l'ITW politique
11H49 - lundi 17 février 2025

L’ITW politique de Robert Ménard : « Marier cet OQTF, c’était le rendre définitivement inexpulsable ! »

 

Monsieur Robert Ménard, merci d’avoir accepté de répondre à Opinion Internationale. Vous serez auditionné demain par la justice pour avoir refusé de marier un Algérien sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) ? Pourquoi avez-vous refusé de célébrer un tel mariage ?

Robert Ménard : En tant qu’officier d’état civil, j’en suis conscient, j’aurais dû célébrer ce mariage car je me dois de respecter la loi. Mais en même temps, en tant qu’officier de police judiciaire, je me trouve dans une situation où je suis responsable de la sûreté de ma ville. On me demande de marier quelqu’un qui est sous le coup d’une OQTF. Ce n’est pas moi qui l’ai décidé, c’est l’État qui, aujourd’hui, oblige cet individu à quitter le territoire français. Et c’est là que je me retrouve face à une situation absurde : l’État me donne des injonctions contradictoires insupportables.

Pire, il faut bien mesurer que si j’avais célébré ce mariage, la personne en OQTF n’aurait plus été expulsable. Ce mariage ne servait qu’à contourner les lois de notre pays et à rendre irréversible le maintien sur le sol français de personnes qui ont enfreint nos lois. Ce genre de mariage, je ne peux pas l’accepter.

 

On marche sur la tête ?

Pire, on baigne dans l’hypocrisie ! Certains élus m’ont suggéré de faire marier cet OQTF par un de mes adjoints, de le faire discrètement, en catimini. Comme ça, personne n’en parlerait. Mais je ne veux pas ! Je ne veux pas qu’un maire comme moi soit obligé de marier quelqu’un qui doit normalement quitter la France. Cela n’a aucun sens.

Pire, je risque des sanctions qui peuvent être lourdes : jusqu’à cinq ans de prison, 75 000 euros d’amende, et même la déchéance de mes droits d’éligibilité. C’est d’autant plus aberrant que le surlendemain de mon audition du 18 février prochain, il y aura un débat au Sénat le 20 février pour revenir sur cette obligation imposée aux maires de marier des personnes en situation irrégulière. C’est un vrai comble : je vais être jugé et peut-être condamné juste avant le vote d’une loi qui pourrait changer la donne.

 

Opinion Internationale appelle les 35 000 maires de France à refuser de marier des OQTF. Que pensez-vous de cet appel ?

J’espère que mes collègues maires suivront ma position. Il faut qu’il y ait un mouvement large. Nous ne pouvons pas accepter de marier des personnes qui sont en situation irrégulière. Si tous les maires de France se lèvent et disent non, cela aura un vrai impact. Il faut que ce soit un mouvement d’ensemble, car la France, ce sont 35 000 maires. Nous avons le pouvoir de changer les choses.

 

Le gouvernement a renforcé son discours sécuritaire ces derniers mois. Ce climat ambiant appelant à un retour du régalien a-t-il des conséquences pour vous dans la gestion de la sécurité à Béziers ?

J’espère surtout que ce discours se traduira par des actions concrètes, notamment en donnant plus de pouvoirs à la police municipale. Aujourd’hui, un policier municipal ne peut pas accéder à certains fichiers, ni demander des papiers d’identité sauf en cas de flagrant délit. Cela n’a aucun sens. Les policiers municipaux, qui sont les premiers à intervenir sur le terrain, doivent avoir les moyens d’agir efficacement. Je discute actuellement avec des parlementaires pour donner aux policiers municipaux les pouvoirs dont ils ont besoin pour mieux lutter contre la délinquance.

 

Nous finissons nos interviews politiques par « la question langue de bois ». Je vous en soumets deux : êtes-vous candidat à votre réélection à Béziers l’année prochaine ?

Je serai bien sûr candidat à ma réélection en 2026.

 

Pourriez-vous être candidat à la présidence de la République en 2027 ?

Je ne le crois pas.

 

Michel Taube