Edito
12H13 - lundi 24 mars 2025

Agression sur un rabbin à Orléans : l’insupportable et irrésistible banalisation de l’antisémitisme. L’édito de Michel Taube

 

Les juifs sont une petite minorité en France. Une minorité discrète, souvent assimilée, parfois invisible. Après des siècles de persécutions, d’exils, de pogroms, puis la Shoah, ils avaient cru, à raison, qu’ils pouvaient enfin baisser la garde. Que la République les protégerait. Que l’antisémitisme appartenait à l’Histoire. Ils avaient tort.

Ce samedi 22 mars 2025, en plein cœur d’Orléans, un rabbin, Arié Engelberg, a été agressé devant son fils de neuf ans. Frappé, insulté, mordu. Parce qu’il est juif. Son agresseur, un jeune homme de 16 ans, aux identités multiples — marocaine, palestinienne —, lui a demandé s’il était juif, avant de le rouer de coups. L’agression est brutale, directe, lâche. Elle est aussi symbolique : elle vise un homme de foi, un père de famille, à la sortie de la synagogue. C’est un message de terreur adressé à toute une communauté.

Oui, l’antisémitisme est de retour. Mais il n’a pas surgi de nulle part. Il a changé de visage. Il n’est plus celui, rance et délirant, de l’extrême droite d’hier. Il est désormais celui, assumé, d’une partie de la jeunesse radicalisée, nourrie à la haine d’Israël, au complotisme islamiste et aux délires anti-riches (auxquels sont associés les juifs par préjugé et bêtise) de l’extrême gauche. Il est parfois travesti en antisionisme, en défense des opprimés, en soutien à Gaza. Mais au fond, c’est toujours la même haine des juifs. La haine la plus vieille du monde.

Les condamnations politiques ont été nombreuses. Emmanuel Macron a dénoncé « le poison » de l’antisémitisme. Gérald Darmanin a parlé de fermeté. Le RN a pointé du doigt l’extrême gauche. LFI a condamné du bout des lèvres. Mais comment croire ceux qui, depuis des mois, relativisent l’antisémitisme sous prétexte de solidarité avec la Palestine ? Comment prendre au sérieux ceux qui hurlent contre l’islamophobie imaginaire mais minimisent l’antisémitisme réel, quotidien, concret, sanglant ? Ceux-là portent une responsabilité immense. Ils ont abandonné les juifs de France. Ou pire : ils ont légitimé, parfois à demi-mot, la haine dont ils sont aujourd’hui les cibles.

Ce qui s’est passé à Orléans n’est pas un fait divers. C’est un signal. Un de plus. Après l’affaire Sarah Halimi, après Mireille Knoll, après les insultes dans les lycées, les tags sur les murs, les insultes sur les réseaux, voici venu le temps des agressions en pleine rue. Et demain ? Devra-t-on cacher sa kippa ? Fuir certains quartiers ? Quitter la France ?

 

Non, les juifs de France sont Français et ne céderont pas à la menace et à la terreur.

Mais la République doit dire stop, et le dire fort.

L’antisémitisme n’est pas une opinion. C’est un crime. Et le tolérer, c’est déjà y céder.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

Le cyclone Valls. L’édito de Michel Taube

Un ministre ne devrait vraiment pas faire cela ! Lundi 17 mars à 18h, Manuel Valls se rend dans la maison d’Aimé Césaire, le grand homme qu’il a eu l’honneur de rencontrer étant…
Michel Taube