Une véritable petite révolution s’est produite au Moyen-Orient depuis un mois. La chute du régime Assad en Syrie, l’élection d’un président de la République au Liban, l’affaiblissement du Hezbollah, le cessez-le-feu certes fragile entre le Hamas et Israël, la prise de fonction de Donald Trump à la Maison Blanche ont profondément bousculé les rapports de force, les perspectives et, pour tout dire, les espoirs de paix au Moyen-Orient.
Le cessez-le-feu à Gaza prévu en trois étapes, loin d’être assuré qu’il ira à son terme, devrait, au bout du tunnel, ouvrir une perspective de paix entre la Palestine et Israël. Avec le Hamas, organisation terroriste et islamiste, qui domine encore très largement la Palestine pour preuve les démonstrations de force qui entourent la libération sauvagement orchestrée des otages, la paix sera impossible.
Mais cette nouvelle donne géopolitique relance l’espoir d’un nouvel équilibre, dusse-t-il être celui de la terreur et dont l’aboutissement, peut-être imminent, pourrait être la signature des Accords d’Abraham par de nouveaux Etats, dont l’Arabie saoudite.
Le Liban pourrait donner des idées aux Palestiniens : avec un Hezbollah affaibli militairement et politiquement, on peut même espérer que les ennemis d’hier, Israël et le Liban, se rapprochent pour faire du business ensemble, pacifier leurs relations, et offrir aux Libanais un avenir empreint de modernité et de culture. L’auteur de ces lignes a toujours pensé que les Libanais et les Israéliens ont de multiples accointances possibles et un même rapport, chacun a sa manière, à la modernité et à la liberté.
La reconstruction de Gaza et l’édification d’une Palestine sécurisée et homogène pourraient mobiliser les moyens gigantesques dont disposent les pays du Golfe, les Etats-Unis et l’Union européenne, pour assurer un développement digne aux Palestiniens en échange de leur abandon de toute soumission à la dictature islamiste du Hamas. Osons rêver un peu…
Petit historique des Accords d’Abraham
Pour comprendre pourquoi les lignes peuvent encore bouger dans les mois et les courtes années à venir, il faut revenir sur les conditions qui ont amené à la signature surprise des accords d’Abraham en 2020…
Lorsque Donald Trump fut élu pour la première fois à la présidence des Etats-Unis en novembre 2016, nombreux étaient ceux, notamment en Europe et plus spécialement en France, qui annonçaient l’apocalypse. Non seulement elle n’eut pas lieu, mais l’original président d’une Amérique promise à devenir great again, aurait mérité le Prix Nobel de la paix pour avoir initié les accords d’Abraham, étape clé dans la réconciliation des cousins juifs et musulmans descendant du patriarche biblique. La bien-pensance internationale avait naguère préféré en gratifier son prédécesseur Barak Obama, pour n’avoir rien fait : Yes we can ! Pas grand-chose, en fait.
Alors que l’Arabie saoudite s’apprêtait à emboîter le pas aux signataires émiratis et bahreïniens desdits accords, auxquels s’ajoutèrent le Maroc et le Soudan par traités bilatéraux, le Hamas perpétra en Israël dans des kibboutz proches de Gaza, tous de gauche, voire franchement propalestiniens, et au festival de musique Nova, aussi pacifiste que son célèbre ancêtre de Woodstock, des massacres dont la barbarie surpassa à certains égards celle des nazis, en ce qu’ils furent ostensiblement commis avec fierté et fascination haineuse et sanguinaire. Leurs collègues du Hezbollah se préparaient à imiter les bouchers de Gaza à une échelle encore supérieure, avant que leurs beepers ne les trahissent.
L’intention de ces « résistants et combattants de la liberté », comme la mélenchonie collabo de l’islamisme en France et véritable porte-voix du Hamas aime à les qualifier, était bien de commettre un génocide, à savoir l’extermination méthodique d’un entier groupe ethno-culturel. Si l’accusation s’est rapidement retournée contre la victime, l’obstination des extrêmes gauches occidentales et l’activisme de la mouvance propalestinienne n’eurent que peu d’impact sur la « rue arabe », celle qui ici tient en respect Emmanuel Macron.
En Occident comme dans le monde arabo-musulman, elle ne montra guère de solidarité avec les frères palestiniens, las peut-être d’être perpétuellement incitée à guerroyer pour leur cause. Pour que le calme perdure, les dirigeants arabes entonnèrent quelques couplets belliqueux sur Israël et le vilain Netanyahou, et reprirent en chœur les absurdes accusations de génocide initiées par la Turquie et l’Afrique du Sud, amplifiées par l’Iran et abondamment relayées dans la « communauté internationale », même au sein des démocraties européennes comme la Belgique, l’Espagne ou l’Irlande. On n’est jamais trop prudent avec 2 milliards de musulmans !
Pourtant, aucun pays signataire des accords d’Abraham ne les remit en cause. Certes, après le triomphe de Donald Trump aux élections de novembre 2024, les pays arabo-musulmans nous gratifièrent d’un grand show unitaire à Ryad, le 11 novembre 2024, l’Arabie saoudite allant jusqu’à embrasser l’ennemi, le vrai ennemi et danger pour elle-même, la région et le monde qu’est l’Iran des Ayatollahs, a fortiori doté de l’arme nucléaire. Le baiser de la mort, peut-être, car chacun sait que les pires inimitiés sont celles opposant des frères ennemis, ici sunnites et chiites. Quelques semaines auparavant, le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salman, aurait pourtant indiqué au secrétaire d’État américain Antony Blinken qu’il « ne se soucie pas personnellement de la question palestinienne » mais doit faire semblant du contraire pour amadouer sa fameuse rue arabe.
Les Palestiniens donc. Les massacres du 7 octobre 2023 auraient été perpétrés pour rappeler au monde, et tout spécialement à l’Arabie saoudite, qu’il ne pourra jamais y avoir sur leur dos de réconciliation entre Israël et le monde arabe. Et bien que le prince héritier de Ryad conditionne une normalisation de ses relations avec Israël à un processus en vue de créer un Etat palestinien, il semble acquis qu’il n’attendra pas l’aboutissement de ce processus pour franchir le Rubicon. La raison en est fort simple : « From the river to the sea » !
From the river to the sea
À l’instar du Hamas, la Palestine imaginée et exigée par l’Autorité palestinienne, le Fatah et le milliardaire corrompu Mahmoud Abbas, a vocation de remplacer Israël. La carte de la Palestine, le discours officiel, l’endoctrinement de la population dès la petite enfance, en passant notamment par les manuels scolaires scandaleux de l’UNRWA, que nous avions dénoncés à l’été dernier, organisation aujourd’hui interdite en Palestine, tendent à imposer ce grand projet aussi irréaliste qu’illégitime. Irréaliste, du fait des rapports de force et de l’impossibilité de vaincre une puissance nucléaire sans prendre le risque de disparaître soi-même. Illégitime, car le lien étroit entre le peuple juif et la terre d’Israël est bien plus ancien que l’islam et le christianisme.
Ni Moïse, ni Jésus ne portaient le keffieh palestinien.
Le 30 octobre 2024, l’ancien président américain Bill Clinton asséna très diplomatiquement quelques vérités à des sympathisants de la cause palestinienne lors d’un meeting de soutien à Kamala Harris dans le Michigan. Initiateur, acteur et témoin direct des négociations entre le dirigeant palestinien Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ehoud Barak à Camp David, en juillet 2000, il rappela qu’en échange de la paix, Israël avait notamment offert 96 % de la Cisjordanie, 4 % du territoire israélien et Jérusalem-Est.
Arafat refusa et déclencha la seconde « intifada », prétextant la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, esplanade pourtant aussi sacrée pour les Juifs sous l’appellation de Mont du Temple. Les enragés de la cause palestinienne devraient visionner cette intervention, même si on se doute que leur idéologie l’emportera sur le réel, dont Bill Clinton est le témoin le plus crédible.
En 2008, une proposition analogue fut faite par Ehud Olmert à Mahmoud Abbas, successeur d’Arafat. Elle reçut la même réponse.
Les Palestiniens, d’abord leurs dirigeants mais hélas aussi la majorité de la population, n’ont jamais été pour la solution à deux Etats qu’ils feignent de réclamer. Lorsqu’elle leur est offerte, ils la rejettent. À l’instar du Hamas et des islamogauchistes qui braillent « from the river to the sea », ils veulent tout.
Les pays arabo-musulmans qui ont signé les accords d’Abraham, et avant eux l’Egypte et la Jordanie (laquelle pourrait devenir un jour l’Etat palestinien, si lesdits Palestiniens campent sur leurs positions et si Trump va au bout de quelques idées récemment formulées) ont fini par se résigner à l’existence d’Israël et ont compris qu’ils n’avaient rien à en redouter, bien au contraire.
L’Arabie saoudite rêve de grandeur, et veut mener à bien son plan Saudi Vision 2030 avec des projets ambitieux, notamment Neom, cette ville futuriste, qui ne peut prospérer dans un climat de guerre. Face à une Amérique de plus en plus isolationniste, une Europe déclinante, une Russie belliqueuse et une Chine prédatrice, la réconciliation et la coopération des descendants d’Abraham seraient leur meilleur gage de sécurité et de prospérité.
Les Palestiniens feront les frais de cette grande réconciliation que s’ils persistent à ne pas le comprendre. Ils n’auront pas d’Etat en guise de récompense pour les méfaits du 7 octobre 2023. Ils auront au mieux une ouverture de pourparlers qui ne pourront aboutir sans une vraie reconnaissance d’Israël dans des frontières qui lui permettraient de se défendre, et sans que ses symboles les plus sacrés, à commencer par le mur des lamentions à Jérusalem, ne passent sous souveraineté palestinienne ou contrôle international.
Le futur Etat palestinien serait démilitarisé aussi longtemps que l’idée de détruire Israël et de jeter les Juifs à la mer n’aura pas été définitivement extirpée des esprits et aussi longtemps que le Hamas dominera sur les Palestiniens.
Quant à Israël, société profondément divisée par la nouvelle donne qu’ont créée ce crime contre l’humanité et cette déclaration de guerre du 7 octobre, il faudra aussi que le personnel politique fasse le ménage et écarte les plus extrémistes de leurs dirigeants, eux aussi religieux, voire que Benyamin Netanyahou, qui ne sera pas éternel, daigne enfin céder le pouvoir. Mais ce sera au peuple israélien d’en décider et à nul autre.
La normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite et au-delà, l’extension à la majorité des pays arabes des accords d’Abraham, pourront contribuer à écarter les islamistes, comme ce fut le cas récemment au Liban avec le Hezbollah, en attendant la chute du régime Iranien, qui pourrait bien sceller la fin de la belligérance dans la région, et peut-être le déclin de l’islamisme radical dans le monde. La gauche radicale devra alors se trouver d’autres clients et amis. Mais c’est une autre histoire…
N’en déplaise aux faiseurs de haine, les Accords d’Abraham ont de l’avenir ! Qu’on se le dise…