La chronique de Patrick Pilcer
12H09 - lundi 18 novembre 2024

Le budget des mauvais choix. La chronique de Patrick Pilcer

 

Michel Barnier et son gouvernement ne peuvent être tenus pour responsables ni de l’état désastreux de nos comptes publics, quoiqu’en dise Bruno Le Maire, ni des choix faits par l’administration dans l’élaboration du Budget initial.

 

Par contre, ils sont entièrement comptables des arbitrages faits depuis octobre.

Michel Barnier en clôture du 93e congrès de l’association Départements de France.

Michel Barnier avait sollicité les parlementaires comme les Français. Il leur avait demandé de proposer des idées. Force est de constater qu’il ne tient pas vraiment compte des propositions qui lui remontent. Pire, il donne le sentiment de faire à chaque fois les mauvais choix.

L’exemple le plus flagrant est bien sûr sur le coût du travail, même si la hausse des cotisations sur les salaires devrait finalement, et heureusement, être rejetée par les sénateurs.

Plutôt que d’augmenter les charges salariales et patronales, Michel Barnier et son gouvernement devraient étudier et retenir les propositions de hausse de TVA et d’exonération de CSG sur les salaires et retraites. Cela redonnerait du pouvoir d’achat aux faibles revenus du Travail tout en dopant les recettes de l’Etat.

Améliorer le pouvoir d’achat de la France qui travaille, n’est-ce pas la boussole qui devrait guider Michel Barnier et ses ministres ? Le refus actuel du gouvernement de retenir cette idée, sans l’étudier véritablement, ressemble plus à une attitude dogmatique, loin de l’ouverture d’esprit qu’affichait Michel Barnier lors de son entrée en fonction.

Il en est de même de cette nouvelle idée d’augmenter les « frais de notaire » lors d’acquisition immobilière pour renflouer les caisses des collectivités locales.

Augmenter les droits de mutation, dans un contexte de crise extrêmement forte du secteur de la construction et de l’immobilier, semble quelque peu hors sol. Non seulement, s’il y a peu de ventes immobilières, cela rapportera peu, mais en plus cela ne fera qu’aggraver la crise.

L’erreur avait été, bien sûr, de supprimer la taxe d’habitation, une taxe qui rapportait gros aux Collectivités, et qui symbolisait un lien fort entre tous les habitants et le financement des services publics dont ils bénéficient. En supprimant cette taxe, seuls les propriétaires paient, et les locataires ne contribuent plus du tout. Une aberration démocratique.

 

Michel Barnier et son gouvernement devraient pourtant savoir qu’on ne corrige jamais une erreur par une autre erreur… D’autant qu’une grande partie de la solution budgétaire pour les collectivités locales et territoriales repose sur la baisse des dépenses, sur l’écrasement du « mille-feuille » territorial, une cure d’austérité indispensable, et non sur une hausse des taxes.

 

Monsieur le Premier Ministre, faites confiance à la grande sagesse des sénateurs. Étudiez en profondeur leurs amendements. La Chambre Haute est bien loin du cirque actuel du Palais Bourbon. Elle est l’honneur de notre République et mérite mieux qu’un passage en force ou que le dogme du 49-3 comme solution à tout blocage parlementaire.

Bâtir un budget pour la Nation est avant tout un effort de co-construction. Ce n’est ni la foire au bricolage ni le pied à fond sur l’accélérateur dans une impasse vers le mur droit devant.

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les Ministres, on peut tout construire ensemble, même l’avenir…

 

Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale