Edito
06H48 - jeudi 27 février 2025

Macron le Portugais. L’édito de Michel Taube

 

Depuis dix ans, malgré les embûches et les échecs diplomatiques rencontrés, notamment en Afrique, Emmanuel Macron tente d’ouvrir de nouvelles voies dans la stratégie géopolitique et diplomatique de la France : sa vision indo-Pacifique, des voyages en Amérique latine, continent pourtant très francophile et trop souvent délaissé par ses prédécesseurs, des percées en Afrique non francophone sont quelques-unes des nouvelles frontières que le chef de l’État tente d’impulser aux intérêts de la France dans le monde.

Angola, Brésil, Portugal… Alors qu’il arrive à Lisbonne pour une visite d’État de deux jours, le monde lusophone semble plaire à celui que nous appellerons Macron le Portugais.

C’est une visite d’État comme on n’en avait plus vu depuis 26 ans. Emmanuel Macron, en se rendant au Portugal cette semaine, ne fait pas qu’un simple voyage diplomatique. Il s’agit d’un moment historique, marqué par la signature d’un traité d’amitié et de coopération inédit entre la France et le Portugal, scellant des liens qui vont bien au-delà des considérations protocolaires.

Ce déplacement n’est pas anodin : il vient rappeler la profondeur des relations humaines, économiques et culturelles entre les deux nations et souligne l’influence croissante de Lisbonne sur la scène européenne. Car le Portugal, souvent perçu comme un acteur secondaire, est en réalité devenu une puissance d’équilibre en Europe, et un partenaire clé pour Paris dans un contexte de tensions internationales et de redéfinition des alliances au sein de l’UE.

Avec deux millions de luso-descendants en France, la communauté portugaise est la plus importante à l’étranger, cimentant des liens indéfectibles entre les deux pays. On dit souvent que Paris et la région parisienne sont la deuxième capitale du Portugal.

De Lisbonne à Paris, de Porto à Lyon, cette relation dépasse les simples chiffres : elle se traduit dans les secteurs économiques stratégiques, où la France est aujourd’hui le premier employeur étranger au Portugal, avec plus de 100 000 salariés travaillant dans 1 200 filiales d’entreprises françaises.

Dans le domaine énergétique, de l’innovation et de la défense, les coopérations se renforcent, illustrant une vision commune d’un avenir européen où la souveraineté ne doit pas être qu’un mot creux. Alors que le Portugal, hub technologique en pleine effervescence, abrite 4 700 startups et six licornes, la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la tech, se structure, notamment via l’École 42 implantée à Lisbonne et Porto, formant les talents numériques de demain.

Mais cette visite est aussi une déclaration politique forte. Dans un contexte où l’Europe est confrontée à des défis existentiels – guerre en Ukraine, montée des populismes, rivalités commerciales avec les États-Unis et la Chine –, la France et le Portugal affirment leur volonté de contribuer au renforcement de la souveraineté européenne.

La question environnementale s’inscrit également au cœur des discussions, avec la passation de relais entre le Portugal et la France pour la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, qui se tiendra en juin à Nice. De la préservation des océans à l’adoption du traité sur la haute mer, ces engagements viennent rappeler que la diplomatie franco-portugaise ne se limite pas aux sphères économique et politique, mais qu’elle s’inscrit aussi dans une responsabilité environnementale globale.

Le couple présidentiel français sera reçu par le président Marcelo Rebelo de Sousa, chef de l’État iconoclaste, populaire, accessible et profondément humain, et le Premier ministre Luís Montenegro.

Au-delà des symboles, cette visite marque une réalité indéniable : le Portugal n’est plus un petit État en marge du Vieux Continent, mais un acteur clé, un modèle de stabilité et d’innovation dont la France a beaucoup à apprendre. Et dans cette Europe qui se cherche, Paris et Lisbonne pourraient bien être les artisans d’un nouvel équilibre.

Michel Taube

 

Le message amical aux deux chefs d’Etats français et portugais de Fernando Moura, patron du restaurant gastronomique portugais SAUDADE à Paris :

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