l'ITW politique
09H47 - mardi 18 février 2025

« Oui, c’est un véritable programme électoral que je propose pour Paris » : l’ITW politique de Rodrigo Arenas

 

Opinion Internationale : Bonjour Rodrigo Arenas, merci d’avoir accepté de répondre à Opinion Internationale. Vous êtes le député de la dixième circonscription de Paris, membre de La France Insoumise, ancien président national de la FCPE.

Le Nouveau Front populaire est-il mort ?

Rodrigo Arenas : Je pense que si le Front populaire est un accord électoraliste, alors non, il n’a pas d’avenir. Mais si ce Front populaire consiste à rassembler les humanistes, les progressistes et ceux qui croient dans les valeurs de la République, alors oui, il peut avoir un avenir. Ce qui est essentiel, c’est de proposer une alternative, de ne pas se contenter de critiquer mais de bâtir une vision claire pour l’avenir de la France. Ce sont les vrais enjeux de demain.

 

Vous travaillez sur les dangers que les écrans représentent pour les enfants. Quel est votre bilan du Sommet mondial pour l’action sur l’intelligence artificielle qui s’est déroulé la semaine dernière ?

Ce sommet a montré que l’intelligence artificielle est un enjeu mondial majeur, mais la France et l’Europe n’ont pas encore la position qu’elles devraient avoir face aux géants de l’IA comme les États-Unis ou la Chine. Pour nos enfants, l’accès à certaines technologies, comme l’IA, peut être un danger. Par exemple, de plus en plus d’applications éducatives et d’outils en ligne, comme ceux développés par des géants du numérique, peuvent avoir des effets pervers sur leur développement, en exposant des jeunes à des contenus inappropriés ou en manipulant leur perception de la réalité.

Je pense qu’il est impératif de repenser la régulation de l’IA pour protéger nos enfants, car aujourd’hui, il n’existe pas de cadre suffisamment strict pour encadrer ces technologies et leur utilisation en milieu scolaire.

 

Gabriel Attal a déposé une proposition de loi de réforme de la justice des mineurs. La peine, en cas de délit grave et de crime, n’est-elle pas une mesure éducative, certes pas la seule, mais indispensable et la plus urgente possible dès la commission des faits ?

Je suis en désaccord avec la proposition Attal. Je pense que la justice des mineurs doit avant tout être éducative, et non punitive. Bien sûr, une sanction a une fonction éducative, il est important de poser des limites à un enfant ou à un jeune pour lui faire prendre conscience des règles qu’il a enfreintes.

Mais ce que je reproche à Gabriel Attal et à la doctrine sécuritaire qu’il incarne, c’est qu’il oublie les moyens nécessaires à la réhabilitation. Les juges et les services éducatifs manquent cruellement de ressources humaines, matérielles et financières pour appliquer efficacement les sanctions. En l’absence de ces moyens, on risque de tomber dans une vision uniquement punitive qui ne résout pas le problème de fond. La France a besoin d’une justice qui permette à nos jeunes de se réinsérer et de comprendre les conséquences de leurs actes, tout en leur donnant les outils pour se réhabiliter.

 

Elisabeth Borne a donc validé un programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité (EVARS) qui sera applicable dès la prochaine rentrée scolaire de septembre. Quelle est votre position sur ce sujet ? N’est-ce pas scandaleux d’attacher ces termes, vie affective et relationnelle d’un côté, sexualité de l’autre ?

Rodrigo Arenas : Je suis pleinement favorable à ce programme. L’école doit être un lieu d’éducation à la vie affective et sexuelle. C’est un sujet fondamental, car il touche directement au bien-être des enfants et à la prévention des violences sexuelles, qui se produisent majoritairement au sein du foyer. Ce programme permet d’éduquer les enfants à la notion de consentement, au respect des corps, de leur corps, et ce qu’ils peuvent attendre d’une relation saine et respectueuse. De plus, c’est aussi un moyen d’aider les jeunes à s’exprimer sur des sujets parfois tabous, à mettre des mots sur ce qui est interdit, et à libérer la parole des victimes de violences intrafamiliales. Je crois que l’école doit jouer un rôle central dans ce domaine.

 

Pour conclure, comme à notre habitude, « la question langue de bois » : vous avez publié un opuscule « Paris à hauteur d’enfant ». C’est une déclaration d’amour à Paris ou un acte de candidature à la mairie de Paris ?

Si on réfléchit Paris à hauteur d’enfants, alors on la réfléchit pour tout le monde. Et c’est cette logique-là qui m’a motivé pour produire un texte très détaillé et très fouillé.

 

Mais c’est un véritable programme électoral en vue des élections municipales ?

Oui, parce que si cela avait été une simple déclaration d’intention, j’aurai rédigé un manifeste. Là je veux proposer une vision concrète, palpable de Paris. Je ne vous donnerai qu’un exemple : je suis pour que le périphérique soit entièrement vidé de ses voitures car il est une véritable coupure entre Paris et sa banlieue, et je pense qu’il est grand temps de repenser son rôle dans l’aménagement de la ville. En le transformant en forêt urbaine, nous pourrions créer un véritable espace de transition, un lien entre Paris et la banlieue, tout en améliorant la qualité de l’air et en offrant de nouveaux espaces verts à la population. C’est aussi une façon de rétablir une certaine équité, car les habitants des quartiers périphériques souffrent aujourd’hui d’un environnement pollué et d’un manque d’espaces communs. En transformant le périphérique, nous pourrions donner à ces habitants un cadre de vie plus sain et plus agréable, tout en rapprochant Paris de sa banlieue.

 

Peut-être un jour Maire de Paris ?

Peut-être. Dans une vision de rassemblement et non de division.

 

Propos recueillis par Michel Taube

Directeur de la publication