur, au JDD et éditorialiste à Cnews et Europe1. Dernier ouvrage paru : Retour à Kensington, roman (Cherche-midi, 2024).
Les Fables du Roy
Rien ne va plus, qu’on se le dise !
Ils osent donc attaquer nos valeurs, le respect, nos bonnes mœurs.
La langue française n’est plus ce qu’elle était.
Lisez Edith puis Aya et vous comprendrez !
Qu’on se le dise, nous ne nous en laisserons pas compter.
La langue est si belle qu’elle éveille un optimisme désespéré.
Au combat lecteurs !
Les Fables sont donc de retour, poésie de la vie et morale des bonnes gens,
Tombées en désuétude parce qu’elles parlaient trop au peuple.
Et tout Roy qu’en est l’auteur et cravaté orange son éditeur,
Ils rappelleront chaque dimanche que la langue de Molière est aussi celle de La Fontaine.
Décidément, nous ne nous en laisserons pas compter !
Michel Taube