La Martinique brûle et Serge Letchimy voudrait nous faire regarder ailleurs.
Une presse locale sous pression voire muselée, des journalistes directement intimidés à la moindre critique émise publiquement, un président qui laisse entendre qu’il pourrait quitter le navire avant qu’il ne coule, des démissions en série… Pendant que la Martinique s’enfonce dans une crise financière, sociale et économique sans précédent, Serge Letchimy, président de la Collectivité Territoriale de Martinique, détourne l’attention par des discours idéologiques, des caprices statutaires, des boucs émissaires et des intimidations.
Selon nos informations, Serge Letchimy et ses affidés seraient notamment coutumiers de coups de pression, sous forme de SMS incendiaires, adressés aux personnalités du débat public martiniquais dont les interventions médiatiques ne leur plairaient pas.
L’État français, les entrepreneurs, l’histoire coloniale : tout est bon pour masquer les défaillances d’une gestion opaque et inefficace. Pourtant, les faits sont là : les finances de la CTM sont au bord du gouffre et l’institution est virtuellement (ou réellement d’un point de vue juridique) en cessation de paiement. Les infrastructures se dégradent. Aucun projet structurant n’est annoncé. Et la population en paie le prix fort. Quelques exemples : les transports publics sont en crise et le réseau est chaotique, les navettes maritimes mal gérées, et les Martiniquais n’ont d’autre choix que de subir. Le Golf des Trois-Îlets est en perdition, alors qu’il pourrait être un moteur touristique et économique. La sucrerie du Galion, autrefois stratégique, est à l’agonie. Le stade Louis-Achille et d’autres infrastructures sportives se dégradent, faute d’entretien et d’investissements.
Un gouffre financier que l’Etat refuse (à bon droit) d’endosser
La situation budgétaire de la CTM est alarmante. Personne ne sait réellement combien doit la collectivité. La dette explose, les entreprises locales attendent leurs paiements, et les services publics sont en chute libre. Pendant ce temps, 200 agents seraient payés sans même travailler, des dépenses de fonctionnement délirantes continuent, et aucune réforme sérieuse n’est engagée.
Pourtant, Serge Letchimy préfère accuser Paris de tous les maux plutôt que de reconnaître sa propre responsabilité. Dans une fuite en avant qui ne trompe personne, Serge Letchimy ose annoncer qu’il va porter plainte contre l’Etat et lui réclamer 1,5 milliard d’euros de compensation pour versement des aides sociales. Manuel Valls, pourtant proche idéologiquement, lors de sa venue en Martinique, lui a adressé un fameux « palaviré » (gifle en créole), selon un influenceur martiniquais bien inspiré et a rappelé sur la chaîne RCI que l’État ne doit pas un centime à la CTM… mais que « le préfet de la Martinique fera prochainement des propositions au président de la CTM ».
Un écran de fumée politique : la diversion par le conflit
Face à cette réalité catastrophique, la réponse de Serge Letchimy et de ses alliés est claire : faire diversion sur le plan idéologique et politique.
Plutôt que d’assumer ses échecs, Serge Letchimy joue la carte de la confrontation avec l’État français et brandit un nouveau caprice vide de sens : « un Congrès de la rupture », censé redéfinir les relations entre la Martinique et la France. Une manœuvre purement idéologique, qui vise à détourner l’attention des véritables problèmes.
Les entreprises locales, elles aussi, sont stigmatisées, accusées d’être responsables de la vie chère et de l’injustice sociale. Pourtant, sans elles, c’est toute l’économie qui s’effondrerait. Serge Letchimy a toujours eu une forme de mépris pour le monde entrepreneurial.
La question va se poser nécessairement dans les prochains mois : puisque la CTM est en cessation de paiement, elle pourrait passer sous la responsabilité du préfet et sous la tutelle de la Cour des comptes. Un échec pour les élus ? Non, une façon plutôt de donner un bon coup de pied salutaire dans une fourmilière d’élus locaux souvent incompétents. Et de faire émerger une nouvelle génération de décideurs publics, meilleurs gestionnaires que beaux parleurs.
Ce dont a grand besoin la Martinique !
Michel Taube