Edito
14H23 - vendredi 21 février 2025

Il faut sauver le soldat Europe. L’édito de Michel Taube

 

Depuis une semaine, avec d’une part les retrouvailles américano-russes à Ryad et d’autre part l’humiliation qu’a voulu infliger le vice-président des États-Unis JD Vance aux Européens lors de la conférence de Munich sur la sécurité, Emmanuel Macron a pris le leadership de la réponse européenne à nos alliés américains sur la défense de l’Ukraine et la souveraineté européenne.

Il faut se féliciter de ce volontarisme d’Emmanuel Macron qui correspond à une certaine idée de la France que portent, chacun à leur manière, les différents chefs d’État français qui se sont succédé depuis le général de Gaulle. Chirac et de Villepin à l’ONU lors de la seconde guerre du Golfe, Sarkozy en Géorgie, Hollande au Mali, Macron aujourd’hui, c’est la France qui tient son rang sur la scène internationale.

Sans forcément être non-alignés, – concept que nous réfutons pour des raisons historiographiques et sémantiques -, la France d’Emmanuel Macron assure un véritable leadership européen dans le discours et dans cette posture fédératrice qu’incarne l’Élysée, ne serait-ce qu’en recevant à Paris les chefs d’États européens à deux reprises cette semaine.

Ainsi Emmanuel Macron affirme haut et fort ce désir de souveraineté qui correspond à cette idée gaullienne de la France.

Car comme nous le soulignons depuis le retour aux affaires de Donald Trump, le Vieux Continent dépend encore trop de Washington pour sa sécurité.

Au fond, le président Trump est en train, malgré lui, – ou est-ce son objectif caché -, de nous aider à accoucher, enfin, d’une Europe politique et militaire.

Lorsque 11 pays européens (dont le Royaume-Uni) annoncent publiquement cette semaine qu’ils pourraient être prêts à déployer leur armée en Ukraine afin de garantir le respect d’un accord de cessez-le-feu, nous assistons, peut-être, à la naissance d’un embryon d’armée européenne inter-nationale (et non pas fédérale). Cette force d’interposition européenne sur le sol ukrainien, financée et déployée à 100% par des Européens, sans l’aide américaine, changerait la donne. En plus de l’augmentation des budgets de la défense (il est urgent de sortir nos dépenses militaires du seuil des 3% de déficit imposés par « Bruxelles »), la montée en puissance des industries d’armement nationales et la mise en place de garanties de sécurité pour Kiev, indépendamment des initiatives américaines.

Des outrances de Donald Trump sortira-t-il la création d’une forme de Communauté européenne de défense (CED). Rappelons que la CED avait été abandonnée par Pierre Mendès-France en 1954, ce qui avait conduit les pères fondateurs de l’Europe à s’orienter vers un projet économique, la CECA puis la CEE avant de devenir l’Union européenne.

Ironie de l’histoire, l’Europe est peut-être en train de renouer avec ses fondamentaux, à savoir un projet politique et militaire réunissant des nations souveraines mais conscientes des limites de leur souveraineté respective et de l’absolue nécessité d’exister ensemble face aux géants russe, américain et chinois. Dans le but de faire la paix mais “la paix par la force”, comme le disait Madame Von der Leyen.

Il y a urgence. Si l’Europe ne se ressaisit pas maintenant, elle risque de se voir reléguée au rang de spectatrice dans le grand jeu mondial. L’Europe doit enfin prouver qu’elle est capable d’être autre chose qu’un simple marché commun. Elle doit devenir une puissance politique et militaire capable de défendre ses intérêts sans attendre le bon vouloir de Washington.

L’histoire jugera sévèrement ceux qui, par naïveté ou lâcheté, auront laissé l’Europe sombrer dans l’impuissance. L’heure est venue de sauver le soldat Europe.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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