La chronique de Patrick Pilcer
16H58 - mardi 28 janvier 2025

Hausse du chômage, baisse de la croissance, déficits abyssaux… Le gouvernement Bayrou littéralement submergé ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Après 50 ans de déni, François Bayrou évoque à présent un risque de submersion en matière d’immigration. Il reprend avec d’autres mots la théorie des années 1970-1980, celle sur le « seuil de tolérance », une théorie nauséabonde qui tentait de justifier la xénophobie, la haine des étrangers. Mais les mots qu’emploient Bayrou n’en demeurent pas moins ceux de l’extrême droite, celle d’hier comme d’aujourd’hui !

Malheureusement, François Bayrou n’appelle toujours pas un chat un chat.

Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde, disait Albert Camus. Le problème n’est pas l’étranger. Le Gabonais qui vient faire ses études d’ingénieur à Toulouse ou le médecin Marocain qui vient travailler aux urgences du CHU de Nancy ne posent pas de problème.

Les deux mineurs qui ont lâchement poignardé le jeune Elias, les influenceurs qui relaient la haine de la France sur leurs réseaux sociaux, les islamistes qui aimeraient transformer la France en terre de Djihad, les élus de la Nation qui soutiennent la barbarie, le terrorisme et apporte leur soutien à ceux qui appellent à l’intifada en France, ce sont eux qui posent problème. Le problème n’est pas l’étranger, l’immigré, l’autre, mais ceux, Français ou non, qui rejettent notre modèle républicain !

C’est cela que le Premier ministre aurait dû cibler ! Il faut qu’il ajoute ensuite que ceux qui refusent d’adhérer à nos valeurs républicaines, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, et au principe ciment de la République Française, la Laïcité, peuvent quitter notre territoire. Et s’ils commettent des crimes ou des délits, ils doivent quitter la France, ils n’ont rien à faire ici ! Le problème réel devient alors comment traiter les Français qui ne respectent plus notre République, qui se mettent en rupture avec notre modèle et aimeraient nous détruire, comment agir face à ces séparatistes ? Mais là, Bayrou est submergé !

Il aurait dû approfondir ensuite son propos et évoquer notre nécessaire réarmement dans la lutte contre les ennemis de la République et dans la fortification de notre modèle de société, un modèle bâti sur le rejet de toute influence de tous les dogmes, religieux comme wokistes, dans la sphère publique.

La République refuse de réduire le citoyen à une seule dimension, que ce soit sa religion, sa famille ou son lieu de naissance. La République Française est par essence multidimensionnelle, elle n’essentialise jamais. Elle prône au moins quatre dimensions, portées par ses hautes valeurs républicaines. Il aurait également dû développer son discours sur ce réarmement en commençant par l’Ecole, puis continuer en parlant non pas du travail mais de l’effort ; cette autre valeur sans laquelle on ne peut rien construire dans la durée.

Si Bayrou avait tenu ce langage de vérité et de courage, un discours difficile, il aurait fait mouche car c’est ce que la très grande majorité des Français non seulement ressentent mais pensent !

Ce ne fut pas son choix, il a préféré céder à la facilité et reprendre les mots et les idées de l’extrême droite, légitimant ce faisant leur discours de haine, un discours qui est une autre forme de séparatisme.

Mais pourquoi ?

En focalisant l’attention des commentateurs sur la reprise des mots de l’extrême droite, Bayrou pense d’abord parler aux électeurs séduits par le discours populiste et simpliste. « Regardez, moi aussi je pense comme vous ». Lourde erreur !

Mais surtout, Bayrou cherche à ce que les Français ne s’aperçoivent pas de tous ses propres renoncements économiques et de la triste réalité de nos comptes publics : notre chômage augmente, notre croissance s’effondre, notre déficit continue de plonger, et notre dette explose !

L’une des rares réussites d’Emmanuel Macron, porté au pouvoir par les trahisons de François Bayrou, Edouard Philippe et Bruno Le Maire, entre autres, fut la remise sur les rails de l’économie française et la trajectoire qu’il avait insufflée au pays vers le plein-emploi. Le Maire avait commencé à trahir ses engagements et son devoir de ministre en laissant les dépenses, les déficits et la dette exploser. Macron est à présent trahi par Bayrou qui casse cette dynamique sur l’emploi pourtant très saine et nous renvoie à la triste époque des hausses de chômage et de destructions d’emploi…

Jusqu’alors, Bayrou envoyait ses Inconnus au casse-pipe, ces ministres sortis de l’anonymat, et qui y retourneront très vite, qui s’essaient à la comédie. L’un veut habituer nos entreprises à être moins rentables, prétend que toutes les agences de l’Etat sont utiles, qu’il n’y a pas de « gaspi », qu’on ne peut réduire les dépenses publiques, l’autre veut augmenter le coût du travail, augmenter le coût de l’apprentissage, et serrer la ceinture « aux retraités qui peuvent se le permettre », à partir de 2000€ ! Tout cela en cherchant à dissimuler qu’à un moment où l’activité économique chute, où les défaillances d’entreprise se multiplient, toutes ces mesures sont récessives et amplifient la crise économique. Le ministère du travail va redevenir le ministère du chômage ! Quel gâchis !

Or il y a des solutions pour sortir de la crise économique actuelle. Il faut diminuer nos dépenses publiques ! Pas toutes les dépenses, pas nos dépenses d’investissement mais nos dépenses de fonctionnement qui ont littéralement explosé ces trois dernières années. Parallèlement, il faut continuer à réduire le coût du travail, exonérer les salaires et pensions de CSG, diminuer les coûts de production de nos entreprises, geler voire supprimer les normes abusives, augmenter la TVA, supprimer les subventions comme celles à Terre d’Asile ou Coallia, réduire l’Aide Médicale d’Urgence. D’ailleurs qui a noté que depuis que Bayrou est à Matignon, le gouvernement n’aborde plus du tout la nécessaire baisse de l’AME ? Cela risquerait de gêner le PS de ne plus rembourser le recollement d’oreille et renvoyer Bayrou s’occuper vraiment de Pau…

Pour cela il faut du courage, ouvrir les yeux et dire la vérité !

Bayrou a choisi de plonger dans le grand bain en forçant la main du Président pour obtenir sa nomination. Il se rend compte aujourd’hui qu’il ne sait pas vraiment nager et se raccroche à toutes les bouées à sa portée, les concessions économiques pour obtenir le soutien du PS ou la reprise des théories nauséabondes d’extrême droite pour avoir sa bienveillance. Il en est même à tenter de blanchir Marine le Pen et le RN avant le rendu du procès sur les assistants parlementaires.

Pitoyable !

Il nous faut très vite non pas un maître nageur mais un gouvernement qui gouverne ! Un gouvernement qui donne un cap clair, qui tienne sa route par vents et marées, qui tienne vraiment le gouvernail, qui navigue à la fois à vue et grâce à tous les instruments à sa disposition. Un gouvernement qui amène notre beau pays à bon port ; et le plus vite possible, en septembre une majorité libérale de Centre et de Droite pour épauler ce gouvernement et ramer dans le même sens !

Lorsque l’eau nous submerge, mieux vaut fermer la bouche, avoir le geste juste et garder les yeux ouverts pour remonter très vite sur le bateau et ne pas être emporté par les flots. Comme dit la parabole, malheureusement, ils ont des yeux pour voir mais ne voient pas…

 

Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers