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18H24 - jeudi 27 février 2025

Pascale Fressoz (AI-ODD) : « Les objectifs de développement durable doivent être un enjeu des prochaines municipales ! »

 

Opinion Internationale : Bonjour, Madame Pascale Fressoz. Merci d’avoir accepté de répondre à Opinion Internationale. Vous êtes la présidente de l’Alliance Internationale pour les Objectifs de Développement Durable (AI-ODD). Ce vendredi 28 février, vous organisez un grand colloque au Palais du Luxembourg, autrement dit au Sénat, intitulé « Mettre l’Agenda 2030 au cœur des municipales de 2026 ». Avant d’aborder cet événement, pourriez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’est votre association et quels sont les Objectifs du Développement Durable (ODD) ?

Pascal Fressoz : l’AI-ODD rassemble des citoyens engagés dans une vingtaine de pays, tous bénévoles, dans le but de promouvoir l’Agenda 2030, signé en 2015 par 193 États membres de l’ONU. Cet agenda demeure malheureusement peu connu : seulement 13 % des Français en ont entendu parler, contre 85 % des Danois, selon une étude de Focus 2030.

Notre objectif est de mieux faire connaître ces ODD et de montrer qu’ils constituent un outil percutant et efficace pour aider les élus à intégrer la durabilité dans les politiques locales. Il ne s’agit pas d’un concept déconnecté ou politisé, mais d’une base essentielle pour l’urbanisme, l’économie et la gestion des territoires.

 

Concrètement, qu’est-ce que l’Agenda 2030 ?

L’Agenda 2030 repose sur 17 Objectifs de Développement Durable couvrant les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Ces objectifs incluent notamment la lutte contre la pauvreté, l’accès à une éducation de qualité, la réduction des inégalités et la protection de la biodiversité. En tout, on compte 169 cibles et environ 200 indicateurs pour mesurer les avancées.

 

Pourquoi vous adressez-vous en particulier aux élus locaux ? Quel rôle jouent-ils dans cette ambition globale ?

Les territoires sont décisifs : 60 % de la mise en œuvre des ODD repose sur les collectivités locales. Elles prennent des décisions majeures sur des thématiques clés comme l’urbanisme, la mobilité, l’économie ou la lutte contre la précarité. Pourtant, beaucoup d’élus ignorent leur rôle essentiel dans l’atteinte de ces objectifs.

L’anticipation est cruciale : à l’instar de la maire d’Évian, certains élus conçoivent dès aujourd’hui leur programme politique autour des ODD. Cette approche permet d’établir une feuille de route claire pour un futur mandat de maire, en impliquant à la fois la majorité et l’opposition. Ayant moi-même été élue pendant deux mandats, je sais combien il est difficile d’impulser des changements quand tout semble figé.

 

Un maire écologiste est-il plus apte à atteindre les ODD qu’un maire d’une autre sensibilité politique ?

Cette question est importante et la réponse est clairement : pas nécessairement. L’écologie ne devrait pas être politisée. Il existe des élus de droite qui intègrent parfaitement les principes du développement durable et, à l’inverse, certains élus écologistes qui n’ont pas une approche globale des enjeux sociaux et économiques. L’essentiel est d’avoir une vision pragmatique et intégrée de la gestion territoriale.

 

D’ailleurs, Opinion Internationale publie régulièrement des tribunes de Jean-Marc Governatori, président d’Ecologie au centre, qui a une approche non idéologique mais ambitieuse de l’écologie.

Quels arguments donneriez-vous à un candidat aux municipales pour qu’il fasse des ODD la priorité de son programme ?

Nous lançons une plateforme en ligne pour accompagner les collectivités locales dans cette démarche. Les ODD apportent de la crédibilité aux politiques publiques car ils s’inscrivent dans un cadre international validé par 193 États. Ils permettent une approche intégrée qui concilie écologie, économie et justice sociale.

Cette démarche répond également aux attentes des citoyens, notamment des jeunes, qui expriment une éco-anxiété grandissante. En intégrant les ODD, un élu peut proposer un projet de territoire ambitieux et mobilisateur, loin de l’écologie punitive. Comme le dit Éric Terramorsi, directeur d’une école à Paris, il faut tendre vers des « perspectives heureuses ».

 

Pour conclure, que pensez-vous de la citation d’Edgar Morin : « Penser global, agir local » ?

C’est exactement cela ! L’Eurométropole de Strasbourg, par exemple, applique cette philosophie en veillant à l’impact global de ses politiques locales. Prenons l’exemple de l’extraction du coltan en République Démocratique du Congo, qui alimente nos technologies au prix de violations des droits humains. Une collectivité peut répondre à cet enjeu en adoptant des achats responsables.

L’Agenda 2030 repose sur un principe fondamental : « Leave no one behind » (Ne laisser personne de côté). Il est urgent d’adopter cette vision à tous les niveaux.

Vos lecteurs ne doivent pas hésiter à consulter notre plateforme www.aiood.org pour en savoir plus sur notre action.

 

Propos recueillis par Michel Taube

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