Sois belle et ouvre la
08H55 - mercredi 5 mars 2025

Et si Donald Trump était une femme ? L’édito de Michelle Taube

 

Imaginez un instant. Une femme, milliardaire, magnat de l’immobilier, star de la télé-réalité, débarquant en politique avec son arrogance assumée, ses punchlines assassines et son mépris total pour les codes établis. Une femme qui insulte ses adversaires, méprise la presse, balance des « fake news » à la pelle et enchaîne les scandales sans jamais vaciller. Serait-elle parvenue jusqu’à la Maison-Blanche ?

La réponse est non. Évidemment non !

Et c’est là tout le paradoxe. Donald Trump a pu s’imposer parce qu’il incarne – à l’extrême – le modèle du mâle dominant, prêt à tout écraser sur son passage. Son impunité politique repose sur une tolérance implicite pour les excès des hommes puissants. Un double standard criant : un leader masculin colérique est « fort », une femme qui hausse le ton est « hystérique ». Un homme qui joue des coudes est « compétitif », une femme ambitieuse est « calculatrice ».

Si Trump était une femme, chaque phrase outrancière, chaque coup de gueule, chaque posture autoritaire aurait été décortiquée sous l’angle du « manque de retenue », du « défaut de leadership » ou de l' »instabilité émotionnelle ». Une femme Trump aurait-elle survécu au moindre scandale sexuel ? Pas sûr. Dans un monde où l’opinion publique assassine plus vite une femme politique pour une robe mal choisie que pour une décision discutable, difficile d’imaginer une « Donna Trump » prospérer dans l’arène.

Mais admettons qu’elle ait réussi. Qu’une femme ait renversé la table avec la même brutalité, la même insolence, le même sens du spectacle. Que dirait-on d’elle ? Serait-elle admirée pour son charisme « hors normes » ou vilipendée pour sa « dangerosité » ? Car derrière cette expérience de pensée, une vérité éclate : la société tolère des comportements chez un homme qu’elle jugerait impardonnables chez une femme.

Et si Trump avait été une femme, il n’aurait probablement jamais mis une Louboutin ou une Manolo Blahnik sur la moquette du bureau ovale. Pas parce qu’elle serait meilleure ou pire, mais parce qu’elle n’aurait jamais eu la chance d’arriver aussi loin.

 

Michelle Taube

Brisons les préjugés, une bonne fois pour toutes !

Les femmes seraient trop émotives pour diriger un pays, trop fragiles pour être pompiers, trop distraites pour exceller en mathématiques. Ah, ces vieux clichés qui collent à la peau comme un chewing-gum…