Edito
09H10 - jeudi 13 février 2025

Bruno Retailleau, une ambition présidentielle. L’édito de Michel Taube

 

Bruno Retailleau est donc candidat à la présidence de « LR ». On peut parler de double LR : Les Républicains aujourd’hui, « La République » en 2027 ?

Bruno Retailleau est peut-être la dernière chance pour les orphelins de la droite et du centrisme d’éviter qu’un duel de second tour de la présidentielle Marine Le Pen – Jean-Luc Mélenchon ne vienne ruiner la France en 2027. 

Depuis sa nomination au ministère de l’Intérieur, le Vendéen ne plane pas sur un nuage : il a pris les commandes d’un hydravion qui est en train de se muer en Concorde. En tout cas, le décollage est pleinement réussi.

Sa trajectoire politique, marquée par une ascension méthodique et une fidélité sans faille à ses convictions, vient d’être consacrée par Le Trombinoscope, qui l’a élu « personnalité politique de l’année 2024 ». Une reconnaissance qui illustre son influence grandissante et la place centrale qu’il occupe désormais dans le paysage politique français. 

Le ralliement de Xavier Bertrand à Bruno Retailleau constitue une prise de guerre décisive. Chantre d’un gaullisme social, favorable à une déconcentration de l’Etat, Xavier Bertrand était jusqu’alors une voix dissonante au sein d’une droite en mal d’unité. Son soutien à Retailleau est le signe d’un potentiel de séduction élargi aux centristes et aux réformateurs, une étape indispensable pour toute ambition présidentielle.

 

Un homme à découvrir

L’homme de la Place Beauvau n’est pas un inconnu. Né en Vendée dans une famille de négociants en grains, il grandit dans le bocage vendéen, baigné par la culture du Puy du Fou, dont il devient l’un des metteurs en scène et gestionnaires aux côtés de Philippe de Villiers. Passionné d’équitation et diplômé de Sciences Po Paris après une maîtrise de sciences économiques à Nantes, il s’engage très jeune en politique en devenant le bras droit de Villiers avant de prendre son indépendance.

Sénateur, président du conseil général de Vendée, patron du groupe LR au Sénat, il a gravi tous les échelons, avec une constance de valeurs pour les uns, idéologique pour les autres, qui en fait aujourd’hui l’un des derniers représentants d’une droite conservatrice assumée, mêlant fermeté régalienne et volonté de décentralisation.

 

Pourquoi maintenant

Bruno Retailleau ne pouvait retarder sa candidature à la présidence des Républicains car, selon nos informations, Laurent Wauquiez s’apprête à se lancer, et ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas tant le leadership d’un parti affaibli que la construction d’un piédestal pour la conquête de l’Élysée. La droite républicaine a besoin d’un chef, mais surtout d’un cap clair. Retailleau incarne une certaine rigueur, mais saura-t-il être un stratège capable de rallier l’ensemble des droites pour éviter un scénario à la 2022, où aucun candidat issu de LR n’avait franchi le premier tour ?

Dans son courrier adressé aux militants LR, il a affirmé vouloir « donner une incarnation » à la droite pour la faire gagner, et faire au sein du parti ce qu’il applique au ministère de l’Intérieur : « parler vrai et agir vite ». Il veut axer son programme sur « l’ordre », la lutte contre « le laxisme qui tue » et « l’assistanat qui rabaisse ». Mais dans une droite éclatée, il a aussi promis d’éviter une « nouvelle guerre des chefs » et s’est positionné comme un candidat du rassemblement plutôt que de la division, une posture qui pourrait peser dans les mois à venir.

Une chose est sûre : plus tôt la bataille WAuquiez – Retailleau sera tranchée, plus tôt les forces centrales du pays pourront s’organiser pour tenter d’éviter l’affrontement final annoncé entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

 

Peur sur le Rassemblement national

Depuis plusieurs mois, Bruno Retailleau gêne Marine Le Pen, et c’est précisément pourquoi nous sommes convaincus que La France Insoumise et le Rassemblement National tenteront d’orchestrer la chute du gouvernement pour couper l’aura dont bénéficie Bruno Retailleau Place Beauvau.

On se souvient du destin de Nicolas Sarkozy dont l’omniprésence médiatique sur le régalien lorsqu’il était ministre de l’Intérieur avait servi sa course à l’Elysée.

À son tour, le ministère de l’Intérieur confère à Bruno Retailleau une visibilité et une autorité qui le placent comme l’un des rares à pouvoir rivaliser avec la présidente du RN sur les thématiques de sécurité et d’immigration. S’il venait à perdre son poste, il lui faudrait rebondir immédiatement, sous peine de voir son ascension stoppée net.

 

Libéral conservateur

Reste la question du projet. Au-delà des postures et des discours de fermeté, quelle ambition pour la France ? Le régalien est une priorité absolue, mais la libéralisation de l’économie, la simplification administrative, la réforme profonde d’un État trop lourd et trop centralisé, l’ancrage de la France dans une ambition européenne tout en réformant profondément l’Union sans céder aux Frexiteurs des extrêmes, seront-elles dans les priorités de Retailleau ? A-t-il la carrure pour porter une véritable refondation de la droite (et de la France ?), capable d’offrir une alternative crédible et attractive face aux extrêmes ?

​​Bruno Retailleau consulterait très régulièrement François Fillon. Rappelons que son programme économique en 2017 était selon tous les acteurs économiques sérieux le meilleur pour la France. Enfin une vision libérale (et non moins sociale) de l’économie, de la création de valeur et de la libération des énergies. Espérons que Bruno Retailleau saura s’en inspirer !

“Et si c’était lui”, titrait pertinemment Valeurs Actuelles. La route vers 2027 est encore longue, mais une chose est certaine : Bruno Retailleau est désormais un acteur majeur du jeu présidentiel. Il ne lui reste plus qu’à convaincre qu’il peut être plus qu’un homme de combat : un homme d’État.

 

Michel Taube

 

 

Directeur de la publication

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