Retrouvez Patrick Pilcer dans le prochain Live Opinion Internationale jeudi 15 octobre 2020 de 19h à 20h30 sur Zoom. Programme et inscription ici.
Le Ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a raison de changer le nom de la loi dite contre les séparatismes pour opter pour une loi renforçant la laïcité et les principes républicains. Comme le disait très justement le Prix Nobel Albert Camus, mal nommer les choses ajoute au malheur du monde. Attention en effet à ne pas prendre les mots pour des idées, attention à ne pas se tromper de voie…
Les islamistes radicaux, l’islam politique, que vise implicitement et explicitement ce projet, ne souhaitent pas tant se séparer de la France, ils souhaitent surtout soumettre leurs voisins, leurs coreligionnaires, leur cité, puis la France à leur projet politique. Leur ennemi, c’est bien la République. Et pour défendre la République, il convient en effet de renforcer, je dirais plutôt bien utiliser, son bouclier, la Laïcité.
La Laïcité est l’un des quatre piliers qui permet à la République de tenir, avec la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Xavier Bertrand a d’ailleurs amplement raison de vouloir transformer notre devise en Liberté Egalité Fraternité Laïcité, et rendre ainsi explicite, visible, ce quatrième pilier si vital, si fondateur de notre République.
Mais il faut que le gouvernement aille un peu plus loin. Il ne suffit pas de dire, par exemple, instruction obligatoire à l’école dès 3 ans. Encore faut-il que ce soit dans une école laïque ! s’il s’agit de mettre les jeunes enfants dans des écoles confessionnelles, avec en plus un financement de l’Etat, ne renforce-t-on pas le « séparatisme » que l’on cherche à combattre ?
De plus en plus de parents d’élèves sont contraints de retirer leurs enfants des écoles de la République pour les mettre dans le privé. En Seine Saint Denis, dans le 9-3, est-il possible pour un enfant de confession juive d’aller à l’Ecole Publique sans la peur au ventre en 2020 ? Est-il possible pour des parents qui souhaitent un cadre le plus propice possible à une bonne instruction de choisir une école publique plutôt qu’une école privée ? Se poser la question, c’est y répondre. Que fait le gouvernement ? pas grand-chose ! Le gouvernement pourrait commencer par ne plus financer et ne plus subventionner que les écoles publiques et arrêter toute subvention et financement pour l’enseignement privé, confessionnel ou non.
Si nous séparons les enfants, dès le plus jeune âge, par l’école, nous allons droit dans le mur, en accélérant. Il nous faut au contraire recréer les conditions d’un enseignement laïque et républicain. Laïque bien sûr, pas laïc. Laïc, c’est ne pas relever du clergé. Laïque, c’est être indépendant des confessions religieuses, des organisations religieuses ; et c’est bien l’enseignement laïque qu’il faut défendre et renforcer. Commençons donc par renforcer l’Ecole de la République, terreau du Vivre Ensemble. Il n’est pas républicain de séparer les enfants. Et si certains élèves se montrent violents envers d’autres élèves ou envers leurs professeurs, ce ne sont pas aux victimes de quitter l’école républicaine. Ce sont les « sauvageons » qu’il faut corriger, voire exclure ; ce sont leurs parents qu’il faut sensibiliser, quitte à leur supprimer les allocations familiales. Aux « sauvageons » d’avoir peur. Comme disait Charles Pasqua, qui souhaitait terroriser les terroristes, il faut que la peur change de camp.
Il faut à présent des actes. Les belles paroles ne sont plus suffisantes. Et le gouvernement peut agir pour renforcer la laïcité et les principes républicains. Il doit renforcer l’Ecole et reconquérir les territoires perdus de la République. Qu’a fait l’Etat depuis ce constat tragique dressé en 2002 ? Qu’ont fait les Présidents Chirac, Sarkozy puis Hollande ? Le Président Macron, au moins nomme enfin les choses. Mais il ne doit pas se contenter de mots…
Il peut aussi, enfin, mettre fin au Concordat, en Alsace Moselle, anachronisme qui doit trouver à présent son terme. Le gouvernement serait bien inspiré d’y mettre fin à l’occasion de ce projet de loi. Il montrerait aussi ainsi qu’il ne vise pas l’Islam mais souhaite vraiment renforcer la Laïcité, partout en France. Le gouvernement pourrait aussi reprendre une des propositions du Mouvement Radical, Parti de la République s’il en est, et supprimer quelques jours fériés liés à l’agenda chrétien, comme le lundi de Pâques ou de Pentecôte, le jeudi de l’Ascension, et, en même temps, rendre férié le 9 décembre, jour de la Laïcité. Et si le gouvernement ne le fait pas, le Parlement pourrait montrer qu’il a une utilité en insérant et en votant ces propositions.
Patrick Pilcer
Conseil et Expert sur les Marchés Financiers
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