Edito
22H15 - lundi 23 décembre 2024

Manuel Valls aux Outre-mer, une chance pour la France ! L’édito de Michel Taube

 

La nomination de Manuel Valls à la tête du ministère des Outre-mer, presque tout en haut de l’ordre protocolaire du nouveau gouvernement de François Bayrou au regard de son ancienne fonction de premier ministre, est une bonne nouvelle pour nos compatriotes ultramarins et, pour tout dire, pour tous les Français.

Certes, Manuel Valls a quelque peu erré ces dernières années entre ses attaches espagnoles catalanes et ses différends notoires avec Emmanuel Macron auquel il avait disputé la succession de François Hollande en 2016, avant de rejoindre (trop tardivement) le camp présidentiel au début de la décennie Macron.

Mais les Outre-mer parlent à Manuel Valls ! L’animal politique a commencé sa carrière politique en étant jeune conseiller au cabinet d’un certain Michel Rocard, alors Premier ministre de la République française, qui avait orchestré de main de maître la signature des accords de Nouméa en 1989, lesquels avaient offert une perspective à la Nouvelle-Calédonie dans la République française.

En 2017, le même Manuel Valls, redevenu simple député de la nation, avait présidé une mission parlementaire d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

Enfin, l’ancien premier ministre avait eu des mots très durs mais fort pertinents contre Emmanuel Macron en novembre dernier dans une interview au vitriol donnée au Parisien pour dénoncer la façon dont l’exécutif avait géré l’embrasement de la Nouvelle-Calédonie en mai dernier.

Avec Manuel Valls aux Outre-mer, flanqué d’un Gérald Darmanin à la justice et d’un Bruno Retailleau à l’intérieur, c’est l’assurance que l’ordre public et la sécurité reviendront au plus vite dans nos chers Outre-mer qui en ont bien besoin !

Mais surtout, ce dont les Outre-mer ont besoin cruellement, c’est d’être représentés au plus haut sommet de l’Etat avec la force et la vigueur qu’exigent les intérêts, les urgences et les espoirs de nos compatriotes ultramarins.

Manuel Valls est un fin politique, un homme à la volonté chevillée au corps ! Et les Outre-mer seront représentés haut et fort par un ministre qui saura peser de tout son poids pour défendre les intérêts des Ultramarins.

Les dossiers urgents se bousculent et menacent la République française de déstabilisation dans les Outre-mer.

 

Photo Michel Taube

Rebâtir Mayotte ? Comme nous le confiait la sénatrice Micheline Jacques, élue de Saint-Barthélémy et aujourd’hui présidente de la Délégation aux Outre-mer du Sénat, il serait temps que les préconisations du rapport Magra (du nom de l’ancien président de la même Délégation) pour prévenir les catastrophes naturelles dans les Outre-mer soient enfin appliquées et qu’un Délégué interministériel à la reconstruction de Mayotte, en poste pour 5 ans, soit nommé au côté de Manuel Valls.

Remettre la Martinique sur le chemin du développement économique et social ? Il est urgentissime que l’Etat accomplisse sa promesse financière d’abonder l’accord historique du 16 octobre signé par toutes les parties en Martinique pour faire baisser les prix de 20% en moyenne sur les étals du territoire. Le gouvernement peut débloquer par décret les 11 millions d’euros attendus avant que le budget de la nation pour 2025 confirme cette décision fort attendue.

Mieux encore, Manuel Valls pourra s’enquérir au plus vite auprès de Gérald Darmanin, nouveau ministre de la justice, des raisons pour lesquelles les 800 plaintes déposées par des entrepreneurs victimes d’exactions, de menaces, d’incendies et de violences commises par des fauteurs de troubles emmenés par Rodrigue Petitot et ses affidés, n’ont pas encore été instruites par la justice en Martinique. Il y a urgence à remettre de l’ordre pour le plus grand bien des familles et des entreprises de Martinique.

Enfin, il y a le sort de la Nouvelle Calédonie : le caillou calédonien est en grande souffrance économique, sociale et institutionnelle. Manuel Valls devra puiser dans les souvenirs de son mentor Michel Rocard pour trouver les mots, les voies et les moyens d’y rétablir ordre et justice dans le cadre de la République.

Manuel Valls le sait-il seulement ? La France, dont tous les jours on se dit qu’elle est au bord de l’abîme, risque de sombrer par la perte possible de ses Outre-mer si Paris et la nation ne prennent la mesure de la situation.

Le sens de la présence aux Outre-mer d’un homme qui avait, et qui a toujours certainement, une ambition pour la France, c’est au fond de rappeler cette évidence : la France ne serait plus la France sans ses Outre-mer.

 

Michel Taube

Directeur de la publication