La chronique de Patrick Pilcer
16H20 - vendredi 17 janvier 2025

Macron-Bayrou, cela sent furieusement la fin d’une époque. La chronique de Patrick Pilcer

 

Vivement le retour du clivage Droite / Gauche !

Chaque Français est de plus en plus conscient que nous vivons, plus qu’une crise profonde, la fin d’une époque. Tous espèrent que cette fin ne se passe pas dans la douleur, que tout cela ne finisse pas mal…

La fin d’une époque, celle où on a fait croire, celle où on a voulu croire qu’en faisant un pas en avant et un pas en arrière, on était en marche ! J’utilise le pronom indéfini car ce « on », c’est aussi beaucoup d’entre nous, sinon nous tous.

Nous nous sommes bercés d’illusion. Nous en avions collectivement assez de l’affrontement stérile entre une Gauche qui, une fois au pouvoir, met en place une politique de Droite, et inversement. Nous en avions ras le bol de ces politiques choisissant telle ou telle étiquette en fonction de leur probabilité d’être élus.

Ces politiques, qui n’étaient pas pour autant la majorité des élus, ont éloigné les citoyens qui s’engageaient par sincérité et par conviction. Ils ont surtout mis à l’arrêt toute production d’idées, tout foisonnement intellectuel, toute réflexion sur la société française, sur le modèle social, en fait sur les différents modèles sociaux et modes de financement possibles. Ils ont perdu pied avec le réel, et seuls les extrêmes ont continué à réfléchir, à approfondir leurs dogmes, à les maquiller et à échanger avec les Français pour faire pénétrer leurs idées, même les plus néfastes.

Il était fort logique et humain de se dire, d’entendre, de croire que l’on pouvait réunir deux Français sur trois sur des choix communs, puisqu’il n’y avait plus de véritables différences entre les élus des deux bords. Mais nous avons oublié qu’en faisant un pas en avant, un pas en arrière, nous restions immobiles, incapables d’avancer, de progresser, de suivre le rythme de nos partenaires et de nos concurrents. Et lorsqu’on ne progresse pas, on s’effondre !

Or, il est vital de progresser, d’avancer grâce à ses deux jambes, alternativement sur l’une, puis sur l’autre.

 

Dans notre République, dont la devise est Liberté Egalité Fraternité, lorsque la France avance par sa jambe gauche, elle améliore les conditions d’une meilleure égalité entre tous ses citoyens. Plus de justice, fiscale comme sociale. La Gauche a permis des avancées sociétales majeures. Notre jambe gauche est bien musclée. Nous sommes le pays, parmi les grandes nations, où l’écart de revenus entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres est le plus faible, et cela par une politique de redistribution monétaire et non monétaire intense et efficace. On ne peut guère aller plus loin sur le chemin de l’égalité et de la justice, sinon tomber dans l’illusion des politiques collectivistes, voire totalitaires. Bien sûr, le patrimoine des ultra-riches a nettement progressé, pas par leurs investissements en France, malheureusement, mais par ceux qu’ils ont eu la clairvoyance de réaliser dans les zones en forte croissance, en Asie ou aux Etats Unis, mais pas ici. Bravo à eux.

 

Lorsque la France avance par sa jambe droite, elle améliore les conditions d’une meilleure liberté. La bureaucratie de l’Etat est moins présente, moins pesante. On cherche les voies et les moyens pour permettre aux énergies créatrices de développer notre économie. On cherche comment créer plus de richesses, comment augmenter l’assiette de chacun, comment augmenter le gâteau sur l’assiette afin que la part de chacun soit plus importante.

Et jambe Droite comme jambe Gauche ont un tronc commun : la Fraternité, cette belle valeur qui réunit ce qui est épars, qui réconcilie les efforts de la Droite et de la Gauche, de la Liberté et de l’Egalité, et qui permet que nous avancions tous ensemble. La Fraternité met en cohérence l’effort de chaque jambe et oriente notre marche.

La Fraternité s’attache au régalien. Liberté comme Egalité, Droite comme Gauche, ont besoin de la sécurité, sécurité des personnes comme des biens. La Police, la défense et la justice sont des armes qui permettent la Fraternité et la garantissent. L’Éducation aussi, voire surtout, car si nous n’éduquons pas notre jeunesse, si nous ne lui apprenons pas tout simplement à penser, qui le fera ?

La Fraternité, c’est permettre à chacun de comprendre son environnement, de maîtriser les outils à sa disposition, et de ne pas en être esclave. C’est aussi l’éducation continue, la possibilité d’apprendre, de comprendre et de pouvoir agir à chaque moment de sa vie. Notre libération de toutes les formes d’esclavage et la modernité en créent chaque jour ; notre émancipation en dépend.

La Fraternité, c’est aussi la santé, prendre soin de ses proches et de soi et permettre à chacun de vivre le plus longtemps possible dans le meilleur état possible. Cela passe par la recherche et l’innovation. Et bien sûr par la préservation de notre planète.

En fait la Fraternité, c’est être Homme, refuser d’être Cain, c’est accepter d’être le gardien de son frère, ce n’est donc ni de Droite ni de Gauche, comme tout le champ du régalien. Victor Hugo, dans la Légende des siècles, écrivait « l’œil était dans la tombe et regardait Cain »…

 

Tout cela grâce aussi à un principe partagé, celui de la Laïcité dont nous fêtons cette année les 120 ans de la loi de 1905. La Laïcité, c’est la séparation des églises et de l’Etat. Dis autrement, c’est le refus que le dogme, quel qu’il soit, n’entre dans le champ politique, qu’il interfère avec la vie de la cité. La Laïcité, c’est se protéger de la volonté affichée des dogmes de mettre la main sur nos vies. Et ces dogmes, ce sont aujourd’hui aussi bien l’islamisme, le wokisme, l’essentialisation, le suprémacisme, le racisme, l’antisémitisme, des dogmes qui mènent à la haine de l’autre parce que autre, au séparatisme et à la guerre…

 

L’erreur que Giscard avait commencé à théoriser, dans son livre Démocratie Française, l’erreur que Bayrou avait prolongé par ses tentatives politiques de tuer l’UDF et de se rapprocher du PS, l’erreur que Macron a porté au pouvoir suprême grâce à son talent réel de séducteur et de brillant acteur, est d’avoir cru que nos deux jambes pouvaient avancer d’un même pas. Erreur grossière qui a séduit les électeurs lors de deux présidentielles, même si les costumes de Fillon et la guerre en Ukraine ont participé grandement aux résultats.

Ce « en même temps » nous a menés à une impasse, face au mur. Chacun se rend compte que le mouvement impulsé par Bayrou et Macron aux jambes du pays nous fait trébucher. Nos jambes vacillent et la seule solution est de s’appuyer sur des béquilles, mais nous ne pouvons plus avancer.

Il est grand temps de sortir de cette impasse et d’éviter l’effondrement final. Il nous faut retrouver le véritable équilibre, celui d’une impulsion alternativement par chaque jambe, aussi musclée l’une que l’autre.

Pour cela, il faut que la Droite et la Gauche travaillent bien plus en profondeur leurs idées et leurs programmes, que les extrêmes ne soient pas les seuls à réfléchir et à proposer aux Français leurs solutions. L’immobilisme et le « en marche arrêt » nous projettent à terre, les extrêmes nous enfoncent vers les ténèbres les plus profondes. La réflexion et le travail de la Droite et de la Gauche sont de nous aider à nous relever et à nous tirer vers le haut. À être debout, à avancer, à nous améliorer.

 

J’écrivais plus haut que notre pays est déjà très avancé en matière de justice fiscale et sociale, on ne peut pas vraiment aller plus loin, sauf à entrer dans un collectivisme d’un autre âge et dans la spoliation, destructrice de valeur, de ce qui nous fait société et nation.

Par contre il est urgent de créer plus de richesses, de travailler plus et mieux, de permettre à plus de personnes de travailler et de participer à notre économie, plus longtemps et en meilleure santé, de produire plus et mieux, de chercher plus et mieux, d’innover plus et mieux. Il est urgent de développer l’économie de notre pays, de doper tous ses secteurs. C’est par la jambe Droite qu’il nous faut reprendre le mouvement.

Alors travaillons tous au retour du clivage Droite Gauche, un clivage qui n’est en fait qu’une nécessité physique, humaine, sans lequel nous nous contenterons de regarder le monde avancer sans nous, appuyés sur nos béquilles, et nous finirons par nous effondrer, à bout de forces, au moindre grand vent…

Vive la République, Vive la France !

 

Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers