Je ne reconnais plus ma Martinique : elle est devenue une île qui se replie, un peuple qui se fane.
Se poser en victime permanente, condamner plutôt que construire, diviser plutôt qu’unir, dénoncer sans créer : voilà la recette mortifère des élus et des activistes qui sont à la manœuvre depuis des années. Ce poison ronge la Martinique.
À force de ressasser les mêmes discours de ressentiment, de rejeter la réussite et de s’accrocher à des revendications, on étouffe l’élan d’un peuple généreux, travailleur et audacieux.
Là où il y avait de l’ambition, il ne restera que de l’aigreur.
Là où il y avait de l’initiative, il ne restera que des revendications.
Là où il y avait du courage, il ne restera que la peur de créer.
Là où il y avait du talent, il ne restera que la jalousie.
Là où il y avait de l’unité, il ne restera que des luttes de pouvoir.
Là où il y avait de l’effort, il ne restera que l’attente d’aides.
Là où il y avait de l’espoir, il ne restera que la rancœur.
Là où il y avait un avenir, il ne restera que le silence de ceux qui sont et qui vont partir.
Là où les autres ont un avenir, nous nous enfermons dans une habitude de plaintes et de conflits qui mène au chaos.
Le résultat est sous nos yeux : une jeunesse qui part, une population qui vieillit, des ménages qui dépendent des aides de la France, un chômage qui grandit, des touristes qui fuient, une violence qui explose.
Bref … une île qui s’essouffle, une île qui se meurt.
La Martinique n’a pas vocation à devenir une terre brûlée de regrets et de rancœurs.
Il faudra choisir très vite : continuer à s’enliser dans les mêmes mécaniques d’accusation, de violence et de repli, ou enfin regarder vers l’avant, avec ceux qui créent, qui osent et qui bâtissent.
Un super ministre y changera-t-il quelque chose ?
Un enfant de Césaire