A ciel ouvert
15H30 - mercredi 19 février 2025

Les métiers de l’aviation et de l’espace à l’honneur : entre passion et enjeux de formation. La chronique de Marc Alban

 

Deux événements phares ont récemment mis en lumière début février les opportunités de carrière dans les secteurs de l’aéronautique et du spatial : la 33ème édition du Salon de la formation au Musée de l’Air et de l’Espace et les Journées portes ouvertes de l’IPSA (Institut Polytechnique des Sciences Avancées). Ces rendez-vous sont devenus des incontournables pour quiconque s’intéresse à ces secteurs en pleine expansion.

 

 

 

 

Un salon de la formation riche en opportunités mais quelques regrets

Installé dans le prestigieux Hall Concorde du Musée de l’Air et de l’Espace, ce salon est chaque année un lieu d’échange et de découverte à la fois studieux et chaleureux. Les visiteurs ont pu explorer les stands des écoles de pilotage françaises et étrangères, ainsi que ceux des formations de personnel navigant commercial, comme les hôtesses de l’air et les stewards.

Regrettons toutefois une faible présence des recruteurs militaires. Pourtant, les Armées – qu’il s’agisse de l’Armée de l’Air, de la Marine, de l’Armée de Terre ou de la Gendarmerie – sont en quête constante de pilotes et de mécaniciens navigants.

Quant au manque de représentation des formations pour mécaniciens, à l’exception notable de l’ENAC, très peu d’écoles d’ingénieurs et de mécaniciens étaient présentes. Pourtant, le secteur aéronautique et spatial fait face à une pénurie de personnel qualifié dans ce domaine clé.

Ces absences interrogent, d’autant plus que les compagnies et les entreprises de la filière continuent d’afficher des besoins croissants en recrutements, même si certains ingénieurs, emprunts sans doute de productivité, réfléchissent à des avions mono-pilote.

 

L’IPSA : un équilibre entre théorie et pratique

Lors des journées portes ouvertes de l’IPSA à Paris, était présenté l’éventail des formations proposées sur les trois sites de l’école : Paris, Lyon et Toulouse. En 2024, l’IPSA a formé près de 2 750 étudiants aux métiers de l’aéronautique et du spatial, à travers deux cursus principaux : le programme d’ingénieur post-bac en cinq ans, le programme Bachelor en trois ans, orienté vers les métiers techniques et opérationnels tels qu’assistant ingénieur, technicien-analyste base de données et également les métiers de l’aéroportuaire.

Les projets pratiques occupent une place centrale dans la pédagogie de l’IPSA. Les étudiants participent par exemple à la conception de mini-fusées, de drones, de simulateurs et même de moteurs expérimentaux.

Les associations travaillant sur les moteurs à ion pour satellites nous ont particulièrement impressionnés par leur audace et leur maîtrise technique. Ces moteurs, qui exploitent l’accélération d’ions pour propulser les satellites dans l’espace, représentent une technologie complexe et innovante.

Tout aussi captivants étaient ces projets dont l’implication des étudiants dans des collaborations extérieures, comme ces mini-fusée testées lors de tirs réalisés sur des bases militaires à Tarbes, rendent optimistes pour l’avenir de l’aéronautique français.

 

Un besoin urgent de diversifier les formations intermédiaires et les parcours de formation

Cependant, là aussi un regret de taille persiste : l’absence de formations spécialisées de niveau BTS et Bac pro dans le domaine spatial. Bien que l’aéronautique bénéficie d’une certaine prise en charge par l’Éducation nationale, avec des Bac pro et des BTS adaptés, le secteur spatial reste largement oublié.

La France, pourtant une grande nation spatiale, ne propose pas de Bac pro ou de BTS spécifiquement dédiés aux besoins des entreprises du spatial. Cette lacune pourrait freiner le développement de nombreuses startups et grands groupes, qui vont avoir un besoin croissant de techniciens et de techniciens supérieurs pour accompagner leur croissance.

Les événements comme le Salon de la formation et les Journées portes ouvertes de l’IPSA témoignent du dynamisme et de la passion qui animent les jeunes générations. Toutefois, pour répondre pleinement aux enjeux de ces secteurs en pleine mutation, il est vital de diversifier et d’enrichir les parcours de formation : créons au plus vite des cursus adaptés aux besoins du spatial !

Avec une stratégie de formation mieux adaptée, la France conservera son rang de grande puissance aérospatiale, mais elle ouvrira aussi de nouvelles perspectives, notamment dans le spatial, pour ses jeunes talents.

 

Général Marc Alban, 
ancien Directeur du Musée de l’Air et de l’Espace
Chef de rubrique « A ciel ouvert »