La chronique de Patrick Pilcer
13H31 - mercredi 9 avril 2025

Boualem Sansal : aplaventrisme ou quand l’Elysée et le quai d’Orsay courbent l’échine devant l’Algérie. la chronique de Patrick Pilcer

 

L’Aplaventrisme n’est malheureusement pas une nouvelle technique de saut en hauteur, après le saut ventral et le Foxbury-flop, sinon Messieurs Macron et Barrot auraient pu concourir à la médaille d’or lors des prochains Jeux Olympiques. C’est devenu sous Macron un art diplomatique à part entière. Car il faut bien être un champion du monde de l’aplaventrisme pour aller à Alger, accepter d’être reçu par un fonctionnaire de second plan, et ne rien obtenir pour autant. Ni la libération de Boualem Sansal ni les visas de retour pour les OQTF indésirables en France.

Et Non, Monsieur Barrot, désolé de vous contredire, Boualem Sansal ne doit pas être libéré car il serait âgé et atteint d’un cancer. Il devrait tout autant être libéré s’il était jeune et en pleine santé car il est tout bonnement innocent. Boualem Sansal est simplement un otage. Le régime algérien l’a jeté en prison pour exercer un chantage, un moyen de pression sur la France, pour se venger, pour nous faire mal.

Doit-on négocier avec les preneurs d’otage ? Peut-être, mais il faut alors des résultats concrets et appeler un chat un chat. Si nous n’obtenons rien, alors cette visite n’était pas une mission, c’était une humiliation !

Et là, force est de reconnaître que le Ministre Barrot est revenu les mains vides et continue de mal nommer les choses.

Mais Barrot avait-il véritablement prévu de sauver Boualem Sansal en allant à Canossa ? Quel aurait été sinon son objectif réel ? Rétablir une communication de gouvernement à gouvernement avec l’Algérie ? Eviter son pouvoir de nuisance dans les « quartiers » en France ?

Si Boualem Sansal est très vite libéré, il nous faudra applaudir le Ministre Barrot, qui en mettant sa belle robe de bure, comme le fit le roi des Romains Henri IV en allant voir le pape Grégoire VII, en visite à Canossa, aura obtenu l’essentiel. Mais si cela n’arrive pas très vite, très très vite, nous ne pourrons que regretter cette nouvelle erreur, importante, d’appréciation du Quai d’Orsay et du responsable de notre politique étrangère, Emmanuel Macron. Le Président avait sommé Bruno Retailleau de se taire sur les OQTF comme sur le dossier Boualem Sansal, en se disant fort habile en la matière, mais il avait dû oublier que le pouvoir algérien avait cent ruses dans son sac.

Quoiqu’il en soit, les Français ne sont pas simples spectateurs de ce qui se passe dans le dossier Boualem Sansal, ils ne sont pas impuissants. A défaut de courage à l’Elysée, les Français peuvent montrer qu’il reste une conscience en France. Ils peuvent régulièrement manifester pour sa libération et son retour en France. Dans ce combat, chacun n’est qu’un colibri, mais nous savons que l’union des colibris peut éteindre un incendie !

Alors faisons-nous entendre de notre gouvernement. Manifestons pour qu’il obtienne la libération de Sansal, quoi qu’il en coûte !

Lisons le magnifique ouvrage collectif « Pour Boualem Sansal » dirigé par Pascal Bruckner et Michel Gad Wolkowicz aux éditions David Reinharc.

Méditons la pensée de la soixantaine d’auteurs qui se sont remarquablement exprimé dans ce livre, de Elisabeth Badinter à Alain Finkelkraut, de Manuel Valls à Bruno Retailleau, de Mohamed Sifaoui à Najwa El Haité, de Boris Cyrulnik à Daniel Sibony. Diffusons et partageons leurs écrits. Engageons-nous dans ce combat pour la libération de Boualem Sansal !

La force de notre engagement donnera peut-être du courage à notre président. Boualem, en arabe, signifie porte-drapeau. Sansal est devenu le porte-drapeau de nos valeurs républicaines. Hissant haut le drapeau de la République, cela donnera du courage à chacun.

Lui qui a eu peur de manifester contre la haine des juifs, au milieu du Peuple de France, après la tentative de génocide du 7 octobre, aura, qui sait, la force d’exiger la libération de Boualem Sansal, quoi qu’il en coûte, et remettre à plat, en repartant d’une page blanche, toutes nos relations avec l’Algérie, cette ancienne province ottomane, devenue un temps département français, et aujourd’hui pays souverain.

Lui qui exigeait une coalition contre les barbares islamistes du Hamas le matin, un cessez-le-feu le soir. Lui qui propose la reconnaissance d’un état palestinien alors que tous les otages pris le 7 octobre 2023 n’ont toujours pas été libérés. Dans le monde selon Macron, on remercie les preneurs d’otages et les assassins du premier bébé otage au monde, le petit Bibas, sans rien demander au pays victime d’un véritable pogrom ! Si la solution aux problèmes du monde arabe était le retour aux frontières de 1967, pourquoi les pays arabes ont-ils donc attaqué Israël en 1947-48 et en 1967 ? Sinon pour remettre en cause, sans cesse, le droit légitime d’Israël à exister !

Lui qui, quand le Hezbollah envoie un missile sur Israël, et qu’Israël élimine les terroristes responsables de ce tir, condamne Israël et n’a pas le courage de condamner le Hezbollah. Lui le champion du monde toute catégorie de l’aplaventrisme encore dans son dernier voyage en Egypte. A force de plier, notre diplomatie pourra toujours ramper…

Si le Président Macron n’obtient ni la libération de Boualem Sansal ni l’expulsion des OQTF, que restera-t-il de Macron sinon un triste destin à la Villepin ! Macron clamait que nous étions en guerre lors de la Covid, il clame que nous sommes en guerre au sujet de l’Ukraine. Macron, ce fier guerrier en temps de paix qui a peur du moindre combat à mener…

Mais s’il a peur d’être à la tête du combat contre la haine des juifs, s’il a peur de mener le combat pour la libération de Boualem Sansal, s’il a peur de nommer les terroristes comme tels, que restera-t-il de son mandat ? Il restera dans l’histoire comme celui qui a eu peur, qui a tout cédé, même notre honneur, et qui a tout perdu !

 

Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers