Opinion Internationale : Bonjour Hanane Mansouri, merci d’avoir accepté de répondre à Opinion Internationale. Vous êtes députée de la 8ᵉ circonscription de l’Isère et vous êtes la benjamine de l’Assemblée nationale. Vous êtes également secrétaire générale de l’Union des droites pour la République (UDR) et vice-présidente du groupe d’amitié France-Maroc de l’Assemblée nationale. Qu’est-ce que cela fait d’être la benjamine de l’Assemblée nationale ? Est-ce un avantage ou un handicap ?
Hanane Mansouri : On me pose souvent la question. C’est à la fois un avantage et un défi. L’entrée à l’Assemblée nationale a été un moment de vie impressionnant. Ma jeunesse me permet d’apporter un dynamisme, une énergie nouvelle, et une certaine fougue. Je crois qu’avoir cette énergie, cette envie de faire bouger les choses, c’est cela la jeunesse.
Opinion Internationale : En 2021, vous souteniez Michel Barnier au sein des Jeunes Républicains pour la primaire de la droite en vue de l’élection, présidentielle. Aujourd’hui, vous êtes aux côtés d’Éric Ciotti. Quelles sont les raisons de ce virage et comment expliquez-vous ce choix politique ?
Mon parcours est effectivement marqué par une évolution, mais je dirais que ce n’est pas un reniement, bien au contraire. Lorsque j’étais à la tête des Jeunes Républicains, je soutenais Michel Barnier, notamment pour son programme sur l’immigration, qui me semblait très cohérent et en phase avec mes valeurs. Mais, très vite, je me suis rendu compte que la ligne des Républicains s’éloignait de mes convictions, en particulier après l’alliance avec la macronie et l’abandon de certaines positions essentielles sur la fermeté, notamment en matière de sécurité et d’immigration.
J’ai donc pris la décision de suivre Eric Ciotti qui a eu le courage de ses idées et de sa cohérence, de rejoindre l’UDR, qui porte une ligne politique claire, ferme et responsable. Le soutien à l’immigration choisie et la volonté de protéger nos frontières sont des priorités pour moi, et je n’ai pas de regrets concernant ce choix.
Opinion Internationale : Vous parlez de fermeté sur des sujets clés comme l’immigration. Êtes-vous d’accord avec cette idée que je défends souvent dans mes éditos : « seule une immigration 100% choisie est une chance pour la France » ?
Hanane Mansouri : Je suis totalement convaincue que l’immigration choisie est une véritable chance pour la France, mais à condition de la maîtriser. Aujourd’hui, nous avons des besoins spécifiques dans certains secteurs d’activité, et une immigration choisie permettrait de répondre à ces besoins tout en protégeant nos frontières. Le problème actuel, c’est que l’immigration n’est ni contrôlée ni choisie, ce qui a des conséquences dramatiques, à la fois sur notre sécurité, notre économie et notre cohésion sociale.
L’immigration illégale est hors de contrôle ! Il faut renforcer les contrôles, expulser les personnes en situation irrégulière, et stopper l’immigration incontrôlée. Une fois nos flux migratoires maîtrisés, l’immigration choisie pourra réellement être bénéfique pour la France.
Opinion Internationale : Vous êtes aujourd’hui allié du Rassemblement national. La percée politique et médiatique de Bruno Retailleau ne vous fait-elle pas peur ?
Hanane Mansouri : L’évolution des Républicains sous Bruno Retailleau est intéressante, mais il faut bien reconnaître que, sur le terrain, les actions ne suivent pas. LR a perdu toute crédibilité en se compromettant avec le bloc macronien dont les positions sont floues et contradictoires sur tous les sujets régaliens. Bruno Retailleau nage dans ses contradictions politiciennes.
Opinion Internationale : Vous parlez de contradiction mais comment allez-vous concilier les positions libérales sur le plan économique de l’UDR avec le programme très socialisant du Rassemblement national ?
Hanane Mansouri : C’est une question cruciale, et je crois qu’il faut savoir faire la part des choses. Sur le plan économique, l’UDR défend des positions libérales, notamment en matière de simplification des démarches administratives, de réduction des charges pour les entreprises, et de soutien à l’entrepreneuriat. Ce sont des réformes nécessaires pour relancer notre économie et offrir des perspectives à nos jeunes, mais aussi pour garantir un pouvoir d’achat plus important pour nos citoyens.
Avec le RN, nous sommes d’accord sur l’essentiel, même si nous pouvons avoir des divergences sur des points plus spécifiques, comme l’économie. Mais ce sont des divergences qui peuvent être surmontées lorsque l’on partage les mêmes priorités sur la sécurité, l’immigration et la souveraineté.
Opinion Internationale : La question « j’entre dans l’histoire » : si vous deviez laisser une trace durable dans l’histoire politique de la France, quelle serait la loi ou la réforme dont vous souhaiteriez qu’elle porte votre nom ?
Hanane Mansouri : Sans nul doute une grande loi qui permettrait de clarifier et d’assumer pleinement une politique d’immigration choisie, tout en renforçant les mesures de lutte contre l’immigration illégale. Il faut une révision totale du système d’asile et la mise en place de mesures fermes pour assurer l’assimilation des étrangers sur notre territoire. Une telle réforme serait pour moi un accomplissement, elle permettrait de préserver notre modèle républicain tout en assurant la sécurité et le bien-être des Français.
Opinion Internationale : Et pour conclure, comme à notre habitude, « la question langue de bois » : à 24 ans, être députée, n’est-ce pas parfois une manière de perdre sa jeunesse ?
Hanane Mansouri : Je ne vis pas les choses ainsi. Au contraire, je vis pleinement ma jeunesse. La politique est ma passion depuis mon plus jeune âge. Je me suis engagée dès 17 ans, et je continue de vibrer pour ce combat. Être jeune, c’est justement avoir cette fougue dont je vous parlais au début de notre entretien, cet engagement et ce désir de changer les choses. Ma jeunesse, je la vis pleinement en faisant ce que j’aime et en portant des idées qui peuvent réellement transformer la société.