Edito
07H33 - samedi 22 février 2025

Il faut retirer leurs décorations françaises à Ammar Abd Rabbo et aux caciques de l’ancien régime syrien. L’édito de Michel Taube

 

C’était le 13 février dernier à l’Assemblée nationale française : en marge de la Conférence internationale sur la Syrie organisée le même jour par la France à Paris, la députée ciottiste Christelle D’Intorni posait une question à Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, sur les décorations allègrement accordées par la France à des caciques de l’ancien régime de la famille Assad.

La vice-présidente de l’Union des droites pour la République (UDR) citait le cas, dont nous avons déjà parlé dans les colonnes d’Opinion Internationale, d’Ammar Abd Rabbo, photographe officiel du régime de Bachar al-Assad et proche dignitaire du dictateur déchu qui, par arrêté du 25 septembre 2017 portant nomination et promotion dans l’ordre des Arts et des Lettres, avait été fait Chevaliers des Arts et des Lettres.

Il est évident que l’homme n’aurait jamais été promu sous les dorures de la République s’il n’avait été un temps le photographe officiel d’Assad, homme fort d’un des pires régimes au monde, comme le prouvent chaque jour les images et les témoignages d’anciens détenus des prisons de Damas.

Le photographe Ammar Abd Rabbo a participé à la diffusion de la propagande du régime Assad, tant dans son pays que sur le plan international en participant aux déplacements diplomatiques de l’ancien président syrien.

La démarche de la députée appelle une question : combien de complices du régime Assad ont-ils été décorés par la France et peuvent-ils garder leurs titres de triste « gloire » aujourd’hui déchue ? On se souvient que Jacques Chirac décora Assad père en 2001 et que Nicolas Sarkozy invita son fils en grande pompe sur les Champs-Élysées en 2008.

A l’heure où nous vivons un moment historique, alors que le Liban renaît, où un cessez-le-feu, certes fragile, règne sur la bande de Gaza et où, dans la douleur et les larmes, des otages israéliens sont libérés, à Damas, le régime Assad est donc enfin tombé comme un château de cartes crépies et usées.

Emmanuel Macron a bien raison de faire preuve de volontarisme politique au Liban ou en organisant cette conférence internationale sur la Syrie il y a une semaine. Le chef de l’État a annoncé qu’il avait invité à Paris Ahmed El-Charaa, le nouvel homme fort du régime syrien. Nous ne sommes pas dupes de la nature islamiste du nouveau régime, qui risque de se déployer au fil des mois et des années, mais le président français a raison de tenter de se rapprocher d’un pays incontournable dans la région.

Toutefois, il ne saurait y avoir de renouveau dans les relations franco-syriennes sans une purge des compromissions passées. L’affaire Ammar Abd Rabbo en est l’illustration parfaite : comment la France peut-elle prétendre défendre les valeurs de la liberté et de la démocratie tout en honorant un serviteur zélé de la dictature assadienne ?

Il faut nettoyer les écuries d’Augias des compromissions françaises avec le régime Assad, surtout lorsqu’on sait que Paris était (et est encore) une destination de choix des anciens caciques du régime déchu.

Le chef de l’État français doit tourner les pages syriennes de 50 ans de compromission avec le régime Assad. La France a entretenu pendant des décennies des liaisons dangereuses avec ce pouvoir inique et cette proximité n’est pas due seulement à l’héritage de l’histoire et de l’ancien mandat français sur la Syrie et le Liban.

Combien y a-t-il d’Ammar Abd Rabbo décorés par la France ? Ils doivent être déchus de leurs décorations honorifiques. Au nom d’une certaine idée de la France.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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