
Crédit photo : Ministère des armées
Tout est parti de Marseille. Une ville ensanglantée, gangrenée, où les cadavres de jeunes hommes tombent presque chaque semaine, exécutés sur fond de trafic de drogue. Une ville où la République a longtemps reculé.
Deux ans plus tard, après une mission parlementaire saluée par toutes les forces républicaine, la France semble enfin prête à livrer bataille. Le Parlement s’apprête à voter une loi majeure contre le narcotrafic. Et avec elle, un sursaut. Car désormais, le crime organisé devient notre deuxième grande priorité nationale, aux côtés de la lutte contre l’islamisme radical.
Cette loi vise à frapper fort. Elle autorise, sous strict contrôle, l’activation à distance d’objets connectés – téléphones, ordinateurs, enceintes – pour infiltrer les réseaux criminels les plus structurés. Elle prolonge la garde à vue des “mules” jusqu’à 120 heures pour permettre aux enquêteurs de remonter les filières. Elle aggrave les peines, notamment lorsqu’il y a usage d’armes ou apologie de réseaux criminels. Elle prévoit l’interdiction du territoire pour les trafiquants étrangers condamnés à de lourdes peines. Bref, elle réarme l’État. Et c’est bien de cela qu’il s’agit : d’un choc régalien, d’un retour de l’autorité.
Ce texte n’est pas seulement répressif. Il est un acte de souveraineté. Car le narcotrafic n’est plus un simple phénomène criminel : c’est un système parallèle, un contre-pouvoir dans des quartiers entiers. Il pervertit l’économie locale, terrorise les habitants, séduit les jeunes, sape la République. Il impose ses codes, ses lois, sa violence. La lutte contre ce fléau ne peut donc être qu’implacable, déterminée, frontale.
Et cette guerre se livre aussi dans nos Outre-mer. Comme l’ont rappelé hier le sénateur Etienne Blanc, l’expert Jean-Marc Vigilant et le journaliste Frédéric Ploquin dans le 4ème Forum Opinion Outre-mer, consacré à ce choc régalien, près de la moitié des stupéfiants qui arrivent en métropole transitent par les Antilles françaises. La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane sont devenues des plaques tournantes de la drogue venue d’Amérique latine. Les trafiquants y exploitent la faiblesse des moyens, la géographie insulaire, parfois même le découragement des forces de l’ordre. Là-bas aussi, il faut frapper fort. Déployer davantage de policiers, de militaires, d’unités d’élite. Y installer des juridictions spécialisées. Et surtout : faire de la sécurité un impératif de justice territoriale.
Ce vote sera un révélateur. Car il ne s’agit pas seulement de mesures techniques. Il s’agit d’un choix de société. Les députés de La France insoumise, les écologistes, les communistes voteront-ils cette loi comme l’a fait le Sénat à l’unanimité ? Ou préféreront-ils une fois encore leur idéologie naïve au réel ? Ce scrutin met en lumière deux conceptions du rôle de l’État. D’un côté, celle qui place la protection des citoyens au cœur de sa mission. De l’autre, celle qui préfère théoriser sur les “causes sociales” de la violence, pendant que des gamins de 14 ans se font décapiter pour une dette de shit.
Il faut rappeler une vérité simple, que certains semblent avoir oubliée : la sécurité n’est pas un luxe. Elle n’est pas négociable. Elle est la première des libertés. Ne pas la garantir, c’est trahir les principes mêmes des droits humains. L’État qui baisse les bras devant les cartels abdique sa légitimité.
La République n’a pas le droit de reculer. Elle ne peut pas. Il y va de notre souveraineté, de notre cohésion, de notre avenir.
Michel Taube