Tous les sujets sont bons pour que les présidentiables s’approprient la culture française, critiquent (en bons Français) et défendent leur bout de gras. Enfin… pas trop gras si l’on en croit les écologistes qui crient au scandale lorsqu’un Roussel prône vin, viande et fromage de qualité. Il aurait pu ajouter le pain. Car n’en déplaise à ceux qui cherchent à tout prix un moyen de se valoriser en introduisant un faux débat : pinard, claquos et baguette représentent admirablement notre pays. Celui dont de Gaulle disait qu’il était ingouvernable puisqu’il comprenait plus de variétés de fromages que de jours dans l’année, celui dont la culture du vin représente 500 000 emplois directs ou indirects, celui dont on vante la qualité et la variété de sa cuisine, partout dans le monde. Aujourd’hui encore, les chefs de toute la planète viennent se former dans les cuisines de nos étoilés.
Nos chers politiques, encore eux, n’ont pas réussi à faire classer la gastronomie française à l’UNESCO (contrairement au Mexique… au Mexique !!), et se sont contentés d’un prix Poulidor en faisant répertorier le « repas gastronomique des Français ». Maigre consolation. Il est donc bien temps aujourd’hui d’être fiers de notre patrimoine, qui comporte aussi bien le cochon dans tous ses états que le foie gras, le cassoulet, le coq au vin, l’aligot, la blanquette, la tartiflette pour ne citer que quelques plats traditionnels. Et sans oublier les ajouts qui, naturellement, se glissent dans notre cuisine au fil du temps, au gré des épices et des modes, tels le couscous ou la pizza que nous accueillons à bras ouverts.
La table est faite pour rassembler, pour partager, pour échanger, non pour diviser. La polémique est vaine et tous ceux qui prônent un véganisme de bon ton politique ou le bannissement de certains produits, feraient mieux de s’occuper des vrais problèmes qui secouent notre société.
La mèche a été allumée par la nomination d’Emmanuel Macron en tant que personnalité de l’année de La revue du vin de France. Et pourquoi pas ? Les exportations de vins représentent 13 milliards d’euros chaque année. Par le biais de son ambassadeur de la gastronomie, Guillaume Gomez, le Président a également prolongé « l’année de la gastronomie » à 2022, pour pallier aux perturbations dans le milieu de la restauration (notamment) de 2021. Ce secteur représente d’ailleurs 87 milliards d’euros de chiffre d’affaires et est le 5ème pourvoyeur d’emplois…
Certes les restaurants étoilés ne sont pas accessibles au plus grand nombre, de même que la haute couture n’est réservée qu’à quelques-uns. Mais dans les deux cas, les plus grandes marques, les plus grands chefs font descendre leur créativité dans la rue, grâce au prêt-à-porter ou au bistrot. Fleurons de la culture française qui permettent encore à notre beau pays de rayonner à l’international, il serait peut-être temps d’arrêter de nous tirer une balle dans le pied et d’embrasser les signaux positifs : s’attabler autour d’une côte de bœuf arrosé d’un verre de rouge et même — ne soyons pas sectaire — d’une soupe de légumes avec un verre d’eau, en font partie.
Deborah Rudetzki