Edito
08H25 - vendredi 14 mars 2025

Et si Dieu était une femme ? Billet philo de Michel Taube

 

Et si Dieu était une femme ? Cette question, aussi provocante que fascinante, secoue les fondements mêmes de notre pensée collective. Depuis la nuit des temps, Dieu est une figure masculine, vénérée sous des formes divines ou anthropomorphiques, et souvent représentée par des hommes. La plupart des grandes religions monothéistes, qu’il s’agisse du christianisme, de l’islam ou du judaïsme, ont façonné cette vision. Et si cette vision était erronée ? Et si l’essence divine, en réalité, était féminine ?

Imaginons un instant un monde où la divinité s’incarne dans le féminin. Un Dieu porteur de la douceur, de l’empathie, de la créativité, mais aussi de la force, de la résilience et de la sagesse. Une divinité qui incarne l’équilibre, l’harmonie, mais qui n’hésite pas à défier le statu quo lorsque nécessaire. Une divinité capable de comprendre et de guider, d’inspirer une compassion universelle tout en exerçant une autorité morale basée sur l’écoute et la coopération.

Qu’est-ce que cela changerait dans notre rapport à la foi, à la justice, à l’amour ? Une telle divinité féminine ne serait-elle pas plus inclusive, plus douce, plus humaine, peut-être même plus juste ?

Imaginons un Dieu qui n’exige pas d’être adoré par peur, mais qui encourage ses enfants à s’élever par l’amour, par l’entraide, par la solidarité. Un Dieu qui, loin de la colère et de la rétribution, choisirait la guérison, la réconciliation, et le partage à l’inverse de ce que décrit avec humour George Carlin dans son sketch ?

Et si Dieu était une femme, cela signifierait aussi un bouleversement radical des structures de pouvoir. La vision patriarcale qui a longtemps dominé les sociétés humaines pourrait se dissoudre. Au lieu de chercher à imposer des lois strictes par la force, un Dieu féminin pourrait prôner un leadership plus inclusif, plus basé sur la collaboration, le respect et la bienveillance. Plus de guerre au nom de la religion, plus de hiérarchies rigides. La divinité féminine, en son essence, serait une vision réconciliatrice, attentive aux besoins de chacun.

Mais au-delà de la théologie, cette question met en lumière des enjeux beaucoup plus profonds : la place de la femme dans notre société, le rapport aux femmes dans le divin, et la manière dont notre vision du pouvoir peut être réinventée. Si la divinité était féminine, les femmes seraient-elles enfin égales aux hommes dans les yeux de la société ? Serait-ce le début d’une époque de guérison, de respect et d’équité ?

Et si Dieu était une femme, peut-être serions-nous invités à revoir nos valeurs, nos croyances, et notre manière d’interagir avec le monde. Une révolution spirituelle et sociale, portée par la divinité féminine, pourrait-elle être le changement dont l’humanité a besoin ?

Bien sûr, tout cela n’est que fiction, qu’hypothèse. Mais ce qui est certain, c’est que la manière dont nous concevons Dieu influence profondément notre conception du monde, de la justice, et du pouvoir.

Alors, et si Dieu était une femme ? Ce serait l’occasion de bien s’interroger sur ce que signifie être humain. À l’heure de l’intelligence artificielle, du post et du transhumanisme, projections douteuses et dangereuses dans l’inconnu, convoquer Dieu n’est peut-être pas si absurde.

Dieu, une femme ? À l’heure où le pape François est au plus mal (souhaitons-lui bon rétablissement), rappelons que dans toutes les grandes religions monothéistes, des femmes se battent pour être rabbin, pasteur, imam, curé. Hélène Pichon, auteur du livre « L’éternel au féminin, manifeste pour une nouvelle théologie de la libération » espère toujours que l’Église catholique fît sa révolution et permette à des femmes d’accéder aux plus hautes fonctions papales. Si Dieu est une femme, pourquoi pas ?

Au fond, cette interrogation divine est profondément actuelle ! À moins que cette vision idéale de la femme contenue dans cette fiction ne soit qu’un biais féministe à la mode de notre temps et qu’elle idéalise trop les femmes contre les méchants hommes !

Mais, non, mais non : les femmes sont belles, douces, maternelles. « À part, peut-être, Madame Thatcher » comme disait Renaud.

Michel Taube

 

Directeur de la publication