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15H59 - jeudi 27 février 2025

David Znaty : « Intelligence artificielle et cybersécurité, une révolution à dompter »

 

L’intelligence artificielle n’est plus une chimère futuriste, elle est là, omniprésente, et elle écrase tout sur son passage. Ce constat implacable, David Znaty, expert en informatique auprès de la Cour de cassation, le martèle sans détour. Lors de la soirée du Think Tank CAP et Opinion Internationale, cet éminent expert a dressé un état des lieux sans concession : la transformation numérique est « une révolution qui bouleverse l’état de nos connaissances », précise-t-il « et même si des progrès majeurs ont été réalisés en traçabilité, la question de la preuve en matière de cybercriminalité demeure un défi central ».

Bien que les outils modernes permettent désormais de remonter plus facilement jusqu’aux auteurs d’actes cybercriminels, comme dans de récentes affaires d’enlèvements résolues grâce à la traçabilité numérique, David Znaty insiste sur le fait que « malgré ces progrès, des zones d’ombre demeurent, notamment avec les avatars et les identités numériques. Des manipulations sont possibles sur les réseaux sociaux, où de faux profils peuvent interagir avec des mineurs ou des adultes en dissimulant leur véritable identité. Les cybercriminels utilisent ces techniques pour extorquer, manipuler ou obtenir des informations sensibles ».

Le coût mondial de la cybercriminalité est aujourd’hui estimé à 338 milliards de dollars, selon l’expert. Cette explosion des pertes économiques découle de la sophistication des attaques et de la rapidité avec laquelle les données circulent à travers le monde. La mondialisation numérique, avec des hubs de communication situés sur tous les continents complique encore la traque des cybercriminels opérant à l’étranger. « L’intelligence artificielle est désormais un outil majeur dans ce combat, mais aussi une menace » poursuit David Znaty.

« Aujourd’hui, l’IA fonctionne sur trois piliers fondamentaux » rappelle notre expert : le langage naturel que la machine a appris à fabriquer, l’algorithme, qui traite et analyse les données, et enfin les bases de données, véritables réservoirs d’informations qui nourrissent l’apprentissage automatique. Sur ces trois axes, la France n’est pas en reste sur les algorithmes, mais elle accuse un retard sur la gestion des bases de données, un secteur largement dominé par les États-Unis.

Là où l’Europe peine à abandonner ses anciens schémas, d’autres territoires ont su s’émanciper des contraintes du passé et investir directement dans l’avenir. L’IA y est vue comme un accélérateur, un levier d’optimisation, et non comme une menace. Pourquoi un pays comme la France, qui se targue d’être une grande puissance technologique, reste-t-il à la traîne dans cette révolution ?

Mais il y a plus préoccupant encore. En l’espace de quelques années, les cyberattaques se sont sophistiquées à une vitesse exponentielle. Hier encore, il s’agissait de pirates isolés, de « techno-bandits » en quête de données sensibles. Aujourd’hui, ce sont des organisations criminelles, des États, des réseaux clandestins qui utilisent l’IA pour automatiser les attaques, contourner les défenses et exploiter les failles humaines.

Face à cette déferlante, quelles solutions ? L’éducation. Et il y a urgence. 24% des jeunes ont déjà subi une forme de cyberharcèlement » détaille David Znaty. Les menaces ne sont plus seulement techniques, elles sont sociales et psychologiques. Notre expert plaide pour l’introduction de cours de sensibilisation dès l’école. Il s’agit d’apprendre aux jeunes à naviguer de manière sécurisée, à reconnaître les dangers et à éviter certains sites ou comportements à risque. Des numéros d’assistance comme le 3018 sont disponibles pour signaler des agressions en ligne et accompagner les victimes.

L’expert souligne l’importance de la coopération entre les États, les entreprises et les citoyens pour relever les défis de la cybersécurité. « L’avenir de la lutte contre les cybermenaces repose sur trois axes principaux : l’éducation (sensibiliser et former dès le plus jeune âge), la modernisation des outils (adopter les nouvelles technologies pour rester compétitif face aux cybercriminels), la collaboration internationale (partager les données et renforcer les synergies entre les différents acteurs de la sécurité) » conclut-il.

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

5 IDEES CLES A RETENIR

  1. L’IA, omniprésente et révolutionnaire
    L’IA bouleverse nos connaissances et s’impose dans tous les domaines.
    Elle représente à la fois un atout et une menace en matière de cybersécurité.

  2. La cybercriminalité, un défi majeur
    Le coût mondial de la cybercriminalité atteint 338 milliards de dollars.
    Les cyberattaques deviennent de plus en plus sophistiquées, impliquant des États et des organisations criminelles.

  3. Les limites de la traçabilité et des preuves numériques
    Malgré les avancées technologiques, les identités numériques et avatars rendent l’identification des cybercriminels complexe.
    Les manipulations sur les réseaux sociaux posent un risque important.

  4. Le retard français et européen face aux puissances technologiques
    La France est performante sur les algorithmes mais en retard sur la gestion des bases de données.
    Contrairement à d’autres pays, l’Europe peine à voir l’IA comme un levier d’optimisation.

  5. L’éducation et la coopération comme solutions clés
    L’éducation au numérique dès l’école est cruciale pour lutter contre les cybermenaces et le cyberharcèlement.
    La lutte repose sur trois axes : éducation, modernisation des outils et coopération internationale.

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